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sur 392 notes
COUP DE COEUR

Skender a été légionnaire puis mercenaire. Depuis, il est hanté par ceux qu'il a tués "nos nuits durent plus longtemps que leur agonie." Après des années de galère et de prison il a fini par se retrouver seul, quitté par sa femme Manon qui élève leurs deux fils, Dylan et Jordi. A la dérive, tombé dans la marginalité, il vit maintenant dans la rue.

Un jour il se retrouve face à Max, son sergent devenu son ami, " nous n'étions qu'un, jadis", qu'il n'avait pas revu depuis dix ans.

Max va lui faire rencontrer Madame, une étrange femme passionnée par l'art et par la chasse. Max travaille pour cette femme qui lui a fait découvrir les livres, la musique et la beauté. " Je vois le monde avec mes nouveaux yeux, ceux qui ont appris à regarder plutôt qu'à voir, appris à comprendre, à chercher ce qu'il y a derrière les choses et les gens., qui ont vu le monde en couleurs plutôt que toujours gris". Madame va alors proposer à Skender un marché. En effet la rencontre entre Skender et Max n'était pas le fait du hasard, Max a cherché l'homme assez désespéré pour accepter l'idée folle de Madame. Impossible d'en dire plus si ce n'est que Skender va accepter ce marché, ce duel...

Histoire incroyable d'une partie de chasse très spéciale "entre adultes libres, consentants et exceptionnels", ce roman est constitué de courts chapitres. Sous une forme chorale les voix de chacun s'enchaînent sans aucune fausse note. Nous suivons les pensées de Skender, Max, Madame, Manon, Dylan et Jordi pendant les six mois qui suivent l'accord entre Skender et Madame, nous suivons l'évolution des sentiments de chacun, leurs états d'âme, comprenons les regrets de Skender et son amour pour Manon et ses fils pour qui il n'a été qu'un père disparu, un père absent. "Comment ai-je pu vivre loin d'eux si longtemps? Vivre sans eux ?" L'histoire de chacun nous est révélée au fil des pages, celle de Madame, dévoilée au détour d'un chapitre, nous prend par surprise. Max, Skender et Madame ont chacun un lourd passé et vivent accompagnés d'une cohorte de spectres.
Jusqu'où un homme peut aller pour le bonheur de ses enfants, jusqu'où peut aller le sacrifice? Comment réparer ce qu'on a détruit ? Comment devient-on un père ? J'ai beaucoup aimé cette histoire très originale qui offre de multiples sujets de réflexions. Elle est très bien menée et portée par une écriture percutante. Les personnages ne sont pratiquement pas décrits dans leur aspect physique, ce sont leurs sentiments et leurs réactions, analysés très finement, qui les caractérisent. le suspense est magnifiquement bien entretenu et j'ai tourné les pages intriguée de connaitre l'issue de ce duel cruel.
Cet implacable huis clos entre un nombre restreint de personnages est source de multiples émotions, je suis passée de la colère à l'empathie, de la tristesse à la pitié, j'ai éprouvé de l'empathie pour des personnages détestés quelques chapitres plus tôt. Aucun des personnages ne laisse indifférent mais j'ai eu une tendresse particulière pour Manon et Jordi.
Ce roman est à la fois une histoire d'amour entre un homme et une femme, une histoire d'amour entre un homme et ses enfants, une histoire d'amitié entre deux hommes et l'histoire d'une relation étrange mais finalement émouvante entre Max et Madame. Un roman à la fois sombre et lumineux plein d'humanité.
Cinéaste Lucas Belvaux signe un premier roman très cinématographique qui laisse une trace durable.
A noter le titre parfaitement adapté tellement chaque personnage doit se débattre avec ses tourments.

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Qu'est-ce qui peut amener trois personnes, à priori saines d'esprit, à se lancer dans une chasse à l'homme, au fin fond d'une forêt de Roumanie ?
Qu'a vécu Madame, cette riche héritière veuve qui, sans états d'âme, décide de tenir le fusil ?
Quelle motivation a Max, son garde du corps ancien légionnaire, à recruter un de ses frères d'armes pour en faire une proie ?
Quelle détresse pousse Skender, après un passage en prison à sa sortie de l'armée, à accepter le marché proposé par son meilleur ami ?
On trouvera dans ce roman choral mille raisons à cette stupéfiante chasse. Et de l'amour à la haine comme du regret à l'espoir, c'est toute une palette de sentiments que vont exprimer ces trois êtres en quête d'une rédemption, d'une vengeance ou d'un pardon.
Un roman incroyablement humain qui explore les traumatismes cachés et la foi en une seconde chance avec une telle sensibilité que j'en suis restée sonnée.
Laissant la parole alternativement à ses trois personnages principaux puis à ceux qui les entourent, Lucas Belvaux nous offre un roman au style particulier dans lequel on commence chaque chapitre en se demandant qui va prendre la parole.
C'est du grand art de construire autour d'un sujet à dominance psychologique, une histoire à effet presque filmique et de donner une telle consistance aux sentiments exacerbés des personnages.
C'est profond, émouvant et si glaçant que j'ai tremblé pendant toute cette lecture, hésitant à la terminer de peur de voir arriver l'inexorable fin.

Un auteur qui mérite bien d'avoir été sacré Talent Cultura 2022.
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Un trio vraiment tourmenté ! Skender et Max qui ont sévi ensemble dans la légion se retrouvent une dizaine d'années plus tard. Skender, qui est marié avec deux enfants, a quitté le domicile conjugal pour devenir un poivrot clochard. Max est au service d'une « Madame » riche et passionnée de chasse. Pour assouvir la passion de Madame et lui offrir une occasion de remonter la pente, Max propose à Skender un contrat étonnant ! L'auteur raconte les six mois qui précédent l'échéance du contrat en alternant les points de vue du trio dans des chapitres brefs en mettant le lecteur dans une position d'angoisse permanente qui fait tout le sel du roman. L'évolution psychologique des personnages, coeur de la trame narrative est remarquablement figurée et progressive pour faire planer l'incertitude jusqu'au bout.
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Un premier roman du réalisateur Lucas Belvaux . Un huis clos entre trois personnages principaux : Skender, Max et Madame. Un accord entre eux pour préparer une chasse à l'homme où Skender serait la proie et Madame la chasseuse. Skender et Max sont d'anciens légionnaires qui ont vécu des missions très difficiles, qui ont tué et vu mourir des hommes. Ce sont des hommes cabossés, qui n'ont rien à perdre. Madame est riche et croit que l'argent peut tout acheter. Un point de départ original, des personnages intéressants. Un roman noir très psychologique, une réflexion sur l'amour, l'argent, la dignité. J'ai beaucoup aimé.
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Skender, ex-légionnaire abimé par la guerre est aujourd'hui SDF.
Un jour il est approché par Max, un ancien compagnon d'armes, qui l'emmène chez sa patronne, « Madame », une veuve richissime passionnée de chasse qui propose Skender une coquette somme pour devenir la proie d'une chasse à l'homme.

Skender est pris au dépourvu devant une telle offre. Quelle va être sa réponse à votre avis ?

Je n'en dirai pas plus car je veux maintenir le suspense de ce roman époustouflant qui est un peu passé sous les radars de cette rentrée littéraire et c'est bien dommage.

Il ne s'agit ni d'un polar ni d'un thriller. Ce roman allégorique dépeint avec brio la psychologie de chaque personnage qui va devoir faire face à son passé et interroge sur le rapport à l'argent, à la vie et à la mort.

Haletant et brillant.
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Ce qui est fou avec les livres c'est qu'ils ont le pouvoir de nous bousculer, de nous scotcher, de parfois nous mettre une p****n de grosse claque. Et celle là, je ne l'ai pas vu venir.
Ce livre il m'est arrivé grâce à la magie des @68premieresfois, pourvoyeuses de pépites. J'ai regardé rapidement la quatrième, sans y prêter grande attention, et pour faire une pause dans la rentrée littéraire je me suis lancée. Des les premières lignes, des les premières pages, j'ai senti qu'il se passait quelque chose. Une rencontre intrigante, des personnages un brin mystérieux, et un contrat glaçant de il ne m'en fallait pas plus pour me ferrer et rendre cette lecture haletante et addictive. Et puis l'écriture, sèche, brute. Des phrases courtes, percutantes qui font avaler les chapitres au rythme des pensées des principaux protagonistes que l'on suit pendant 6 mois dans un compte à rebours étouffant.
Alors qui sont ils ces tourmentés? C'est Skender, un quinquagénaire à la dérive. Ancien militaire, ancien légionnaire, il a dégringolé au retour à la vie civile, incapable d'assumer ses rôles d'époux et de père jusqu'à se retrouver à la rue, clochard résigné sans espoir. C'est Max, son ancien frère d'armes, celui qui plusieurs fois lui a sauvé la mise, et qui désormais est dévoué corps et âmes à une mystérieuse patronne, Madame. C'est elle enfin, riche veuve passionnée de chasse, d'un cynisme à toute épreuve et d'une cruauté absolue.
Je n'en dirai pas plus.
Mais je vous dirai que ce roman est d'une finesse psychologique redoutable qui explore une multitude de thèmes. La rédemption, le sacrifice, l'argent, l'amour et la famille, autant de sujets disséqués dans ce roman choral haletant.
Une grosse grosse claque, pour un premier roman. Lucas Belvaux était jusqu'à lors cinéaste et acteur, ancré dans l'image. Il signe avec ce titre une entrée fracassante dans le monde des mots par sa virtuosité à décrire les sentiments.
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Voilà un roman de la rentrée littéraire 2022 que j'ai peu vu passer, et  j'ai été attirée par d'autres sirènes. Mais voilà,  les 68premieresfois ne s'y sont pas trompés et il a atterri dans leur sélection pour le plus grand bonheur des lecteurs et lectrices !

Quel magistral premierroman ! J'ai adoré ❤

C'est un roman choral porté par trois voix principales, Skender, Max et Madame, et deux secondaires,  Manon, ex-femme de Skender et Jordi son fils aîné de 11 ans

Max va présenter Skender à Madame et
tous  trois vont conclure un contrat secret, monstrueux, immoral.

Alors on est sidéré, on se dit non, ils ne vont pas réellement faire ça ?! On est ferré et dans l'impossibilité de lâcher cette histoire complètement folle. On tourne les pages , on espère qu'ils vont à un moment ou à un autre réaliser ce qu'ils sont en train de faire, changer d'avis tant qu'il est encore temps. Et on assiste halluciné aux préparatifs de l'impensable. Ce sont de longs monologues intérieurs qui nous projettent dans la psyché de ces âmes tourmentées.  Entre ombre et lumière,  ignominie et noblesse, de multiples questionnements naissent dans leurs esprits et dans celui du lecteur.
Quelle est le prix de la vie humaine? Jusqu'où peur-on aller pour ses enfants? Quel est le prix de la dignité? de l'honneur ? Peut-on réparer le mal qu'on a fait a ceux qu'on aime ?

D'une plume acérée, sèche, nerveuse, avec des personnages au profil psychologique inouï de justesse, de profondeur et d'humanité, ce roman vous emporte dans une histoire aussi noire que lumineuse qui vous laissera pantelant, jusqu'au dernier moment vous ne saurez pas ( mais vous espérerez beaucoup)..

Lucas Belvaux, acteur et réalisateur belge vient de faire son entrée en littérature avec brio.
Lisez ce roman époustouflant, histoire d'amour et d'amitié, vous ne le regretterez pas !
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Le premier roman du cinéaste Lucas Belvaux est un livre à plusieurs voix. Chaque chapitre fait avancer l'histoire en proposant la vision d'un personnage différent. Cette construction fait penser à de la littérature américaine mais il est agréable de constater l'absence des noms des personnages en tête des chapitres. C'est en lisant qu'on comprend de quelle voix il s'agit. Ainsi, chacun apparaît et prend forme. Cela suppose d'être à l'écoute des points de vue et des personnalités en présence. Progressivement, on voit l'étau se resserrer autour de Skender.
Au-delà de l'intrigue de cette chasse, l'auteur se concentre sur le temps qui s'écoule entre la proposition et sa mise en place. Ces quelques mois sont ceux d'un retour à la vie. Avec la mort comme dernière issue, Skender d'abord, et les autres par la suite, vont se prendre au jeu de la vie. Etre avec les autres, les écouter, se projeter, savourer l'instant présent… Tout cela prend une certaine saveur. On sent les personnages retrouver leur souffle. Skender et Max sortent peu à peu de leurs habitudes de soldat et de ce lien permanent avec la mort. Lucas Belvaux observent cela minutieusement, parfois en se perdant. La tension de l'intrigue, amplifiée par certains passages, se dilue avant l'arrivée de l'ex-femme de Skender et de leurs enfants. Quand le quotidien et la banalité des vies surgissent, alors le roman prend corps. Comme dans ses films, Lucas Belvaux est un observateur attentif des moments simples et des joies anodines, qu'on sait éphémères mais à l'origine de souvenirs inoubliables.
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Il est des livres dont tu sais que tu les achèteras en série pour les offrir ou les recommander ; des histoires qui te hanteront une fois que la dernière page sera refermée.
Ici il y a des hommes, des femmes et des enfants dont on pénètre l'âme et le coeur.
Mais au fond ce ne sont finalement que des personnages secondaires. Ce n'est pas pour rien, sans doute, que chaque chapitre qui s'ouvre par la voix de chacun d'entre eux ne signale pas d'emblée qui prend la parole, comme si la parole, chorale pourtant, était unique.
Car ce qui est décortiqué ici c'est bien le coeur humain dans ce qu'il peut avoir de plus sombre ou de plus lumineux.
Ce qui est en jeu c'est la construction de l'homme, après ses chagrins et ses blessures d'enfant.
Tout est ici dessiné avec pudeur, ces chagrins esquissés uniquement. Mais que l'on ne s'y trompe pas. Autrement dit on ne naît pas monstre.

Et au milieu de tout cela : de multiples questions : quel est le prix d'un homme ? Tous les hommes ont-ils la même valeur ?
Que fait la guerre aux hommes ?
L'amour peut-il sauver les hommes ?

Pas gnangnan. Pas caricatural. D'une justesse absolue.
Une écriture magnifique.

Sublime, vous dis-je.


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Je n'ai pas lâché ce roman, je l'ai lu en une journée. Il est totalement addictif. Un scénario prenant, bien que le thème soit classique et traité sous d'autres angles au cinéma et dans la littérature. Il y a beaucoup de suspens. Les personnages sont bien campés, détruits par la vie et profondément humains.
Il y a peu de personnages : Skender, Manon son ex-femme et leurs deux fils, Max ancien légionnaire, et Madame une richissime femme d'entreprise. Entre les deux ex militaires et Madame va se jouer un drame sordide. Sans oublier le Dieu Money sans lequel cette histoire serait impossible.
Il est dommage que les personnages soient un peu caricaturaux, l'ex-légionnaire qui devient un merveilleux père et mari et la repentance totale de Madame à laquelle je ne crois pas un seul instant, mais le tout est parfaitement bien ficelé et je n'ai pas boudé mon plaisir.
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