Quand mon père est mort. Quand mon père est mort. Une phrase qui commence par ça. Je n'ai pas de suite. Je suis une fille sans suite ? Une fille qui n'arrive pas à suivre.
Je n'ai pas su quitter la paume de sa main. Je t'en prie souffle souffle sur ta main pour que je sois libre. Trouve ton dernier souffle papa, envole-moi.
J'avais dix-huit ans; je ne savais pas qu'il lui restait si peu à vivre. Je voulais qu'il m'écoute, qu'il me réponde. Que nous nous regardions.
Il m'écoutait un peu.
J'argumentais beaucoup.
Il me regardait un peu. J'aurais tout fait pour le garder sous mes yeux, me garder sous les siens. Mesurer nos regards. Enfin.
Il y a des déclarations d'amour qui arrivent trop tard. Elles ne fondent plus dans le café.Et les larmes, c'est salé.
A quoi sert de voir le vide? On est si bien à flotter tant qu'il nous porte.Entre ciel et terre,sur le rien.
Comment deux êtres si différents ont-ils pu vivre ensemble autant d'années? On disait d'eux "le jour et la nuit".Qui le jour? Qui la nuit?
Et moi, une aube ou un crépuscule?
Je jouais les affranchies que je n'étais pas. Les mots ne font rien à l'affaire.
Il y a ceux qui, à un moment précis, ont éclairé notre route. Même s'ils nous ont aveuglés au passage. Cela en valait la peine, comme on dit. Aimer cet homme a valu ma peine.
Le visage de celui qui pleure ouvre-t-il toujours une porte close sur quelque chose d'immense?
Il y a des déclarations d'amour qui arrivent trop tard. Elles ne fondent plus dans le café. Et les larmes, c'est salé.