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Critique de Charybde2


Sous l'oeil d'observateurs blasés et pourtant bien curieux, une reconstruction patiente et différente après avoir frôlé l'effondrement final de la civilisation sous l'effet du réchauffement climatique. Une belle trajectoire parabolique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/10/19/note-de-lecture-le-premier-jour-de-paix-elisa-beiram/

Pas de note de lecture proprement dite pour ce deuxième roman d'Elisa Beiram, publié chez L'Atalante en août 2023 : je signe en effet à son sujet un bref article dans le Monde des Livres du jeudi 5 octobre daté vendredi 6 octobre (à lire ici). En revanche, comme il est désormais de coutume en pareil cas, quelques remarques supplémentaires en forme de note de bas de page :

🛶 On note ces derniers temps l'apparition de plus en plus fréquente et intéressante de situations de « near miss » : non plus des apocalypses franches et massives, mais plutôt des effondrements évités de justesse, avec des dégâts souvent extrêmement importants, mais pas d'extinction ou quasi-extinction (et puis on opère dans l'immédiateté de la situation, pas dans son lointain souvenir, comme dans les si troublants « Enig Marcheur » ou « Un cantique pour Leibowitz », bien sûr). Au lieu des simples conditions de survie (ou non) traditionnellement liées au (sous-) genre post-apocalyptique, on assiste ainsi à une captivante floraison de modalités concrètes de reconstruction, en « faisant avec » mais en essayant dans la mesure du possible de « bâtir autrement ». On avait ainsi lu avec intérêt récemment (même si l'humour noir et le sens de l'ironie du sort y tenaient sans doute davantage la vedette) le « Camp Zéro » de Michelle Min Sterling, et on avait passionnément dévoré l'ambitieux et intelligent « Eutopia » de Camille Leboulanger. Ce « Premier jour de paix » entre décidément en résonance avec cette préoccupation contemporaine.

🕊️ Ce roman est aussi une formidable réflexion, au plus près du terrain, fût-il imaginaire, sur la fonction de médiation et de diplomatie, à tout un tas de niveaux. Si les grands récits de science-fiction anthropologique tels ceux d'Ursula K. Le GuinLa main gauche de la nuit », 1969), d'Eleanor ArnasonA Woman of the Iron People », 1991 – enfin traduit ces jours-ci en français par Patrick Dechesne chez Argyll sous le titre « Les Nomades du Fer ») ou de Mary Doria Russellle moineau de Dieu », 1996) avaient su magnifier – ô combien ! – des personnages investis de cette mission, leur présence en science-fiction « ordinaire » ou « générale » était nettement plus ténue (même si on doit noter une impressionnante exception avec la transformation du personnage-titre d'Orson Scott Card entre « La stratégie Ender » et « La voix des morts »). Peut-être sous l'effet de la progression d'une envie de bienveillance et d'éclat solaire en matière de science-fiction ces derniers temps (que l'on songe évidemment au « Psaume pour les recyclés sauvages » de Becky Chambers, par exemple), il me semble que médiation et diplomatie sont désormais davantage mises au premier plan et scrutées – et c'est diablement intéressant.

🔭 Enfin, l'utilisation de la figure tutélaire de l'observateur extérieur (très extérieur, ajouterait-on tout de suite en faisant semblant de ne pas vouloir spoiler), si elle suscite ici quelques maladresses techniques qui font un peu claudiquer par instants le roman (mais qui de mon point de vue en renforcent plutôt le véritable intérêt, celui que peinent souvent à créer des textes plus soigneusement lissés), tire tout le parti de la métaphore de l'altérité par excellence que constitue l'extra-terrestre, retournée ici comme l'avaient pratiqué avec tant de brio le David Brin du foisonnant et décisif cycle « Élévation » (1980-1998) ou, avec une dose supplémentaire de véritable humour noir, le Steven Erikson de « Réjouissez-vous » (2018).
Lien : https://charybde2.wordpress...
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