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EAN : 9791028121402
Bragelonne (05/04/2023)
2.96/5   13 notes
Résumé :
Amérique du Nord, 2049 : les températures atteignent des niveaux intolérables, l’industrie pétrolière s’est effondrée et chaque enfant est doté d’un implant lui permettant de rester connecté en permanence. Les plus fortunés habitent dans la Cité flottante, une île artificielle, tandis le reste de la population continentale lutte pour survivre. Embauchée comme hôtesse dans un club très privé de la Cité, Rose pense se diriger enfin vers un avenir meilleur.

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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Y aura-t-il encore de l'air dans le Grand Nord ? Une fable climatique endiablée et rusée, aux confins de l'intime et de l'économique.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/07/02/note-de-lecture-camp-zero-michelle-min-sterling/

Pas de note de lecture proprement dite pour ce premier roman de Michelle Min Sterling, publié en avril 2023 et traduit simultanément en France chez Bragelonne par Claude Mamier, puisqu'il fait l'objet d'un court article de ma part dans le Monde des Livres du jeudi 29 juin (daté vendredi 30 juin 2023), à lire ici. Simplement quelques remarques supplémentaires, donc, plus ou moins en forme de notes de bas de page à l'article suscité proprement dit.

☀️ Michelle Min Sterling utilise un certain nombre de motifs connus du roman d'apocalypse climatique, motifs qui se sont largement répandus dans la science-fiction ces dernières années, longtemps après des précurseurs hautement spéculatifs tels que, naturellement, la « Trilogie climatique » (2004-2007) de Kim Stanley Robinson. Mais elle prend soin de trafiquer fort habilement les marqueurs les plus évidents de la dégradation irréversible pour y inscrire avec force tout autre chose que ce auquel on s'habitue doucement. Son maniement des insertions économiques et féministes au coeur d'intrigues qui n'en prenaient pas d'abord le chemin, tout particulièrement, donne une tonalité bien spécifique – et fort intrigante – à ce « Camp Zéro ».

🔭 Un motif particulièrement rare est ici utilisé avec une belle maestria, celui du commando d'élite entièrement féminin, projeté en pleine toundra subpolaire (mais convoquant ainsi au passage l'imagerie presque ancestrale de la station polaire, avec son cortège de possibilités, de spéculations et d'horreurs potentiellement en gestation – qui n'a pas en tête, instinctivement, en pareil cas, le John Carpenter de « The Thing », par exemple ?). Qu'il ne constitue pas un aboutissement, loin de là, mais au contraire une prémisse particulièrement habile, est tout à l'honneur de l'imagination et du talent de conteuse de Michelle Min Sterling.

⚙️ Alors qu'il est souvent tentant, chez trop d'autrices et d'auteurs, de manier en matière de fiction climatique contemporaine un manichéisme outré mais de bon aloi, Michelle Min Sterling, à l'image rusée et subtile d'un Kim Stanley Robinson (dans la « Trilogie climatique » déjà mentionnée, mais aussi dans « New York 2140 » et dans « le ministère du futur », qui devrait arriver en français cet automne), se garde bien de cet écueil : les « méchants » ne sont pas toujours celles ou ceux que l'on croit, et vice versa, tandis que les gradients de température d'abjection sont par moments renversés, et que la politique (et sa lutte des classes de moins en moins larvée, logiquement) s'insinue – et ô combien à raison – dans les lieux les plus inattendus.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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J'ai adoré l'atmosphère sombre et chargée de tension de cette dystopie féministe. Cette fiction climatique commence tout doucement, on fait connaissance avec les différents personnages, avec ce futur au final pas si lointain (2049) où le smartphone a laissé place au Scope, une technologie implantée directement dans la tête, où l'écologie est au centre de toutes les préoccupations, où l'industrie pétrolière s'est effondrée et où les températures ont atteint des sommets dans certaines régions, rendant le nord du Canada particulièrement attrayant.

Les informations sont lâchées au compte-goutte si bien qu'on avance pas à pas dans le flou total, prenant peu à peu conscience des différents enjeux, des motivations de chacun, ce qui apporte une certaine tension qui ne fait qu'augmenter et dans la seconde moitié du livre tout s'accélère, les masques tombent, les pièces du puzzle s'assemblent et on va de surprise en surprise (sur ce coup-là je n'ai rien vu venir).

Je crois que c'est l'une des premières fois où j'apprécie tous les POV d'un roman. D'habitude il y en a toujours un que j'apprécie beaucoup moins et que j'ai presque envie de passer, mais là pas du tout. Peut-être parce que les différents personnages ont un lien.

J'ai adoré la plume de l'auteure qui a su aborder des thèmes comme le racisme, la prostitution, l'hyperconnectivité, le réchauffement climatique, les inégalités sociales avec justesse.
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Retour à chaud : une intrigue initiale intéressante mais qui aurait pu faire l objet de plus de développements et d un peu moins de rancoeur envers la gente masculine.

En plus :
1 - le caractère multi facette des personnages, leurs développements personnels et la pluralité des profils.
2 - le scénario de fond, sur base d écologie catastrophiste et d une décadence de l humanité sur fond de différence sociale.

En moins :
1- de nombreux passages essayent de démontrer comment les femmes peuvent survivre sans l homme, et la haine que certaines peuvent ressentir. En revanche, je trouve ici que ce point est exagéré et qu une mixité plus partagée sur les profils (à l instar du personnage du barbier) aurait été agréable.
2 - La conclusion.
Les choix des personnages, bien qu expliqués, mériteraient davantage de développements antérieurs. Un épilogue aurait également terminé le récit et ses interrogations.

Je lirai le prochain avec attention.
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Je n'ai pas trop aimé ce roman dont le point de départ (un monde à l'agonie sous les coups de butoirs du climat) est pour le moins stéréotypé même si plutôt bien décrit et l'intrigue ensuite s'avère plutôt plate et prévisible. ça manque de profondeur, surtout les personnages et il manque aussi à ce roman un vrai souffle.... moyen
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une lecture en demie-teinte pour moi, même si l'écriture est fluide et assez simple , je me suis ennuyée dans ce récit , qui à mon sens manque de souffle et de profondeur , le fait que nous nous trouvons en 2049 n'est qu'un pretexte puisque à mon humble avis le roman pourrait se dérouler aujourd'hui . J'ai trouvé le roman assez plat, avec une intrigue très longue à démarrer et par moment je l'ai trouvé aussi trop féministe , il faut arrêter avec le fait de hurler que l'homme en tant quel tel est mauvais et que les femmes sont supérieures et aussi arrêter les lieux communs , un meurtre reste un meurtre , commis par un homme ou une femme!!!! Cette volonté de mettre la femme au-dessus de tous , très présente dans le roman , m'a terriblement gênée, j'ai ressentie comme un besoin de justifié les actes horribles que font certaines personnes dans le récit. En outre , je n'ai vraiment pas réussi à m'attacher aux personnages , aucuns . Je les ai trouvés vides ou alors assez moralisateurs et je déplore le manque de compassion et entraide dans ce roman . Bref une lecture que je vais m'empresser d'oublier .
Lien : https://hub.family29@free.fr
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critiques presse (1)
LeMonde
17 juillet 2023
Michelle Min Sterling déploie dans ce premier roman une intrigue ramifiée, riche en surprises, sur fond d’un réchauffement du globe ayant depuis longtemps dépassé le stade de l’alerte.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Grant est fier d’avoir été embauché sur ses propres mérites. Son père n’a tiré aucune ficelle, n’a appelé aucun ancien condisciple. Sortir de Walden n’a sans doute pas fait de mal sur le CV, mais c’est lui et lui seul qui a écrit – non sans peine – la lettre de motivation expliquant comment il souhaitait « diffuser l’éducation de Walden auprès d’un public n’y ayant pas accès ». Guère original, certes, mais cela lui avait valu de décrocher un entretien vidéo au cours duquel il avait persuadé le recruteur de sa grande capacité à assurer des cours de soutien en littérature anglophone.
N’importe quoi, pense Grant en se vautrant de nouveau sur le lit. Il n’a pas la moindre expérience d’enseignement et se réveille chaque jour à 3 heures du matin depuis deux semaines, hanté par un profond sentiment d’inaptitude. Tous ces braves Canadiens attendant d’être éduqués. Par lui.
Qu’a-t-il à leur apprendre ? Jusqu’à ce jour, il a mené une vie facile. Guidé par des choix faits pour lui avant même qu’il prenne conscience de leur existence. Or se reconnaître avec aigreur comme privilégié n’arrange rien. Il vient d’une famille dont le nom est gravé dans le marbre de la toute première bibliothèque publique du pays. Un nom présent sur des plaques de rue. Sur des lieux de culture. Sur des tours dédiées à la finance. Et, désormais, sur des villes privées bâties avec les fonds familiaux.
« Être un Grimley signifie s’armer contre la jalousie de ceux qui n’en sont pas », assenait souvent son père avant de se lancer dans une longue histoire commentée de leur lignée. Comment les Grimley avaient fait fortune en investissant dans le transport maritime d’opium, de rhum et d’esclaves. Comment, une fois ces marchandises devenues politiquement incorrectes, ils étaient passés au textile, ouvrant des usines célèbres pour la qualité de leurs vêtements en coton et la rudesse de leurs conditions de travail. Suite à de grosses grèves, les usines avaient fermé avant de réapparaître dans des pays où les ouvriers coûtaient moins cher, ce qui avait poussé les Grimley à se reconvertir dans l’immobilier, prenant en main les destinées des quartiers de Back Bay et Beacon Hill, puis plaçant le reste de leurs fonds dans des puits de pétrole situés dans des zones rongées par la guerre et la dictature. Lorsque le pétrole était lui aussi devenu politiquement incorrect, la famille s’était diversifiée dans les énergies vertes et les villes privées, finançant la première Cité flottante dans le port de Boston, sans oublier quelques mines de terres rares. La fortune des Grimley était si colossale, si indiscutable, que le père de Grant n’y songeait même plus en termes monétaires : la famille faisait tout simplement partie de l’histoire américaine.
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Les Fleurs reçoivent leurs noms le jour le plus court de l’année. Six jeunes femmes. De parfaites inconnues. Plantées sur un parking vide, elles attendent d’être enregistrées. La neige a lavé le paysage, recouvert le toit du centre commercial décrépit, l’un des rares bâtiments encore debout le long de cette route gelée.
La dernière Fleur de la file marque un temps d’arrêt pour profiter de l’air glacé. Il fait plus froid dans le Nord qu’elle ne l’aurait cru, avec une neige plus délicate. Elle ôte l’un de ses gants et regarde un flocon disparaître dans la paume de sa main. Elle n’avait jamais vu de neige. Le flocon lui rafraîchit la peau tel un linge humide posé sur un front fiévreux.
Lorsqu’elle atteint à son tour l’entrée du centre commercial, sa nouvelle Madame se présente sous le nom de Judith. Elle ne ressemble en rien à la précédente, qui arborait un caftan en lin et des sandales en vachette. Judith porte une parka fourrée, un pantalon de ski et des bottes à bout ferré, comme si on l’avait engagée pour démolir le bâtiment.
Judith consulte son bloc-notes.
— Tu t’appelleras Rose.
— Rose, répète la Fleur.
Un nom mièvre, sentimental. Un nom de grand-mère gardant toujours de la tarte aux pommes dans le congélateur. Elle avait pensé recevoir l’un des pseudonymes habituels donnés aux filles asiatiques dans l’Anneau, là où elle travaillait auparavant : Jade, Mei ou Lotus. Car qu’importent les stéréotypes, qu’importe qu’elle-même soit coréenne et blanche de peau. Là-bas, dans la Cité flottante, l’appartenance ethnique est une simple marque de fabrique.
— J’aurais aimé que les filles puissent choisir leurs noms, dit Judith en baissant la voix. Mais Meyer préfère cette méthode.
— C’est mon client ? demande Rose d’un ton volontairement désinvolte.
— Il ne veut pas entendre ce mot-là, Rose. Mieux vaut envisager Meyer comme ton partenaire. (Judith ouvre la porte et Rose la suit à l’intérieur du centre commercial.) Bienvenue au Millennium.
Les logements des Fleurs se situent au fond du bâtiment, dans une grande surface pillée depuis longtemps. Des présentoirs à vêtements en métal s’empilent en tas approximatifs et des taches souillent les miroirs destinés aux produits de beauté. Rose perçoit un vague effluve de gardénia artificiel près d’un rayon de parfums où subsiste une pub montrant une femme splendide appuyée sur la poitrine velue d’un mâle. La mère de Rose ne mettait jamais de parfum et l’avait interdit à sa fille. Il fallait exhaler son odeur naturelle, comme la brise salée de la péninsule.
— Ça a fermé quand ? demande Rose.
— Il y a quinze ans. Le premier endroit à baisser pavillon quand les forages ont cessé.
Judith guide Rose vers l’ancienne section des meubles, où les chambres des Fleurs ont été aménagées avec du contreplaqué le long d’une allée pleine d’échos. Chaque porte dispose d’un encadrement lumineux, et Rose entend les autres Fleurs défaire leurs valises derrière les cloisons.
Judith ouvre la chambre de Rose et dépose son unique bagage sur un lit à baldaquin en acajou. Une peau d’ours est étalée par terre, un vieux chandelier en plastique boulonné au plafond. Contre le mur, une coiffeuse avec un miroir et un tabouret rembourré. La pièce empeste le faux cuir humide.
Damien, le client qui l’a envoyée ici, l’avait prévenue que le camp serait rudimentaire, sans pour autant évoquer le squat d’un centre commercial abandonné. Mais il est trop tard pour se plaindre. Elle ne reparlera plus à Damien avant la fin de la mission. Elle bénéficie juste d’un contact dans le camp qui, d’après Damien, se manifestera en temps voulu. Rose se demande un instant s’il s’agit de Judith, puis décide que la femme au bloc-notes est trop franche pour une telle dissimulation.
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Quelques clients de Rose, dans l’Anneau, prenaient leurs vacances au-delà du cercle arctique, dépensant l’équivalent d’une année de son salaire pour naviguer sur un bateau à vapeur au sein de la banquise en débâcle. « Un paradis perdu », avait dit l’un d’eux en lui montrant des centaines de photos de glace bleutée. Il avait ajouté qu’il serait bientôt plus difficile de croiser la route d’un iceberg que de s’envoler pour la Lune.
Les prophéties sur les différentes façons de survivre – et sur qui survivrait – allaient bon train parmi les clients de Rose. Ils discutaient de la manière la plus efficace de préserver leurs richesses en temps de crise. Des banques offshores. Des villes offshores. Leurs obligations souveraines, trop volatiles, converties en or. Fin des investissements dans les combustibles fossiles, remplacés par de l’énergie propre, avec de belles sommes allouées en parallèle à la surveillance des données et à la recherche en cybernétique.
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Elle appréciait la certitude physique des ouvrages, quitte à ce qu'ils sentent un peu le moisi, et préférait lire vautrée sur un tas de gilets de sauvetage orange fluo plutôt que de se connecter à son Scope. Ce qui lui valait d'être souvent ostracisée à l'école. Son fil d'infos était bien dégarni comparé à ceux de ses condisciples, mais elle s'en fichait. Dans les livres, le monde regorgeait de possibilités. Le Scope, lui, ne faisait que recracher ce que mitonnaient entreprises, marques, influenceurs, célébrités, gosses de célébrités, chiens de célébrités et ainsi de suite. Ce qu'elle devait ressentir devant son fil était décidé avant même qu'elle le consulte.
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Une fois au manoir, il trouva des types en smoking descendant des bières dans le salon - les canapés de l'ère victorienne rangés contre les murs - tandis que leurs copines déjà bien éméchées s'écroulaient sur les tapis persans, hauts talons et minijupes de travers. De la musique pop déchirait la nuit. Quelqu'un passa à Grant une bouteille de bourbon, dont il avala une gorgée si vite que l'alcool lui brûla la gorge et lui fit monter les larmes aux yeux. A cet instant, le jeune homme compris. Quel l'université n'était pas une question de livres et d'idées. Qu'il ne s'agissait que d'une lente destruction.
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