Je remercie tout d'abord Babelio et la maison d'édition Hachette (Marabout) pour l'aimable envoi de "
Annabelle" dans le cadre d'une opération masse critique.
Dans la petite ville de Gullspång, dans la Suède profonde à 300 kilomètres à l'ouest de la capitale de Stockholm, la jeune
Annabelle Roos, 17 ans, disparaît.
Au bout de 4 jours de recherches infructueuses, il est fait appel à la Section opérationnelle de la police nationale, plus particulièrement aux inspecteurs Anders Bratt et Charlie Lager, qui sont envoyés sur place.
L'inspectrice Charlie ou Charline Lager est, malgré ses nombreux défauts - elle est "une parodie de flic", seule à 33 ans, "socialement inapte et portée sur la bouteille ... et claustrophobe" - une création de l'auteure à laquelle le lecteur s'attachera très vite.
Car elle est spontanée, intelligente, à 17 ans elle était déjà à l'université faire une licence de psychologie avant d'entrer, à 20 ans, à l'école de police. Souvent elle a des considérations et des propos qui, quoique contrariant, font rigoler doucement. Elle est efficace et appréciée en haut lieu, ce qui parmi ses collègues, tous mâles, résulte en une hostilité plus ou moins ouverte. Avec Anders, en revanche, elle s'entend bien puisqu'il possède 3 qualités qu'elle apprécie par-dessus tout : "le coeur, l'humour, la lucidité". En plus, il aime sa femme Maria et a envers sa coéquipière des rapports corrects, ce qui n'est pas le cas de tout le monde au Q.G. de la police.
Probablement que Charlie est expédiée à Gullspång, parce qu'elle est originaire de cette ville, qu'elle a quittée il y a 19 ans, lorsqu'elle en avait 14, avec la ferme intention de ne jamais plus y mettre les pieds. Une grand-mère alcoolique et prostituée à ses heures, une mère, Betty, alcoolique et parfois carrément folle, un père inconnu, qui a disparu, et un ami de sa mère, Mattias, alcoolique et taré, ne sont pas exactement des arguments qui vous procurent une grande nostalgie.
La conception du livre est assez particulière dans la mesure où 3 récits s'alternent : le récit de l'enquête de la disparition mystérieuse d'
Annabelle par la police ; l'énoncé des événements s'étant produit le jour, le soir et la nuit de cette disparition et troisièmement une sombre histoire dramatique, intitulée simplement "Avant" entre 2 gamines, Alice et Rosa, et un garçonnet de 2 ans, John-John. Bien que le premier récit soit, avec ses 55 relativement brefs chapitres le plus important, il est évident que les 3 sont liés et amènent le lecteur, après bien des péripéties, au dénouement final.
Une intelligente façon de Lina Bengtsdotter de captiver l'attention du lecteur.
Il serait totalement incongru de vouloir résumer une enquête policière, bien entendu, mais l'auteure ne se limite nullement à une ordinaire enquête policière. Elle décrit le désespoir surtout des jeunes dans un coin isolé où il ne se passe rien et les chances d'un avenir radieux sont pratiquement inexistantes. Comme Bengtsdotter le note elle-même à la page 303 "un monde où les adolescents devaient s'assommer à coups de drogues pour supporter tout ça".
Et l'auteure,
Lina Bengtsdotter, connaît assurément bien Gullspång, l'endroit le plus pauvre du pays, puisqu'elle y est née en 1977, y a vécu avant d'entreprendre des études linguistiques et des cours de psychologie à l'université de Stockholm, de se marier, de vivre au Royaume-Uni et en Italie et d'écrire.
Son second thriller "
For the Missing", avec sa charmante inspectrice Charlie Lager, sortira en Anglais en juin prochain.
Selon la petite bande publicitaire de l'éditeur français, il y aurait "plus de 100 000 lecteurs conquis" par "
Annabelle". Je crois que l'auteure et l'éditeur peuvent rajouter un autre lecteur tout à fait conquis !