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Citations sur Alberto Giacometti et Tahar Ben Jelloun : XXe siècle (9)

En revenant à son atelier à une heure inhabituelle, toutes ses sculptures se figèrent sur place, Giacometti remarqua que des choses étaient déplacées. Il crut un moment qu'un ami de passage avait touché les objets. Quand il se remit au travail il se rendit compte que le visage de Diego sur lequel il travaillait était en sueur. Il prit le chiffon et au lieu d'éponger le front de la sculpture, il le passa sur son propre visage qui était effectivement trempé par la sueur.
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Je ne sais pas si Giacometti a lu Cervantes, mais l'homme qui marche est un double silencieux de Dom Quichotte, pour une fois livré à sa solitude et à ses méditations profondes. Le personnage de cette fiction rejoint son double. Ils marchent l'un à côté de l'autre, ne se disent rien, mais leurs pensées s'agitent et communient à leur insu. De là à ce qu'ils rencontrent sur un chemin désert et gris l'ombre de Kafka, rêvant à l'impossible amour ; il y a juste un peu de hasard.
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Quand les statues de Giacometti marchent, elles ne font pas de bruit.
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Il existe dans la médina une rue si étroite qu'on l'appelle "la rue pour un seul",
Elle est la ligne d'entrée, longue et sombre. Les murs des maisons ont l'air de se toucher vers le haut. On peut passer d'une terrasse à l'autre sans effort. Les fenêtres aussi se regardent et s'ouvrent mutuellement sur des intimités. Si une seule personne peut passer à la fois, il est bien sûr exclu que les ânes, surtout chargés, puissent y trouver passage.
Cette rue est dans ma mémoire, ancrée comme un souvenir vif. J'en parle souvent même si elle est au fond insignifiante.
En observant les statues de Giacometti, j'ai su qu'elles ont été faites, minces et longues, pour traverser cette rue et même s'y croiser sans peine."
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Ce n'est pas le souvenir d'un étonnement marquant ni les traces d'une folie de passage. Le regard des êtres de Giacometti est plus que cela. C'est une mine d'information pour le romancier. Tout le monde se souvient du regard accaparé par l'horreur de cet enfant, future victime des nazis, qui, comme les adultes, lève les mains en l'air et attend. Ce regard est aussi célèbre que la Seconde Guerre Mondiale. Si on devait le sculpter, il faudrait d’abord le traduire, le lire dans sa violence et ce qu'elle implique. Pour cela une simple représentation d'un visage tuméfié par l'horreur n'est qu'une répétition dérisoire du tragique.
C'est par le détour, par la fiction, que cet épisode de la tragédie du XXe siècle pourrait être dit. Je ne sais pas si Giacometti a essayé d'être le témoin de son époque. A mon avis il l'a été pleinement et a été aussi d'une humanité encore plus large et meurtrie dans la vie quotidienne.
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Le prophète Mohamed, le sceau des prophètes, est le premier émigré de la terre d'Islam. Il a dû quitter la Mecque pour se réfugier à Médine où il mourut. Cet arrachement date l'ère musulmane. Nous sommes aujourd'hui en 1990, en 1416 de l'ère de l'Hégire. « Hyjra » veut dire émigration. Cela n’empêche que l'état d'émigré est un état de scission de la réalité provoquant des brutalités dans l'être profond.
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Il existe dans la médina de Fès une rue si étroite qu'on l'appelle "la rue pour un seul". Elle est la ligne d'entrée du labyrinthe, longue et sombre. Les murs des maisons ont l'air de se toucher vers le haut. On peut passer d'une terrasse à l'autre sans effort. Les fenêtres aussi se regardent et s'ouvrent mutuellement sur des intimités. Si une seule personne peut passer à la fois, il est bien sûr exclu que les ânes, surtout chargés, puissent y trouver passage.
Cette rue est dans ma mémoire, ancrée comme un souvenir vif. J'en parle souvent même si elle est au fond insignifiante.
En observant les statues de Giacometti, j'ai su qu'elles ont été faites, minces et longues, pour traverser cette rue et même s'y croiser sans peine. Il me semble même les avoir rencontrées, alors enfant.
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Écrire, c'est se défendre, contre soi d'abord et ensuite contre ceux pour qui humilier est leur façon de se défendre.
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« Les sculptures se sont offertes tout achevées à mon esprit, disait-il ; je me suis borné à les reproduire dans l'espace sans rien changer , sans me demander ce qu'elles pouvaient signifier... »

Quand je me mets à écrire une histoire, ce sont les mots – le bronze de l'écrivain – qui me guident comme si quelqu'un que je ne connais pas me l'avait racontée et m'avait demandé de la transmettre aux autres.

(Dans ce livre, Ben Jelloun parle des sculptures de Giacometti)
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