Citations sur La dame à la camionnette (35)
J’avais d’ailleurs l’intention de proposer mes services à Mrs Thatcher pour l’aider à résorber la crise. Je ne lui demanderais pas un centime, étant donné que j’ai une allocation, ça ne lui coûterait donc pas grand-chose. Mais elle pourrait me gratifier d’un petit avantage en nature, de temps à autre. Une caravane, par exemple.
Ma tante, elle-même sans domicile fixe, disait souvent que parmi tous mes frères et sœurs j’étais de loin la plus propre, particulièrement en ce qui concernait les régions les moins exposées au regard.
Quant à l'autre produit, l'employé de chez Boots a refusé de m'en vendre, sous prétexte que cela pouvait provoquer des exposions. Tout de même vu mon âge, il aurait pu se dire que j'avais le sens des responsabilités. Mais à bien y réfléchir, ce n'est peut-être le cas le cas de toutes les vieilles dames.
Je lui demande si elle veut une tasse de café.
- Ma foi, je ne voudrais pas vous donner toute cette peine. J’en prendrai juste une demi-tasse.
Juin 1980.
Miss S. a enfilé une tenue d'été : un imperméable à l'envers, exhibant une doublure à carreaux en toile marron et une grosse étiquette garantissant une étanchéité maximum.
L'ensemble s'enrichit d'une écharpe en mousseline bleu lavande, retenue par une visière fabriquée à partir d'un vieux paquet de corn-flakes.
Tout cela je l'ai appris au fil de ces derniers jours, comme si elle avait été un personnage de Dickens dont l'histoire et les secrets ne sont dévoilés que lors du tour d'horizon qui précède le dénouement final. p.93
Octobre 1980. Miss S. s’est mis en tête d’acquérir une caravane et celle qu’elle avait repérée dans Exchange and Mart, « avec de jolis rideaux et trois couchettes », vient de lui passer sous le nez. (…) J’avais d’ailleurs l’intention de proposer mes services à Mrs Thatcher pour l’aider à résorber la crise. Je ne lui demanderais pas un centime, étant donné que j’ai une allocation, ça ne lui coûterait donc pas grand-chose. Mais elle pourrait me gratifier d’un petit avantage en nature, de temps à autre. Une caravane, par exemple. Je voulais lui écrire mais elle est à l’étranger pour l’instant. Je sais bien ce dont le pays a besoin. Cela tient en un mot : la Justice.
- Vous avez vu qu'on avait ce retrouvé ce soldat américain ?
Elle faisait allusion au colonel Dozo, qui a été enlevé par les Brigades rouges et découvert à la suite d'une fusillade dans un appartement de Padoue.
- Oui, on l'a retrouvé, répète-t-elle d'un air triomphant, et je sais bien grâce à qui.
Songeant qu'il est peu vraisemblable qu'elle ait des accointances avec l'équivalent italien du SAS, je lui demande à qui elle fait allusion.
- A Saint Antoine, évidemment, le patron des objets perdus. Saint Antoine de Padoue.
La tombe qu'elle occupe au cimetière d'Islington, à St Pancras, est à peine aussi large que l'espace exigu dans lequel elle a dormi au cours des vingt dernières annéles.
Frustrée de ne pas avoir pu obtenir un modèle électrique, Miss S. s'est consolée en faisant l'acquisition (je n'ai jamais su comment) d'un second fauteuil roulant ("au cas où le premier tomberait en panne, sait-on jamais"). L'inventaire complet de ses engins à roues, motorisés ou non, comporte donc désormais : une camionnette; une Reliant Robin; deux fauteuils roulants; et deux poussettes pliantes, dont une à deux places. De temps à autre, je réduis le nombre des poussettes en allant en balancer une dans une benne à ordures. Elle met ces disparitions sur le compte des gamins du quartier (qui n'ont jamais eu ses faveurs) et ne tarde guère à combler cette perte en récupérant une nouvelle poussette chez Reg, le brocanteur du coin.