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3,67

sur 184 notes
C'est le premier livre que je lis de Tahar Ben Jelloun, il m'a accompagné lors d'un périple dans le sud marocain. Lire un livre dans son contexte permet une lecture plus fine.
J'ai bien aimé le personnage de Mohamed, émigré en France et qui se retrouvant à la retraite, perd tous ses repères. Ses enfants sont nés en France et ont des projets de vie qui s'éloignent radicalement de ce qu'il a toujours connu. Il se sent perdu et ses principes de vie qu'il reproduit par automatisme car c'est la tradition, l'ont éloigné de ses enfants et de sa femme. En retournant au bled pour finir une vaste maison pour sa tribu, il pense revenir dans le chemin balisé par ses ancêtres, sans penser à se tourner vers l'avenir. Il connaîtra de grandes désillusions.
Si parfois les caractères ou réflexions semblent un chouia exagérés, ce livre est une assez bonne analyse des différences culturelles entre la France et le Maroc. Si Mohamed a beaucoup de respect pour LallaFrance , il sait au fond de lui qu'il reste un Marocain immigré, qu'on tolère par nécessité.
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Je crois bien que je n'ai jamais lu Tahar Ben Jelloun jusqu'à aujourd'hui, malgré sa popularité, qui a certes un peu pâli depuis quelques années. Je me souviens que j'ai acheté ce livre parce que le sujet des immigrés vieillissants m'avait paru intéressant et encore peu traité en littérature, j'étais donc curieuse de savoir ce que cet homme réputé pour être tendre avec ses personnages pouvait en dire.
La forme du livre est assez déroutante au premier abord, avec le passage incessant d'une narration à la troisième personnage à une narration à la première, d'un narrateur omniscient à un flux de conscience qui ne dit pas son nom. On a l'impression d'un long monologue, et pourtant au fil des pages on avance dans le temps, Mohamed passant du statut de futur retraité à celui de jeune retraité puis de retraité faisant des projets. Une fois que j'ai compris comment fonctionnait la narration, je m'y suis habituée et ce procédé me semble plutôt bien fonctionner.
Par contre, je crois que c'est avec le personnage de Mohamed que j'ai eu un peu de mal. J'ai trouvé intéressant au début cette évocation de cet homme venu en France au seuil de sa vie adulte et qui a vécu toute sa vie avec la nostalgie du village dont il est parti et une sorte d'impossibilité de se sentir chez lui dans cette société où il est arrivé. Et cela transparaît dans tout : son travail, ses amitiés, sa relation avec ses enfants, ses vacances… Mais très vite cela tourne à l'obsession, et le bouquin, lui, tourne en rond et devient lassant. Je n'ai rien contre le fait que le personnage n'évolue pas, c'est même tout à fait compréhensible, mais dans ce cas, une longue nouvelle aurait probablement suffi. Et de même, le côté un peu fantastique de la fin m'a semblé tomber comme un cheveu sur la soupe et rendre le bouquin un peu trop illisible à mon goût.
Une lecture qui n'est donc pas une grande réussite pour moi. J'espérais probablement un peu plus de cet écrivain : j'aurais voulu plus de tendresse pour le personnage, même s'il n'y a pas de solution à son mal-être, et j'aurais aimé aussi une écriture moins plate. Ce livre n'est pas le plus connu de Tahar Ben Jelloun, et de loin. Peut-être n'étais-ce donc pas la meilleure façon de l'aborder, mais ce fut une façon qui a singulièrement manqué de relief et d'allant.
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Au pays est un roman qui donne la voix à Mohamed, cet immigré marocain proche de la retraite qu'il craint comme une invitation à la mort.

Mohamed nous offre sa vision de la France, du monde occidental, de la jeunesse, des évolutions qu'il ne saisit pas souvent ; ses souvenirs nous plongent dans la culture et traditions marocaines. Il voit ses enfants lui échapper, perdant tout lien avec ses racines marocaines. Il est perdu, ne comprend pas. La retraite qui l'attend, le terrifie. Que va-t-il faire de son temps libre ? Ses enfants n'ont plus besoin de lui, « avalés par la France », cette France mangeuse d'enfants » ! Après avoir construit une maison dans son village au Maroc, il crut l'espace d'un moment que sa famille se réunirait de nouveau ; nouvelle déception. « Personne ne viendrait. Personne ne se souviendrait de lui ». Il se laissera aller vers la fin, la folie de la solitude l'éteint peu à peu.

Ce personnage est très attachant.

Magnifique livre d'un talentueux et magistral Tahar Ben Jelloun qui nous emmène dans les différents expériences et sentiments que vivent et ressentent les immigrés au Maroc et en France des années 60/70 !
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C'est l'histoire de Mohamed, c'est l'histoire d'une vie passée sur le sol français des années 60, 70, C'est l'histoire aussi de toute une génération d'immigrés maghrébins. c'est là dans ce café où ils se ressourcent : un thé à la menthe, et que des conversations autour du " Bled, le retour, tamazight, maroc ". Pour Mohamed, sa vie se résume entre l'usine de renault et sa maison. Après la retraite, son rêve est de revenir au pays et constuire une grande maison dans laquelle il accueillera tous ses enfants. Ahh, le retour à la source, une nouvelle vie au " Bled " ! Mais la réalité ? Il retournera seul. Ses enfants refusent. Ils ont fait leur vie à " França "...
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Un émigré marocain doit prendre sa retraite.
Il a vécu toute sa vie sans se poser de questions, en homme honnête et pieux. Il a été bon et généreux, mais ses enfants, élevés en France, se sont éloignés de lui, ils vivent leur vie à l'européenne.
Il retourne au bled de son enfance, et construit une énorme maison pour toute sa famille.

Le personnage principal est touchant, et c'est intéressant d'avoir son point de vue sur l'émigration. Mais il est quand même très caricatural, et on se dit qu'il est un peu bête de ne pas s'adapter. Finalement, qui est condamné ? Sans doute à la fois l'homme attaché à ses traditions et l'Occident déshumanisé.

Je n'accroche pas tellement à l'écriture de Tahar Ben Jelloun : changements de narrateur externe/interne, absence totale de dialogues, de discours direct (il n'y a que de l'indirect libre).
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Un livre d'une justesse extraordinaire avec une analyse très fine et pas du tout manichéenne de la question de l'immigration, de l'intégration, de la culture, des cultures, celle liée à nos origines mais aussi celle acquise quand on vit dans un autre pays. Ce sentiment d'être à la fois très ancré dans ses traditions et en même temps entre deux modes de fonctionnement, dans un profond respect du pays d'accueil. C'est aussi la description du conflit des générations et de l'éternel espoir d'un rapprochement parents-enfants dans un contexte où l'incompréhension règne.
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Thème qui me passionne. le désenracinement, le retour. Je suis inconditionnel de cet auteur
Une jolie et triste histoire qui relate le temps qui passe, le passage du travail à la retraite "lentraide" comme dit le personnage, et les désillusions du personnage Mohammed "abandonné par ses enfants.
Un roman humaniste et bouleversant.
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Magnifique roman sur l'émigration, le déracinement, les valeurs telles que la famille, la solidarité. Ce roman explique également bien le rôle qu'a l'islam dans la culture marocaine.
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Au pays. Ces deux mots prennent une signification particulière lorsqu'ils s'appliquent à un immigrant ou qu'il les prononce. Fait-on référence à la terre d'accueil ou l'autre, celle d'origine, plus ancienne, encore tatouée sur le coeur. C'est ce dilemme, si je puis appeler ainsi ce tiraillement, que pose l'auteur Tahar Ben Jelloun. À travers son protagoniste et quelques autres individus de sa connaissance, il l'aborde sans détour. Son Mohamed a quitté son Maroc et est arrivé en France en 1962, il y a une éternité de cela. La retraite l'amène à réfléchir à tout ce qu'il connaît, tout ce qu'il a vu et tout ce qui lui tient à coeur. Il dénonce les dérives fanatiques de l'islam et critique ces Maghrébins qui n'ont rien compris à leur pays d'adoption mais est-il mieux ? N'était-il pas opposé au mariage de sa fille avec un Français ? Ses cinq enfants ont grandi en Europe et se sont éloignés des traditions marocaines, ont des valeurs qui divergent un peu de celles de leur père. Ainsi, quand Mohamed est pris du désir de retourner dans la patrie qui l'a vu naître, est-il en droit de s'attendre à ce que ses enfants quittent tout pour le rejoindre ? le gap générationnel s'ajoute à la fracture géographique.

L'intrigue se trouve ainsi grossièrement résumée. Il va sans dire que Mohamed réfléchit sur un tas de sujets connexes, allant de l'identité à la famille en passant par le racisme et la pauvreté. C'est comme écouter un vieux sage, alors je suis partant. Je n'ai pas vraiment vécu le déracinement, mais ma profession m'amène à cotoyer quotidiennement des gens ayant tout quitté pour recommencer à neuf ailleurs. C'était criant de vérité. Je le comprends, ce Mohamed, qui cherche encore ses repères, qui fait des efforts pour s'adapter à son nouveau milieu mais qui ne veut pas perdre son identité ni l'amour de son pays d'origine. Et qui souhaiterait la transmettre à ses enfants. Il est tout à fait crédible dans ses intentions. Ceci dit, peut-être parce que son ton est trop juste (trop parfait ?), qu'il dit exactement ce qui doit être dit, dans un vocabulaire extrêment précis pour un ouvrier, il me paraît un peu inaccessible. J'aurais aimé qu'il commette quelques faux pas, un peu comme ceux qu'il dénonce chez d'autres Maghrébins. Ainsi, même s'il m'est sympathique, il y a toujours cette distance qui m'empêche de ressentir pleinement ses émotions.
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Le fossé entre les générations, le fossé culturel: pourquoi pas?
Mais n'est ce pas tout simplement le drame de l'analphabétisme le coeur de l'ouvrage?
Ou alors tout juste une vie ratée
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