J'avais porté mon choix sur ce roman avec une question dans la tête : que vaut la nouvelle SF française ? Quelle déconvenue ! Et quel contraste entre mon ressenti et l'enthousiasme qui semble avoir accompagné la promotion de ce livre et sa réception. Encore aujourd'hui, j'ai pu constater qu'il bénéficiait du « coup de coeur » de nombreux libraires. Me voici définitivement vacciné contre cette forme d'adoubement…
Alors, qu'est-ce qui cloche avec ce livre ?
L'écriture : dès le début, le style m'a gêné par son extrême simplicité. Les phrases courtes se succèdent les unes aux autres dans une monotonie désespérante. L'auteur cherche clairement à être compris du plus grand nombre, mais cela le conduit à frôler le niveau de langue de certains titres de la littérature « young adult ». Ce style simpliste se confirme dans les dialogues dont le contenu fait passer les personnages pour des adolescents, et dont les verbes introductifs sont trop présents et trop banals.
L'histoire est avant tout une intrigue autour des personnages principaux. L'auteur a réussi à leur donner une certaine épaisseur. Malheureusement, il se trouve que j'ai détesté le caractère des deux principaux protagonistes : Eric est de ces personnages neutres qui portent les histoires mais subissent les intrigues. Comme si cela ne suffisait pas, l'auteur a voulu en faire une parfaite girouette. Pas le genre de personnages que j'affectionne le plus. Johanna m'a tout autant hérissé par son caractère hystérique. Trop c'est trop.
Globalement, les états d'âme et les comportements des personnages m'ont semblé trop caricaturaux, parfois infantiles, en tout cas peu crédibles.
Parlons de l'intrigue – des intrigues devrais-je dire, car elles sont nombreuses dans ce roman.
Le problème est qu'on ne voit pas où veut nous emmener l'auteur. Tout se passe comme si le devenir de chaque intrigue avait été décidé au cours même de l'écriture, sans plan bien défini. Cette impression est renforcée dans le dernier tiers du roman, où les thèmes se multiplient, avec l'entrée dans un space/artefact opera. L'auteur semble avoir voulu traiter de nombreux sujets, pour un résultat des plus déroutants. Et je ne parle même pas du dénouement, très justement qualifié de « pirouette » dans une autre critique. L'auteur ne répond à aucune des questions que tout le monde se pose.
La crédibilité n'est pas à l'honneur non plus.
Le thème principal est l'opposition entre deux politiques/stratégies : l'exploration de l'environnement versus le développement de la colonie, les ressources limitées justifiant le caractère exclusif. Enfin bon, comment croire à une telle binarité ? Cela paraît tellement artificiel. Comme si, actant d'un budget limité, un gouvernement décidait de réduire l'action publique à un seul ministère…
Bien d'autres aspects ne m'ont pas convaincu, comme la rapidité à laquelle les scarabées acquièrent le langage humain. Autre détail gênant : les formes de vie intelligentes imaginées par l'auteur sont présentées comme très différentes de nous. Pourtant, quand il les fait parler, on a l'impression d'avoir à faire à des humains…
Je ne peux m'empêcher de voir dans ce roman un gâchis, car manifestement, l'auteur ne manque pas d'imagination. Il semble avoir voulu trop faire.
Je finirais sur une touche positive : j'ai découvert avec cette lecture ce qu'était un « page turner »… Dans ce domaine, je pense que
Romain Benassaya a fait la démonstration de son talent et de sa technique.