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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ils sont près de 500 000 à être venus en France pour fuir les violences de la Guerre d'Espagne. Et pourtant, on la connaît mal, cette guerre. Dans son style si facile à lire, Antony Beevor remédie à cela.
La tâche n'est cependant pas aisée : il s'agit bien d'une guerre civile impliquant plusieurs idéologies, partis politiques et nations étrangères. Les principaux protagonistes ont (évidemment !) tous des noms espagnols qu'on a du mal à mémoriser et distinguer. Comme tout livre d'histoire, davantage de cartes auraient aidé à la compréhension.
On apprendra ici les causes premières du conflit (chute de la royauté, crise économique, etc.), son déroulement (aides internationales accordées et refusées à un camp ou à l'autre, stratégies, etc.) et ses conséquences (répression, diaspora, etc.).
Avec l' "aide" stratégique soviétique, d'une stupidité et d'une brutalité sans nom, les Républicains ne partaient pas gagnants. de plus, les peurs d'un état communiste en Europe de l'ouest et de froisser l'Allemagne nazie ont bloqué l'aide des démocraties chrétiennes (France, Royaume-Uni, USA). de leur côté, les Nationalistes ont bénéficié d'une aide efficace de l'Allemagne (et un peu moins efficace de l'Italie) et de l'expérience militaire de ses dirigeants.
Pour résumer la thèse de Beevor : ce n'est pas vraiment Franco qui a gagné, mais plutôt la République qui a perdu...
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Antony Beevor, né en 1946, est à la fois un officier (formé à Sandhurst, le St Cyr britannique), un historien rigoureux, capable d'explorer les sources les moins accessibles, et un journaliste apte à dégager les faits essentiels pour faire comprendre une situation complexe.

Dans ses ouvrages consacrés à la Seconde guerre mondiale, à Stalingrad, à Berlin, à Paris libéré, ainsi qu'à l'Espagne de la guerre civile, il ne se place pas du point de vue des gouvernants ou des chefs, mais de celui des hommes, des femmes, des enfants souvent broyés par des décisions prises en haut lieu, sacrifiés à la gloire de machos sans scrupules (Hitler, Staline, Franco, Negrin, etc…) et de leurs arrangements politiques.

Comme tous les historiens de l'Espagne, il analyse les raisons du retard économique et social accumulé au XIXème siècle, mais il va plus loin en décrivant la véritable haine sociale, culturelle, religieuse, qui oppose patrons, propriétaires terriens, mineurs, ouvriers agricoles et industriels, clergé catholique et intellectuels francs-maçons.

C'est cette haine qui produira, dès le 18 juillet 1936, une « guerre des deux Espagne », commençant par un grand massacre de ceux qui représentent localement l'ennemi, et tout simplement de ceux qui se trouvent au mauvais endroit au mauvais moment. Avec ces 200.000 morts, la guerre ne pourra plus être arrêtée.

La classe ouvrière européenne (et américaine) exprime sa solidarité en s'engageant dans les Brigades internationales, dirigées par les Communistes, qui auront 10.000 morts au combat. Parmi les Etats, seul le Mexique du Président Cardenas agira pour la République. L'URSS de Staline le fera aussi, mais en subordonnant son action à ses intérêts, notamment à la fin de la guerre.

Pourquoi les grandes démocraties de l'Europe occidentale, le Royaume Uni et la France, ainsi que les Etats Unis, ont-ils refusé leur aide, pour l'équipement au moins, au gouvernement légitime de l'Espagne, appliquant une politique de non-intervention alors que les troupes de l'Allemagne nazie et de l'Italie fasciste étaient déployées en Espagne ?

L'image communiste et anarchiste de la République y a été pour quelque chose, de même que les intérêts économiques anglais en Espagne, ou la faiblesse de la majorité de Front populaire en France, ou encore les manoeuvres du lobby catholique au Congrès américain.

Pourquoi la République a-t-elle perdu la guerre ? Beevor démontre que, quelle que soit la bravoure et l'esprit de sacrifice de ses combattants, la République a été constamment inférieure en termes d'armement (artillerie, blindés, aviation de chasse et de bombardement), de stratégie et de tactiques d'emploi (grandes offensives frontales mal coordonnées donc sanctionnées par des pertes énormes) et même d'intendance (faute d'organisation, les soldats de la République souffraient de froid et de faim).

A cet égard, la chute de la République espagnole était une leçon pour les démocraties : les tactiques aériennes et terrestres du corps expéditionnaire allemand (Légion Condor) préfiguraient celles qui seraient employées en 1940 contre la Grande-Bretagne et la France.

Mais, pas plus que la République espagnole, elles n'ont compris ce qui les attendait.

Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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