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Citations sur Les sirènes du Transsibérien : De Brest à Vladivostok (18)

Le train semble maintenant glisser plus qu'il ne roule. On n'entend plus le tchak, tchak familier des roues qui rencontrent les interstices des rails ni même le moindre choc d'aiguillage. Seule une rumeur sourde résonne comme une mélopée lointaine ne faisant qu'amplifier la torpeur générale du convoi. Le transsibérien est un traineau tiré au petit trot par un couple de rennes qui traversent les steppes de l'Ichim sur des chaussons de velours pour ne pas éveiller le moindre soupçon. Un train passe, non ce n'est qu'un rêve, un mirage.
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La neige était tassée, le sable était lui-même gelé et, me croirez-vous ou non, une sirène enfoncée dans le sol jusqu'à la taille m'offrait sans façon ses deux beaux seins mûrs. Je me suis approché doucement. Ses lèvres dessinaient un sourire qui ne voulait pas dire son nom. Je lui ai demandé comment elle s'appelait. Elle a répondu Yulia, ou Tanya, ou encore Ludmilla, je ne sais plus trop. Tout au long de ce voyage, je n'avais rencontré que des sirènes, alors une de plus ou de moins...
Exceptées des silhouettes trop lointaines pour être menaçantes, j'étais seul sur cette plage. Personne ne pouvait m'empêcher de m'agenouiller au pied de cette sirène pour y boire à ses tétons la sève chaude qui coulait de la pierre. Personne ne pouvait m'empêcher de creuser le corset de neige qui lui enserrait la taille. Le froid ne m'effrayait plus et je n'avais nul besoin de gants.
(...) Puis j'abandonnais la sirène sur la plage de Vladivostok et, de plus en plus confiant et léger, j'avançais à grands pas sur l'océan de glace.
(...) Le chant des sirène se mêlait désormais à celui des baleines qui filaient sous la banquise.
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Ça sert à ça, les trains, partir et revenir, rentrer où s'enfuir. Ça ne sert qu'à ça. Et puis imaginer.
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Les quais étaient presque déserts. Quelques militaires en uniforme attendaient je ne sais quoi, des flics en armes surveillaient je ne sais qui et tous se gelaient les couilles sans faire d'histoire.
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Le 31 mai 1891, le tsarévitch Nicolas, futur Nicolas II, de retour d'une mission diplomatique au japon, pose le premier rail devant une baraque en bois de Vladivostok. C'est parti pour dix ans de galères, de travaux forcés, de privations de froid, de typhus et de choléra. les déportés du rail travaillent par tout temps les fers aux pieds. La condition des ouvriers libres est tout aussi lamentable. Les épidémies déciment les chantiers. les moustiques, la première plaie sibérienne avant le froid, disent les bagnards, attaquent les yeux. on compte des aveugles par milliers. La Croix-Rouge, qui vient d'être récemment créée, ne parvient pas à contrôler la situation et pour couronner le tout, les rapports entre les Sibériens de souche - les Sibiriakis - et les autres, les nouveaux colons et les déportés, ne cessent de s'envenimer. la violence est extrême. Vols, assassinats, viols sont le quotidien de ceux qui vivent autour du Transsibérien. cependant, le Japon menace, les richesses de la Chine attirent et les rails doivent avancer coûte que coûte à la vitesse de deux kilomètres par jour. Qu'importe si le mercure descend sous la barre des 50 °, qu'importe si les marais se brisent à la fonte des glaces emportant ces malheureux et qu'importent les nuées de moustiques assassins, le chantier répond aux objectifs définis par le tsar Alexandre et son ministre des finances, Sergueï Witte, à la tête de cette entreprise qui se transforme en gouffre financier dès les premiers kilomètres. L'empire russe lance un emprunt pour sa modernisation. Les fameux emprunts russes dont nombre de petits épargnants anglais et surtout français se verront plus tard dépossédés par Lénine au motif que ceux-ci étaient les créanciers du Tsar et non du peuple russe.
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Depuis 1896, les Russes avaient déjà construit le Transmandchourien, d'Irkoutsk à Vladivostok, pour raccourcir la ligne de presque mille kilomètres. Les Japonais redoutaient cette intrusion russe qui depuis l'écrasement de la révolte chinoise des Boxers exerçait un protectorat de fait sur la Mandchourie. Mais à la surprise générale, la guerre fut gagnée par les Japonais, voilà pourquoi le Transsibérien passait depuis le long de la rive gauche du fleuve Amour, le mal nommé car en réalité, Amour est un mot bouriate qui signifie « sale ou boueux ». Pour les Chinois, il s'agit du Dragon noir.
L'Amour est le premier fleuve qui se jette dans le Pacifique. Nous venions de franchir la ligne de partage du monde.
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(Juste une petite blague :)
Le Transsibérien roule plein gaz à travers les vastes plaines de l'URSS lorsque soudain, les cheminots freinent à mort. La voie à été sabotée par des contre révolutionnaires. Lénine, qui conduit le train, exhorte tous les passagers à retrousser leurs manches pour remettre au plus vite la voie en état. Comme un seul homme, tout le monde se lève aussitôt pour se mettre au travail avec enthousiasme et en chantant d'une même voix tous les couplets de l'Internationale. En moins d'une heure, la voie est à nouveau libre et le Transsibérien se remet en route vers de nouvelles conquêtes. Hélas, on déplore un autre sabotage quelques milliers de kilomètres plus loin. Cette fois, c'est Staline qui est aux commandes du train. Sans sourciller, il ordonne de fusiller la moitié des passagers, innocents ou non, histoire de démasquer les traitres. Quant aux autres, ils sont condamnés à construire une usine de rails et remettre en état la voie malgré les 50° C en dessous de zéro. Aussitôt dit, aussitôt fait, le train repart à travers la taïga. Nouveau sabotage entre Omsk et Irkoutsk. Le camarade Khrouchtchev, nouveau pilote, malin comme un singe, ordonne alors d'utiliser les rails qui se trouvent derrière pour les reposer devant et ainsi de suite jusqu'à Vladivostok. Cahin caha, notre Transsibérien avance malgré tout à petits pas mais dans la steppe bouriate, plus question d'avancer, un quatrième sabotage bloque toute progression. "Ce n'est rien, dit Brejnev, il suffit de baisser les stores de tous les compartiments et de secouer de temps en temps les wagons. Ainsi, tout le monde aura l'impression que nous continuons à avancer".
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Toutes les migrations s'étaient faites d'est en ouest, les Mongols avaient chassé les Huns qui avaient chassé les Wisigoths qui à leur tour avaient chassé les Francs qui avaient, eux, chassé mes vieux pères les Celtes jusqu'à les repousser à la mer alors pourquoi ce train, et ce train seul, allait vers le soleil levant, filait à l'envers du temps, comme dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.
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Page 272 : A cette heure où le jour commençait à poindre, la neige prenait des reflets d’un rose si délicat que j’avais l’impression de traverser l’anti-chambre du pays des Merveilles. Peu importe la réalité et l’approche qu’on se fait de cette réalité, je peux affirmer que le spectacle qu’il m’a été donné de voir ce matin du 9 février était l’un des plus émouvants auquel j’ai assisté de ma vie. La Sibérie se donnait entièrement à moi, sans fard et sans pudeur, tremblante et nue. Mon Dieu qu’elle était belle.
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(Le Rossia n°2) Il quitte la capitale tous les jours impairs et parcourt en six jours et sept nuits la distance de 9298 kilomètres. C'est le plus grand train du monde qui traverse le plus grand pays du monde, le grand pays blanc. Trente fois la France. Huit fuseaux horaires. Un congélateur de treize millions de kilomètres carrés.
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