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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quelque part à la frontière turco-syrienne en 2015.
Comment donner à tous l'envie de se précipiter sur ce livre juste génial ?
Je m'étais moi-même jeté dessus à sa sortie sans chercher de quoi il parlait, séduite par le titre qui faisait un charmant écho dans ma petite tête « L'amour au temps des scélérats », « L'amour au temps du choléra ». Et puis, les choses étant ce qu'elles sont, d'autres livres sont venus l'ensevelir peu à peu au point que je l'ai oublié.

Le titre est peut-être le plus simple fil à dérouler pour en parler.
Le théâtre de ce récit est la Syrie mais il aurait pu aussi bien être ailleurs : l'Allemagne nazie, l'Afghanistan, l'Amérique au temps des grandes découvertes...

Il est certain que la Syrie est le lieu idéal pour trouver des scélérats : Daech, les Syriens de Bachar al Assad, les Américains. Ce n'est pas ce qui manque et en termes de barbarie rien n'est épargné au lecteur mais surtout rien n'est épargné aux personnages qui sont plongés dans cet univers de folie.
Zayélé, Yézidie, est enlevée par Daech qui lui a pris ses deux garçons pour en faire des lionceaux de l'Etat islamique.
Houda, jeune syrienne dénoncée par son père, est condamnée à être lapidée avec son amant.
Adams, indien lakota, qui a piloté des drones meurtriers depuis la Californie pour le compte de l'armée américaine, vient chercher la rédemption aux côtés des Kurdes syriens.
Le seul qui traverse toutes ces horreurs avec flegme est le mystérieux thaumaturge, Tammouz, qui semble parcourir les millénaires sans trop savoir pourquoi le Patron l'a déchu (le Maître car il y a aussi des références à Boulgakov dans ce roman) et qui cherche des traces d'une femme follement aimée dans un passé lointain.

Chacun suit son destin au gré des rencontres heureuses ou pas, au gré de ces décisions, au gré des hasards. Chacun, même les personnages secondaires, est porté par l'amour d'un homme, d'une femme, de ses enfants, de son frère… de l'art…

Je suis contente d'avoir exhumé de ma PAL ce roman extraordinaire qui évoque la puissance de l'amour au milieu de la barbarie sur un ton grave certes mais pas que. Il y a une espèce de légèreté, de l'humour et c'est ce qui rend ce roman si lumineux au milieu de toute cette noirceur.
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Un grand roman d'aventure au pays du levant, principalement en Syrie pendant la guerre effroyable qui secoue depuis plusieurs années cette région et où on rencontre Daech, des kurdes(dont des yésidis), des syriens, des turcs….Cette fiction romanesque décrit de façon très réaliste et très crue des scènes de tortures, d'exactions guerrières de l'État islamique(décollations, lapidations, kamikases…) incarnés par des personnages très représentatifs dans des situations et un scénario fantastique qui fait avaler la pilule amère des atrocités jalonnant le récit. Un personnage troublant, étonnant, le marcheur Tammouz, venant du fond des âges accompagne deux histoires d'amour parallèles, celle de Yassir pour Houda et celle de Zayélé, mère Yésidie pour ses fils Aran et Reben. La partie 2 du roman, celle où naît historiquement Tammouz peut donner envie de lâcher le roman, il faut la franchir pour retrouver toute la profondeur mystérieuse et imaginaire qui séduit définitivement le lecteur.
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Syrie et alentours, 2015 et alentours. C'est un livre à deux faces : d'un côté, la terrible réalité de la guerre, de l'oppression de certaines populations, de la fuite impossible, de la barbarie... de l'autre, une sorte de réalisme magique, beaucoup d'humour, et l'amour, au coeur de chaque chapitre.

C'est un réel tour de force d'avoir su associer tant d'éléments différents, sans jamais donner l'impression, pourtant, de se disperser. On a au départ l'impression d'un livre "à sketch", chaque long chapitre se concentrant sur de nouveaux personnages, avec un ton plus ou moins dramatique. Mais l'intrigue va les rassembler, les tisser dans une même trame, et surtout, le fil rouge entre ses scènes est tel quele titre l'indique : toutes évoquent l'amour en situation de guerre. L'amour d'un jeune couple, d'une femme disparue, l'amour d'une mère pour ses enfants, d'un frère pour son cadet...

Au fil des pages, le récit prend la forme d'une grande fresque, édifiante, sur son sujet.

Le fait d'alterner des scènes de barbarie, émouvantes et cruelles, avec d'autres où l'humour souligne la bêtise des bourreaux rend la lecture plus fluide, malgré un sujet difficile. Et l'intervention d'un élément complètement surnaturel, loin d'en casser la crédibilité, apporte une touche de magie, une profondeur sur la réflexion autour de l'amour et la cruauté du monde.
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La première fois que j'ai entendu parler de ce livre, c'était lors d'un VLEEL avec Emmanuelle Collas. Son enthousiasme pour ce roman transparaissait par écran interposé et je me suis noté ce titre, clin d'oeil à Gabriel Garcia Marquez.

Le hasard faisant bien les choses, je l'ai trouvé peu après, alors que je flânais dans une librairie.

Et me voilà embarquée pour la Syrie. Terre maudite et ensanglantée depuis des années.

À la suite de Tammouz, un être sans âge qui cherche à retrouver le souvenir d'un amour perdu.

De Zayélé, mère de famille yézidie et de ses deux enfants.

De Houda et de Yassir qui s'aiment et doivent mourir pour cet amour hors mariage.

D'Adams qui veut réparer un crime qu'il a commis et recherche l'absolution en combattant au côté des YPG.

Il y a quelque chose de presque irréel à parler d'amour quand la guerre et les hommes ravagent tout. Lorsque les épreuves séparent les êtres qui s'aiment. Lorsque le temps déroule son flot entraînant irrémédiablement une fin tragique.

Pourtant dans tout ce marasme et ce chaos, c'est peut-être bien la dernière chose qui fait sens, qui rend la beauté à l'humanité. Qui fait déplacer les montagnes et commettre le pire. 

Ce roman est excellent. L'auteur réussit à tisser un roman sur un sujet difficile à traiter, de manière humaniste, réaliste mais sans pathos superflu avec une histoire dont on ne peut se détacher tellement l'empathie se créée pour cette galerie de personnages. 

La complexité de la situation syrienne est présentée ainsi que les atrocités commises par les belligérants. La cruauté des viols, des tortures, des enfants envoyés au suicide…rien n'est épargné au lecteur. Pourtant, ce roman est baigné d'une lumière, qui persiste, faible mais forte comme le lien qui unit deux frères, une mère et ses fils, un jeune couple…

Anouar Benmalek livre un roman parfaitement maîtrisé qui rejoint sans conteste la liste de mes plus belles lectures de l'année.
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Alors que Kurdes, combattants de Daech, soldats américains, milices et minorités religieuses se déchirent, un étrange candidat au djihad se pressente. Il s'appelle Tammouz et semble capable d'envoûter les chats. Il suit la piste de la femme qu'il a aimé et possède d'étranges pouvoirs. Sur sa route, il croise Zayélé, une yézidis, Adam, un soldat américain qui a rejoint les forces kurdes mais aussi Houda et Yassir, un couple d'amants en fuite. Tous tentent de survivre dans un pays où la mort est omniprésente. Des camps de rééducation de Daech pour les enfants yézidis aux rues de Damas en passant par les villages du désert syrien, nous traversons le pays et son chaos.
Chaque chapitre se concentre sur un personnage. Progressivement, les différentes intrigues se tissent et, loin de se livrer à un catalogues des horreurs perpétrées, le récit dresse un portrait vibrant d'un pays devenu fou. Malgré les différences d'origines ou de situations de chacun des personnages, ce qui les relit c'est l'amour. Il s'agit bien là du grand thème de ce roman. L'amour d'un couple, l'amour d'une mère ou l'amour d'un frère deviennent des raisons de lutter pour survivre. Malgré le tumulte ambiant, l'amour demeure et maintient les êtres en vie.
La barbarie est omniprésente et nous avançons avec effroi dans le récit. L'auteur manie néanmoins un humour salutaire pour mieux montrer la bêtise des djihadistes. le surnaturel offre au récit une ampleur plus universelle et de belles réflexions sur l'amour ou le violence. Si la lecture est éprouvante, le changement régulier de ton la rend plus fluide. J'ai été impressionnée par l'ampleur de ce roman, par la capacité de son auteur à parler de tant d'aspects du conflit tout en gardant une cohérence narrative. En plus d'être un roman d'amour c'est un roman d'aventure. Les péripéties sont nombreuses, le rythme soutenu et le lecteur est happé par l'intrigue complexe. Un grand souffle narratif traverse le roman.
J'ai été séduite par la plume de Anouar Benmalek. Tantôt lyrique, tantôt facétieuse, son écriture se fait changeante aux grès des situations. L'ensemble est d'une grande intensité. L'auteur porte un regard lucide sur la Syrie et sur les hommes. Il accorde une grande place à l'art. La musique comme la littérature guident ses personnages.
Encore un magnifique roman portée par la maison d'édition Emmanuelle Collas.
Lien : https://lapagequimarque.word..
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Joséphine ange gardien coincée entre le régime de Damas et Daech !
Tammouz, envoyé du Patron (le créateur) influe par ses pouvoirs sur la vie de plusieurs couples pris dans le tourment de la guerre.
Un petit coté fantastique non dénué d'humour qui apporte quelque temps de fraicheur dans une lecture qui serait trop lourde face à la noirceur de cette guerre.
Comme l'a indiqué un journaliste cité par l'éditeur "un vrai romancier, impitoyable dans sa relation des faits, plein de compassion envers ses personnages" Dommage qu'Anouar Benmlek ait livré une première partie du récit trop lente, trop emberlificotée avec des parties superflues qui m'ont presque amené à abandonner le livre. C'est pourquoi je n'irais pas jusqu'au 5* de mes coups de coeur.
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C'est une vérité universellement reconnue que l'homme est un animal social doté d'un besoin vital de « se » raconter des histoires. Nous prions qu'elles soient bonnes, en tant que libraires bien entendu mais pas seulement. Voeu exaucé ! Anouar Benmalek nous propose un conte magnifique sur la déraison de l'amour seul remède contre la déraison meurtrière de la guerre. Un texte « gonflé » sur l'intolérance religieuse et la folie du monde, donc voici notre invitation : « Suis–moi, lecteur ! Qui t'a dit que l'amour véritable, fidèle, éternel, cela n'existait pas ? le menteur qu'on lui coupe sa langue scélérate ! Suis-moi, mon lecteur, et nul autre que moi, je te le montrerai, cet amour! »
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Extraordinaire récit dont on ne peut ressortir indemne qui met en exergue la folie humaine dans cette zone de combats incessants et totalement fous qu'est devenue la Syrie.
Un roman audacieux, foisonnant dans lequel le lecteur suit les périples de plusieurs personnages reflétant la complexité de la situation : l'amérindien Adams, engagé avec le Kurde Ferhat dans les YPG, Houda et Yassir, les amants fuyant leurs familles opposées à leur union, Zayélé la Yezidie à la recherche de ses deux fils Aran et Reben, les lionceaux enrôlés par DAECH, sans oublier le vieux et énigmatique Tammouz… Autant de personnages attachants et complexes qui font de ce roman un roman d'amour mais aussi d'aventure à dimension universelle !
Un pur chef-d'oeuvre !
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véritable conteur qui nous fait passer de la Syrie actuelle à Abraham en nageant entre religions et bestialité humaine, Anouar Benmalek nous transfigure pour celui qui vient bien prendre le rythme de ce qui n'est pas un roman , mais un ode dans la tradition des grands contes Arabes.
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