Qui n'a jamais entendu parler des disparitions inquiétantes de Julie et Mélissa, d'An et Eefje, d'Elisabeth Brichet, de
Sabine Dardenne ainsi que de Laetitia Delhez, pendant les années 95 et 96 ? Toutes ces petites filles ont été enlevées, séquestrées, violées par Marc Dutroux. Et pourtant, peu de personnes ont entendu parlé de l'enlèvement de la petite Loubna Benaïssa le 5 août 1992..
D'origine marocaine, la petite Loubna vit à Ixelles avec ses deux soeurs, ses quatre frères et ses parents. le 5 août, Loubna et Nabela partent faire des courses au supermarché qui se trouve à quelques centaines de mètre du domicile familial. de retour à la maison, la maman Benaïssa donne quelques centimes à la petite Loubna pour aller chercher un pot de yaourt qu'elles avaient oublié. Loubna n'arrivera pas au supermarché et elle ne rentrera jamais à la maison.
Commencent des recherches près du centre commercial, des appels aux amis proches, personne n'a vu Loubna. L'affaire est envoyée au service de police de Bruxelles qui entamera des recherches. Pourtant, les années s'écoulent et personne n'a de nouvelles de Loubna. le 13 août 1996 a lieu l'arrestation de Marc Dutroux et de sa femme ainsi que de l'un de ses complices. Marc Dutroux passe aux aveux et indique l'endroit où sont séquestrées Sabine et Laetitia. Quelques heures plus tard, elles sont retrouvées vivantes. Nouveaux aveux de Marc Dutroux qui indique l'endroit où il a enterré les corps de Julie et Mélissa. le 22 août 1996 ont lieu les funérailles des deux fillettes qui sont retransmises en direct à la télévision. le 3 septembre 1996, les corps d'An et Eefje sont découverts et leurs funérailles ont lieu quelques jours plus tard. Ils sont également retransmis en direct à la télévision. Tout ceci donne de l'espoir aux Benaïssa, peut-être leur fille va-t-elle être retrouvée ? A quoi ressemble-t-elle maintenant ? Est-ce qu'elle va les reconnaitre, eux qui ont aussi vieillis ?
Le 20 octobre 1996, une marche blanche est organisée à Bruxelles à l'initiative des parents d'enfants disparus. 300.000 personnes font le déplacement. Ce n'est que le 5 mars 1997 que le corps de la petite Loubna sera découvert dans une cave située à quelques centaines de mètres de la maison familiale. Un pompiste, Patrick Derochette est en aveu.
Par ce livre, Nabela dénonce le manque d'aide mise en place pour les enfants disparus mais aussi l'incapacité de la police dans cette affaire. La maison de Patrick avait pourtant fait l'objet d'une perquisition auparavant. Peut-être Loubna aurait t'elle pu être retrouvée vivante tout comme Julie et Mélissa qui n'ont pas été découverte dans une cache lors de la perquisition du domicile de Marc Dutroux par les policiers. Nabela met en évidence le soutien apporté par les autres parents d'enfants assassinés. Et par son courage, Nabela a ouvert les yeux de certaines personnes qui étaient parfois effrayée de la communauté marocaine. Comme la dis la maman d'Elisabeth Brichet lors des funérailles de Loubna : « Loubna tu m'as fait découvrir une communauté dont j'avais peur ».
Ce livre m'a beaucoup émue. Je me rappelle de la fuite de Dutroux, mes grands parents avaient dit à ma maman, fais attention à ta fille, on ne sait jamais. Ce sont des histoires qui ont touchés le monde entier et plus particulièrement la Belgique. Comme quoi ce genre de choses n'arrivent pas qu'ailleurs mais bien dans notre pays aussi petit qu'il soit. J'ai été étonnée du courage et de la force de Nabela qui malgré son jeune âge au moment de la disparition de sa soeur, garde la tête haute, se bat et sert de messagère au nom des enfants disparus et de ses parents qui ne savent pas parfaitement bien s'exprimer en français. Ce livre nous donne aussi des informations sur le suivi juridique et sur tous les acteurs qui sont entrés en jeu dans cette affaire.
J'ai décidé de réécrire le texte que Nabela a écrit à sa soeur et qu'elle a lu le jour de ses funérailles. Ce passage m'a donné les larmes aux yeux !
« Ma petite Loubna, notre petite Loubna. Parce que tu es devenue l'enfant de tout un pays, parce que tu as même franchi les frontières. Tu faisais ton petit bonhomme de chemin dans la vie. Un jour, tu as quitté la maison en sautillant. Nous étions loin de nous douter qu'au coin de la rue, les monstres étaient là. L'enfer t'attendait. Pendant des années, dans le monde entier, nous t'avons cherchée sans jamais cessé d'espérer, alors que tu étais là, tout près de nous, vulgairement jetée dans une caisse au fond d'une cave. Nous passions tous les jours près de tes bourreaux. Les hommes qui avaient tout en mains pour te trouver ne l'ont pas fait. J'espère qu'ils ne dorment pas en paix. (…) Malgré notre douleur et notre chagrin, je crois que nous sommes soulagés de savoir où tu es. de savoir que tu es quelque part dans un jardin au paradis avec toutes tes petites soeurs et tes grandes soeurs. (…). Au nom de ma maman, de mon papa, au nom de nos frères, au nom de notre soeur, au nom de tous ceux qui t'aiment, je te fais la promesse formelle que nous chercherons la vérité et que nous la trouverons. (…) Aujourd'hui, tu dois nous regarder avec un sourire. Parce qu'aujourd'hui, nous avons su passer outre les barrières, toutes ces barrières que les hommes se mettent entre eux, qu'elles soient linguistiques, communautaires ou religieuses. Nous avons tous réussi à nous réunir autour de ton sourire pour lui rendre un dernier hommage. Aujourd'hui, la douleur nous unit. (…) Loubna, je peux enfin te dire au revoir, au revoir au nom de tous ceux qui t'aiment. »
Il est difficile de donner une note à un livre tel que celui-ci. C'est pourquoi je me résous à ne pas en donner. Chacun vivra se livre d'une manière différente … !