AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le miel et l'amertume (142)

Mon corps m’a échappé. Il ne m’appartenait plus. Je ne le sentais plus. Le monstre s’acharnait dessus comme un porc affamé, comme une hyène blessée, comme un individu banal qui a renoncé à son humanité. J’ai encore en moi son haleine fétide, ses dents jaunes et ses yeux jaunes aussi. Je suis pleine d’immondices, lourde des déchets ingurgités durant le viol. Je suis lourde de sa pisse, de sa salive et de ses excréments. Je suis une poubelle et je n’ai plus qu’à attendre le passage des éboueurs pour être ramassée et jetée de la falaise des rats et des charognes.
Commenter  J’apprécie          00
Le fait qu’une personne prenne aussi au sérieux ce que j’écrivais me donna l’impression d’être quelqu’un. J’écrivais dans la solitude, mais mon espoir était de partager mes mots, d’être lue et reconnue. Khenzir répondait à cette attente profonde, même s’il me mettait très mal à l’aise. Je sentais désormais que fuir était impossible. Il avait tout prévu. La carotte et le bâton.
Commenter  J’apprécie          00
C’est le mariage et l’usure qui m’ont fait connaître la haine. Avant, je ne détestais personne. À présent, je ne supporte plus personne. Le Noir m’aide matériellement. Mais je ne supporte pas son odeur. On m’a toujours dit que les Noirs dégagent une odeur de transpiration spéciale. Je n’osais pas lui demander d’aller au hammam. J’ai demandé à mon mari de le lui suggérer. Mais c’est devenu une discussion sur les races.
Commenter  J’apprécie          00
Je pense à la mort comme un fantôme en blanc qui viendrait m’envelopper et me porter très loin de cette vie. Elle n’a pas de faucille. Elle est suspendue en l’air comme une plume d’oiseau, une poussière qui attend le moment de tomber. Elle tombe comme la vérité. Tranchante, sans commentaire, sans répit. C’est un couperet. Elle ne me fait pas peur, mais elle me rappelle que mon temps est compté. C’est pour cela que je me presse d’écrire.
Commenter  J’apprécie          00
Les Maures, parce que leur peau est plus claire, se considèrent supérieurs aux Noirs. Ils dominent partout, au gouvernement, dans les banques, dans les affaires, bref dans tout ce qui est important. Nous, les Noirs, nous sommes à leur service
Commenter  J’apprécie          00
« La langue arabe, notre belle langue arabe, a trouvé le mot juste pour désigner la corruption : le bois pourri. R’choua ! On ne peut rien construire avec du bois mité, pourri de l’intérieur. Voilà pourquoi notre pays est voué à ne rien construire de bon, de solide, tant qu’il permeter la corruption des corps et des âmes. » Je me souviens aussi d’une belle phrase : « La justice est le pilier du monde ; et le monde est un jardin. »
Commenter  J’apprécie          00
On reçoit des coups et on se tait. Cela fait partie de nos traditions. Quelles traditions ? Je n’ai jamais lu que l’homme doit battre sa femme sans qu’il soit puni par la loi. J’en ai parlé un jour avec mon père qui m’a expliqué que cela n’a rien à voir avec l’islam. Il m’a même appris que les Bédouins, les Arabes d’Arabie, là où l’islam est né, enterraient vivants les bébés nés de sexe féminin, c’est l’islam qui a interdit cette pratique barbare. On l’a échappé belle ! Mon père a toujours refusé d’aller faire le pèlerinage à La Mecque, ce qui n’est pas le cas de ma mère dont la plupart des copines du hammam l’ont fait.
Commenter  J’apprécie          00
Souvent je reste devant le miroir et répète plusieurs fois : « Tu n’es qu’un sale type, un traître, un lâche, un corrompu comme les autres. » Ça ne me fait pas du bien, mais cette flagellation me donne une toute petite assurance, une sorte d’autosatisfaction minable dont je ne suis pas fier.
Commenter  J’apprécie          00
Ma mère était issue d’une grande famille de Fès, des aristocrates sans argent, mais le cœur sur la main, et les portes ouvertes. Elle ne savait ni lire ni écrire, mais avait sa culture, ses convictions, ses croyances et surtout ses valeurs héritées de ses parents. Avec elle, tout était facile. Elle avait le don de simplifier ce qui paraissait compliqué. Elle avait une logique imparable et une humilité qui faisait baisser les yeux de tous ceux qui s’adressaient à elle.
Commenter  J’apprécie          00
La corruption était devenue une drogue. Avant je la combattais, à présent je l’attendais. Je faisais des projets en fonction des dossiers déposés sur mon bureau. J’étais un élément du rouage administratif, aucun dossier ne sortait de la section du département sans ma signature. Il arrivait que je triple mon salaire. Je n’aimais pas le mois d’août, mois où l’administration était fermée. Pour moi le congé annuel était synonyme de vache maigre. Je n’arrivais pas à faire des économies. Entre mon épouse et les deux enfants, je ne pouvais pas m’en sortir.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (453) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Tahar Ben Jelloun

    De quelle nationalité est Tahar Ben Jelloun?

    Tunisienne
    Marocaine
    Algérienne
    Egyptienne

    10 questions
    139 lecteurs ont répondu
    Thème : Tahar Ben JellounCréer un quiz sur ce livre

    {* *}