C'est un petit homme sans âge.
Il vit sous la férule d'une grande et grosse épouse
qui le couve et le dirige comme un poussin. ,p 209
Dans les couloirs on est réduits.
Elle voudrait juste leur dire que la vie est belle et palpitante,qu'il faut sortir,regarder les choses les plus petites parce qu'elles vivent,parce que tout vit et qu'il n'y a que ça qui vaut la peine.
Au collège la sonnerie délivre ou désespère.
Les 3èmes discutent par clans.
F.A
Il faut une confiance sans limite, sans frontière pour penser qu'on va pouvoir être accueilli par d'autres, ceux qu'on appelle des étrangers, ailleurs.
Et moi, à huit ans, quand je me sentais réduit et que j'avais fui,
c'était ça que je cherchais ? Une confiance plus grande dans le monde ?
Quelque chose qui permet de respirer vraiment large.
Elle voudrait prendre dans sa bouche l'air qui sort de la sienne quand il parle.
Je peux dire qu'aucun de ces jeunes ne m'est apparu comme un je-m'en-foutiste. [...] J'ai plutôt eu affaire à des jeunes foutus d'avance. C'est ce qui m'a frappé le plus pendant les entretiens que j'ai menés avec eux. Ils ont trop souvent l'impression que leur avis, leur désir, ce compte pas. Ils ne se foutent de personne, ils vivent leur scolarité avec le sentiment qu'on se fout d'eux, c'est différent.
Oh oui, elle sait bien qu'on va lui rire au nez, mais qu'ils viennent voir les élèves chercher les conjugaisons, s'enquérir des modes pour servir leur texte, pour les peaufiner. Alors rien n'est difficile puisque tout a un sens.
Quand l'exigence devient la leur, ils ne s'arrêtent plus. L'école se trompe dans la chronologie, c'est tout. Il faut d'abord écrire, tranquille, puis tenir à ce qu'on a écrit suffisamment pour vouloir le partager. Alors on a besoin des codes d'une langue; la grammaire, l'orthographe deviennent des choses nécessaires pour que les autres partagent le trésor du texte.
On n'oeuvre pas. On fabrique. En série et pas cher. Toujours plus. Pour quoi?
Il ne sait pas ce que ses paroles deviendront mais il l'a accepté, il y a longtemps. Il laboure chaque année, il sème. Comment savoir ce que sera la récolte?
Elle n'a jamais été douée pour l'avenir. C'est une femme de présent. Le présente renouvelé c'est un temps qu'on n'apprend dans aucun manuel et c'est dommage. C'est son temps à elle, dans une grammaire où se conjuguent les odeurs et les gens, les pas qui s'éloignent et la voix qu'on aime, qui ne peut plus résonner qu'à l'intérieur de soi.