Un jour mes princes sont venus

Une femme se raconte. Elle raconte son histoire mais surtout ses amours. Décédé alors qu'elle n'avait que dix-huit ans, elle souffre de l'absence de son papa. Depuis, elle n'a plus de frontières. Elle se cherche, au hasard des rencontres amoureuses, plus ou moins chaotiques et bancales. Elle se heurte à l'incompréhension et à son propre désarroi. Et surtout, elle cherche auprès de ce père absent une explication, un sens à donner à sa vie.

A la fois triste, sensible et plein d'espoir, ce roman d'une incroyable poésie jongle avec les mots et les sentiments. Jeanne Benameur raconte l'histoire de cette femme qui cherche à se donner aux hommes mais qui reste effayée par le sentiment amoureux. Il y a toujours cette crainte en elle de voir disparaître l'homme qu'elle aime.
D'une sobriété parfaite, des phrases courtes, des sentiments à profusion, l'écriture de Jeanne Benameur est inoubliable.

Un jour mes princes sont venus, moi, j'y ai cru...

Ouvrir un roman de Jeanne Benameur c'est pour moi pousser une porte et me laisser porter par ses mots, le rythme de ses phrases et laisser le texte m'imprégner"..
A la mort de son père tout son univers s'est écroulé. Comment survivre? Ils avaient encore tellement de choses à se dire, à se confier, ils n'en sont pas eu le temps. Depuis elle cherche auprès des hommes qu'elle croise celui auprès de qui elle pourra être elle. Difficile parcours , de déception en déception les jours s'écoulent et elle reste seule face à sa solitude et à son désarroi. Pourquoi l'a t'il abandonnée sans lui avoir appris qui sont les hommes , sans lui en avoir donné les clefs? Une jeune femme qui se cherche , qui vit à tâtons et attend avec espoir que son prince vienne ..
Jeanne Benameur manie superbement le verbe et sait en quelques pages atteindre le plus profond de chacun. le mien est parti il y a déjà fort longtemps mais ....Merci Madame .

A la fois conte moderne et éducation sentimentale, ce roman présente l'itinéraire amoureux quelque peu malheureux de sa narratrice, une jeune femme qui passe d'une histoire d'amour à l'autre sans trouver son prince et finissant par en appeler à son père décédé pour qu'il l'aide à comprendre les hommes : "Je voudrais que tu m'aides, mon père. J'ai besoin de toi. Apprends-moi les hommes. Apprends-moi comme c'est différent de moi.".
La narratrice revient avec un regard aiguisé parfois drôle, parfois tendre, parfois triste, sur les hommes qui ont jalonné sa vie.
Qu'ils aient été son amant ou son mari, ils ont tous fini par déclencher une peur en elle qui a eu pour résultat qu'elle ne s'est jamais accrochée complètement à aucun d'eux, elle a toujours fini par les quitter ou être quittée : "Qui ai-je aimé vraiment ? Pourquoi suis-je incapable de lien ? Pourquoi ce mot même déclenche-t-il au fond de moi une envie panique de fuite lointaine alors que je n'aspire qu'à me sentir liée à un homme ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Tant de fois pourquoi.".
Une fois dépendante d'un homme, l'autre fois femme libérée, elle a tout essayé mais en vain, rien n'y a jamais fait : "Je jouais les affranchies que je n'étais pas. Les mots ne font rien à l'affaire.".
Cette narratrice jamais nommée est particulièrement touchante dans ses échecs, notamment parce qu'elle prend le parti d'en rire alors qu'elle aurait pu dramatiser la chose, mais aussi parce qu'au fond cette narratrice c'est une petite part de nous, elle arrive à mettre des mots sur ce que toute femme a au moins ressenti une fois dans sa vie : l'incompréhension face à un homme, et vice-versa.
Il y a aussi une part importante de psychologie en arrière-fond de ce roman : le rôle et la place du père absent, trop tôt disparu et qui a perturbé sentimentalement parlant la narratrice, l'empêchant de se construire un modèle masculin qui lui permettrait de vivre une relation amoureuse épanouie.
Ce qu'elle n'a pas pu avoir par la force du destin chez son père, c'est auprès d'un ami plus âgé qu'elle va le retrouver et qui va lui permettre enfin de s'épanouir et de donner une dimension d'espérance à cette histoire qui aurait pu si facilement tomber dans le drame et le pathos égocentré.
Mais c'était sans compter sur le talent et la plume admirable de Jeanne Benameur, d'une poésie à couper le souffle, qui à travers de courts chapitres et une construction déstructurée réussit à livrer un roman logique du début à la fin, et de toute beauté.

"Un jour mes princes sont venus" est une belle réflexion poétique de Jeanne Benameur sur l'amour, ou plutôt sur les difficultés à rencontrer un homme, celui avec lequel bâtir sa vie, le tout sous la forme d'un quasi conte qui donne de l'espoir et l'envie d'y croire.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..

En manque d'un père, à la fois trop distant mais indispensable dans le passé et par trop restrictif (bien que décédé) dans le présent, la narratrice "entre Marthe et Marie" s'englue dans des relations sans lendemain.
Echecs,déceptions,kleenex!
Chienne de vie!
Il y a maman, douce épaule,ouf, et l'oreille compatissante d'Anne, re-ouf!
Jeanne Benameur, dont j'avais apprécié la finesse psychologique dans Les demeurées et la poésie subtile de Laver les ombres, ne donne plus dans le registre fusionnel mère-fille,mais aborde la relation père-fille dont dépendra le choix des partenaires et l'épanouissement futur de la fillette.
Un jour mes princes sont venus parle de deuil, de parole,de famille, de féminité,de désir, de rupture,d'amour,d'amitié,de désamour,d'érotisme,de première fois et fait un tour d'horizon cocasse des amants de la narratrice: d'Anton l'ex-époux philosophe, à Pierre le séparé lache qui promet sans tenir ses engagements,puis le financier hollandais qui décide tout, Fred le copain qui prend le relai,Julien le premier amour,Stan le deuxième Anton,Luis le basique trop rustre,Jacques qui lui apprend "l'amour paisible" mais...
Qu'il est donc dur de s'envoler si l'on ne vous l'a pas appris!
Un livre riche en enseignements!

Une histoire de femme sans cesse déçue par ses amours et sans cesse reprise par son enfance. Rires et plaintes, confidences entres femmes. Une confession? Un peu nombriliste à mon goût...