Ce neuvième tome de Daredevil dans la collection 100% Marvel regroupe cinq épisodes publiés aux Etats-Unis entre mars 2004 et juillet 2004 (Daredevil Vol.2 56 à 60). Les quatre épisodes Daredevil Vol.2 51 à 55, écrits et dessinés par
David Mack, et relatant une histoire autour du personnage de Maya Lopez, alias Echo, se retrouvent quant à eux dans la collection ‘Graphic Novel' de Marvel Panini France, dans un album nommé “Echo”.
Matt Murdock s'étant proclamé nouveau roi de la pègre après avoir évincé Wilson Fisk, alias le Caïd, on s'attendait peut-être à ce que
Brian Michael Bendis dédie un tome à un Daredevil nettoyant le quartier de Hell's Kitchen de ses criminels. C'est évidemment mal connaître Bendis qui préfère ici faire un bond d'un an pour montrer les conséquences psychologiques de ce nettoyage sur notre héros et ses amis.
L'idée de Bendis de faire de Daredevil le nouveau caïd de Hell's Kitchen part du principe que quand on ne peut pas vaincre une organisation, il vaut mieux la reprendre. Finalement, un an après les faits, le lecteur va pouvoir mesurer les conséquences de cette reprise impulsive du quartier de Hell's Kitchen par Daredevil.
D'un côté, le quartier déserté de ses criminels, va maintenant être convoité par des organisations criminelles externes et c'est ainsi que la pègre japonaise originaire de Philadelphie va tenter de mettre la main sur Hell's Kitchen. Bendis va donc nous servir un affrontement entre Daredevil et 107 yakuza dans un style graphique inspiré de Matrix et Kill Bill, mais malheureusement surplombé d'une narration abusive.
La narration de ce tome est en effet principalement construite sur base d'un dialogue entre le journaliste Ben Urich (celui qui préserva l'identité secrète de Daredevil par le passé) et un interlocuteur dont Bendis tient initialement à préserver l'identité. Cette approche narrative va malencontreusement faire retomber Bendis dans une abondance de bulles et un abus de dialogues, et va surtout s'avérer incompatible avec les scènes d'action déployées.
D'un autre côté, Bendis va, comme à son habitude, nous livrer un travail en profondeur (dont il a le secret) sur les différents personnages. Tout en abordant les conséquences morales d'un super-héros qui franchi la barrière qui le sépare du rôle de défenseur à celui de ‘roi' de Hell's Kitchen, Bendis va également montrer les conséquences de ce nouveau statut sur Milla Donovan, Froggy Nelson et sur les autres super-héros qui ont l'habitude de croiser Daredevil dans son quartier.
Graphiquement,
Alex Maleev, assisté par l'admirable travail de
Matt Hollingsworth à la colorisation, nous livre un tome riche en émotions. Premièrement, il nous fait découvrir un Matt Murdock qui profite d'un moment de repos et d'introspection pour laisser libre recours à ses émotions enfouies. Mais il nous livre également quelques superbes planches, allant d'un Daredevil plus menacent que jamais, au jeune Matt Murdock penché au-dessus du corps de son père. Les scènes de combats valent aussi le détour, avec un Daredevil faisant appel à des renforts (Spider-Man, Luke Cage et Docteur Stephen Strange) pour faire face à cette véritable armée de Yakuza.
Bref, malgré une narration excessive et parfois inadaptée, Bendis va une nouvelle fois au plus profond de ses personnages, à l'aide d'un graphisme splendide et en parvenant à lier son récit à l'univers riche de Marvel grâce à l'intervention efficace et non-dépourvue d'humour de quelques guest-stars.