rentrer
à la nuit
au logis
allumer
éteindre voir
la nuit voir
collé à la vitre
le visage
( Extrait de "mirlitonnades", 1976-1978 )
Que ferais-je sans ce monde sans visage, sans questions,
Où être ne dure qu’un instant, où chaque instant
verse dans le vide, dans l’oubli d’avoir été,
sans cette onde où à la fin,
corps et ombres, ensemble, s’engloutissent.
Que ferais-je sans ce silence gouffre de murmures,
haletant furieux vers le secours, vers l’amour,
sans ce ciel qui s’élève sur la poussière de ses lests.
Que ferais-je ?
Je ferais comme hier, comme aujourd’hui,
regardant par mon hublot si je ne suis pas seul
à errer et à virer loin de toute vie,
dans un espace pantin, sans voix parmi les voix enfermées avec moi.
pas à pas
nulle part
nul seul
ne sait comment
petits pas
nulle part
obstinément
23e « mirlitonnade 1976-1978 », p. 43.
écoute-les
s'ajouter
les mots
aux mots
sans mot
les pas
aux pas
un à
un
(extrait de "Mirlitonnades") - p.36
que ferais-je sans ce monde sans visage sans question
où être ne dure qu'un instant où chaque instant
verse dans le vide dans l'oubli d'avoir été
sans cette onde où à la fin
corps et ombre ensemble s'engloutissent
que ferais-je sans ce silence gouffre des murmures
haletant furieux vers le secours vers l'amour
sans ce ciel qui s'élève
sur la poussière de ses lests
que ferais-je je ferais comme hier comme aujourd'hui
regardant par mon hublot si je ne suis pas seul
à errer et à vivre loin de toute vie
dans un espace pantin
sans voix parmi les voix
enfermées avec moi
je suis ce cours de sable qui glisse
entre le galet et la dune
la pluie d'été pleut sur ma vie
sur moi ma vie qui me fuit me poursuit
et finira le jour de son commencement
cher instant je te vois
dans ce rideau de brume qui recule
où je n'aurai plus à fouler ces longs seuils mouvants
et vivre le temps d'une porte
qui s'ouvre et se referme
chaque jour envie
d'être un jour en vie
non certes sans regret
un jour d'être né
vive morte ma seule saison
lis blancs chrysanthèmes
nids vifs abandonnées
boue des feuilles d'avril
beaux jours gris de givre
musique de l'indifférence
cœur temps air feu sable
du silence éboulement d'amours
couvre leurs voix et que
je ne m'entende plus
me taire
le nain nonagénaire
dans un dernier murmure
de grâce au moins la bière
grandeur nature