Le passant qui s'enfonce dans la foule existait déjà, mais on rencontrait encore le flâneur qui cherche des espaces libres et ne veut pas se passer de vie privée. Il va oisif comme un homme qui a une personnalité; il proteste contre la division du travail qui fait des gens des spécialistes. Il proteste également contre leur activité industrieuse. Vers 1840, il fut quelque temps de bon ton de promener des tortues dans les passages. Le flâneur se plaisait à suivre le rythme de leur marche. S'il avait été suivi, le progrès aurait dû apprendre ce pas.
La "réclame" se trouve au début d'une évolution (...).
Il est difficile d'écrire l'histoire de l'information en la séparant de celle de la corruption de la presse.
Si la presse avait eu pour dessein de permettre au lecteur d'incorporer à sa propre expérience les informations qu'elle lui fournit, elle serait loin de compte. Mais c'est tout le contraire qu'elle veut, et qu'elle obtient. Son propos est de présenter les événements de telle sorte qu'ils ne puissent pénétrer dans le domaine où ils concerneraient l'expérience du lecteur.
Pour désigner la victime, Baudelaire emploie le mot "dupe" : ce mot évoque l'homme trompé, floué, le contraire de celui qui connait la nature humaine.
Que les choses continuent à "aller ainsi", voilà la catastrophe. Ce n’est pas ce qui va advenir, mais l’état de choses donné à chaque instant.
Delvau, l'ami de Baudelaire et le plus intéressant des petits maîtres du feuilleton, prétendait pouvoir analyser le public de Paris dans ses strates différentes aussi facilement que le géologue distingue les couches dans la roche.
Dans l'adresse à Paris qui devait conclure Les Fleurs du Mal et qui est restée à l'état de fragment, Baudelaire ne prend pas congé de la ville sans en évoquer les barricades; il se souvient de ses "magiques pavés dressés en forteresses".
L'allure nonchalante de ces descriptions s'harmonisent avec la démarche habituelle du flâneur qui va herboriser sur le bitume.
Meryon dégageait le visage authentique de la ville sans en perdre un pavé. C'est cette vision de la chose que Baudelaire avait inlassablement poursuivie avec l'idée de la modernité. Il admirait Meryon passionnément.