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EAN : 9782070442379
128 pages
Gallimard (13/10/2011)
3.21/5   311 notes
Résumé :
Rentrant d'une soirée à l'opéra, les Ransome trouvent leur appartement dévalisé. De la fourrure de madame au rouleau de papier hygiénique, de l'argenterie au porte-savon, trente-deux ans de mariage se sont volatilisés. Même la moquette y est passée !

Mrs Ransome s'effondre. De son côté, monsieur, avoué respectable, affronte dignement l'adversité. Bien vite, pourtant, Rosemary et Maurice se rendent à l'évidence : avec le mobilier les convenances s'en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (68) Voir plus Ajouter une critique
3,21

sur 311 notes
So British.
C'est qu'ils sont guindés les Ransome. Encore coincés dans les années soixante. Rien n'a évolué, ni leur intérieur, ni leur mentalité. Vivent coupés du monde, bourré de certitudes. L'extérieur est hostile. Sortir le moins possible. Sauf pour écouter de l'opéra. Mozart de préférence.
C'est en rentrant d'un concert qu'ils découvrent que leur appartement a été dévalisé. Pas n'importe quel cambriolage, car la plupart du temps les voleurs sont des spécialistes : ceux qui font les bijoux, d'autres les ordis et tablettes etc., ici tout a été volé. Et quand je dis tout, c'est tout : jusqu'aux plinthes, aux rideaux, à la moquette, au papier toilette. du coup les Ransome se retrouvent obligés de sortir de chez eux.
Un petit livre rapide à lire teinté d'humour anglais, un régal. Un scénario maitrisé ou se succèdent situations cocasses et drôles. Trop court à mon goût, toutefois c'est un livre plaisant et divertissant.
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Même si l'on n'y parlait pas d'opéra à Covent Garden ou de fish and chips, le lecteur saurait d'emblée en ouvrant ce livre qu'il a affaire à de la littérature anglaise pur jus. Comme je l'aime. Cette fantaisie discrète, cette extravagance polie, cet humour subtil : nous sommes bien au pays de Sa Majesté.
Se faire cambrioler n'est malheureusement pas rare, mais se faire tout voler du sol au plafond, jusqu'aux plinthes et au papier toilette ? Là, c'est nettement moins courant ! Voilà ce qui arrive aux Ransome, voilà le point de départ de l'histoire.
Le texte très court se divise en deux parties.
Dans la première, les époux Ransome découvrent le cambriolage et réagissent, chacun à sa façon. Faut-il tout racheter à l'identique et reconstruire l'univers qui vous a été dérobé ou doit-on en profiter pour tout changer ? J'ai trouvé vraiment intéressant de voir les réactions opposées des deux époux, aussi amusants l'un que l'autre. Cet aspect du roman est très réussi, et pour moi, l'auteur aurait pu (aurait dû) en rester là.
La seconde partie nous révèle le fin mot de l'histoire. Je l'ai trouvée nettement moins jubilatoire et même un peu forcée.
L'ensemble donne tout de même une lecture divertissante. J'ai souri en tournant les pages, et je me suis souvent dit "oh my God, il n'y a qu'un Anglais pour inventer ça !"
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Alan Bennett nous avait réjoui avec "La Reine des lectrices" une sotie dont l'héroïne n'était autre qu'Elisabeth II.
Du coup, fort de ce succès mérité, Folio sort l'un de ses anciens romans. Les époux Ransome sont de vieux conservateurs de... la middle class londonienne. Un soir, en rentrant du concert, ils trouvent leur appartement cambriolé. Les achats auxquels ils doivent procéder vont les obliger à dépoussiérer leur quotidien. Lui, confit dans ses habitudes, ne l'acceptera pas ; elle au contraire découvrira que le monde a changé.
Chroniqueur acerbe des moeurs de l'Angleterre contemporaine, Alan Bennett peint, à travers les époux Ransome, un portrait désopilant des vieux Anglais d'aujourd'hui, plein de préjugés, mais capables aussi de les dépasser. Son roman aurait pu en rester là. Il perd de son intérêt dans sa seconde partie lorsqu'il dénoue les ficelles de l'intrigue et nous explique les causes de ce cambriolage insolite.
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Alan Bennett campe un couple britannique de la vieille Angleterre, ce so british qui amuse tellement le continent. Il nous promène dans tous les clichés de leur duo petit-bourgeois à l'esprit étriqué qui s'épanouit dans un appartement cossu.

Celui-ci, par un subterfuge que je ne dévoilerai pas, disparaît, entraînant dans son sillage une remise en question chez Mrs Ransome et un « dérangement » des habitudes chez Mr Ransome. Il réapparaîtra plus tard dans le roman.

C'est à ce moment que nous sentirons une rupture dans le ton. de la causticité du début, des rebondissements humoristiques bien britanniques, nous passerons à un soupçon de gravité aboutissant à une fin couleur rose de la morale qui adoucit voire sauve le néant des deux vies parallèles, sans histoires particulières si ce n'est des jardins secrets qu'ils croient inavouables.

« Petit »monde où les sentiments sont camouflés, où l'importance des choses est déplacée sur des objets domestiques, des habitudes, des conforts qui recouvrent de leur inutilité l'essence même de la vie.
La relation aux autres est évoquée : la crainte de l'autre, de sa différence, de ses différences.

Pauvres vies bafouées, on le devine, par tant de servitudes sociales, morales, éducatives et qui se régénéreront sans vraiment prendre conscience profondément de ce qui se passe en elles.
La fin le montre.

Livre délicieux qui transforme notre sourire du début en une légère gravité.

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Lorsque les Ransome rentrent de l'opéra ce soir-là, ils découvrent avec effroi que leur maison a été cambriolée. Mais ce n'est pas un cambriolage ordinaire, puisque les voleurs ont tout emporté, des meubles aux vêtements, en passant par la brosse des toilettes... Cet événement improbable va changer doucement mais sûrement la vie de Mrs Ransome.
Je suis toujours un peu déçue au fil de ma fréquentation de cet auteur (La reine des lectrices, So shocking) et pourtant, je ne peux pas m'empêcher d'y revenir...
Certainement que la concision de l'oeuvre, le ton cynique et irrévérencieux y sont pour quelque chose. Aucun personnage ne semble vraiment sympathique dans cette histoire ; tous les services auxquels font appel les Ransome sont sérieusement égratignés ; Mr Ransome lui-même est un homme austère, sévère et psychorigide, qui n'aime rien tant qu'écouter Mozart et mépriser les autres. Seule Mrs Ransome semble acquérir un peu d'humanité lorsque les circonstances l'obligent à fréquenter les boutiques du quartier qu'elle avait jusque-là snobées. Alan Bennett semble prendre un malin plaisir à faire voler en éclats le quotidien gris et confortable de petits bourgeois coincés et à leur faire découvrir un monde de sensualité par procuration, ce qui est assez cocasse. Ce petit livre est amusant, bien que l'humour d'Alan Bennett ne soit pas toujours très subtile et qu'on ne sache pas vraiment où il veut en venir... Critique de la classe bourgeoise snobinarde, du matérialisme ou simple farce un peu voyeuriste ? Ou peut-être un peu des trois... C'est une lecture agréable et très rapide (moins de cent vingt pages), mais pas incontournable.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Ils possédaient un vaisselier complet, un service à thé, des serviettes et des nappes assorties. Ils avaient des assiettes à dessert, des verres et des plats à gâteaux à ne plus savoir qu’en faire. Des dessous-de-plat pour le service, des dessous de verre pour l’apéritif, des chemins de table pour le dîner. Des serviettes pour les invités et des torchons assortis pour l’évier, ainsi que pour la salle de bain et les W.-C. Ils avaient des couteaux à dessert, des couteaux à poisson et des kyrielles d’autres couteaux, ainsi que de minuscules truelles en ivoire et argent dont Mrs Ransome n’avait jamais très bien compris la fonction. Et pour couronner le tout, une énorme ménagère munie de plusieurs tiroirs, qui recelaient suffisamment de couteaux, de cuillères et de fourchettes pour une tablée de douze personnes. Mr et Mrs Ransome ne recevaient jamais douze personnes à dîner. Ils ne donnaient d’ailleurs jamais de réceptions. Ils utilisaient fort peu les serviettes du service, parce qu’ils n’avaient jamais d’invités. Ils s’étaient coltiné tout ce bazar pendant leurs trente-deux ans de mariage sans que Mrs Ransome en comprenne jamais la raison – et à présent ils en étaient débarrassés. Sans savoir exactement pourquoi, alors qu’elle rinçait leurs deux tasses dans l’évier, Mrs Ransome se mit brusquement à chanter
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Mrs Ransome regarda les pieds du jeune homme. Comme tout le reste de son corps, ils étaient d’une perfection absolue, les orteils n’étaient pas rabougris et crochus comme les siens ou ceux de Mr Ransome. Au contraire ils étaient longs, bien droits et même expressifs – comme si sur une simple injonction ils avaient pu se mettre à jouer d’un instrument de musique, par exemple, avec autant d’aisance que des mains.

– Je ne vous ai jamais croisé dans l’ascenseur, dit-elle.

– Je dispose d’une clé spéciale, qui m’évite de m’arrêter aux autres étages, dit-il en souriant. C’est assez pratique.

– Ca l’est moins pour nous, dit Mrs Ransome.

– C’est exact, dit-il en riant, sans paraître offensé. Mais je paie un supplément pour ce léger privilège.

– Je ne savais pas qu’on avait le droit de faire ça, dit Mrs Ransome.

– On ne l’a pas, dit-il.

Mrs Ransome songea brusquement qu’il devait s’agir d’un chanteur mais n’osa pas lui poser la question, craignant qu’il cesse de la traiter d’égal à égal. Elle se demanda aussi s’il n’était pas drogué. En tout cas, le silence ne semblait nullement lui peser et il restait allongé, détendu et souriant, à l’autre bout du canapé.

– Je vais vous laisser aller, dit Mr Ransome.

– Pourquoi donc ?

Il se gratta l’aisselle puis fit un geste de la main, en désignant la pièce.

– C’est elle qui a conçu tout ça.

– Qui ?

Il montra les débris de la lettre.

– Elle a refait l’appartement. Elle est décoratrice. Ou du moins elle l’était. Elle s’occupe maintenant d’un ranch, au Pérou.

– Elle élève du bétail ? demanda Mrs Ransome.

– Des chevaux.

– Oh, dit Mrs Ransome. C’est bien. Il ne doit pas y avoir beaucoup de gens qui soient capables de faire ça.

– De faire quoi ?

– D’être décoratrice et puis… d’élever des chevaux.

Le jeune homme réfléchit à la question.

– Non, en effet, dit-il. Mais c’était son genre. Comment dire…sporadique… Qu’en pensez-vous ? ajouta-t-il en désignant la pièce.

– ça vous plaît ?

– Eh bien, dit Mrs Ransome, c’est un peu étrange mais il y a de l’espace.

– Oui, c’est un très bel espace.

Ce n’est pas exactement ce que Mrs Ransome voulait dire. Mais le concept d’espace ne lui était pas tout à fait étranger car on n’en parlait beaucoup, l’après-midi, à la télévision de l’espace dont les gens avaient besoin, de celui qu’ils étaient prêts à concéder et de celui sur lequel il n’était pas question d’empiéter.
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Mrs Ransome regarda les pieds du jeune homme. Comme tout le reste de son corps, ils étaient d'une perfection absolue, les orteils n'étaient pas rabougris et crochus comme les siens ou ceux de Mr Ransome. Au contraire ils étaient longs, bien droits et même expressifs - comme si sur une simple injonction ils avaient pu se mettre à jouer d'un instrument de musique, par exemple, avec autant d'aisance que des mains.
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Ils continuèrent donc d'écouter en silence les rires qui se prolongeaient, presque sans interruption; puis, au bout de trois ou quatre minutes, ils s'estompèrent, s'espacèrent et l'un des deux - impossible de deviner lequel - se changea peu à peu en une sorte de halètement essouflé, qui se tranforma à son tour en un grognement assourdi; un long cri retentit ensuite, prolongé par une série d'exclamations saccadées, etouffées, aussi graves et appliquées que les premières étaient joyeuses. A un moment donné, le micro se rapprocha pour mieux capter un son si moite, si mouillé qu'il paraissait à peine humain.
- On dirait de la crème en train de bouillir, dit Mrs Ransome, tout en sachant fort bien que ce n'était pas le cas: la préparation de la crème anglaise demande rarement des efforts aussi intenses que ceux qui étaient apparemment déployés ici; et a-t-on jamais entendu de la crème émettre des gémissements pressants, ou les cuisinières pousser de longs cris plaintifs lorsque la crème monte et commence à déborder de la casserole?
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Ils possédaient un vaisselier complet, un service à thé, des serviettes et des nappes assorties. Ils avaient des assiettes à dessert, des verres et des plats à gâteaux à ne plus savoir qu'en faire. Des dessous-de-plat pour le service, des dessous de verre pour l'apéritif, des chemins de table pour le dîner. Des serviettes pour les invités et des torchons assortis pour l'évier, ainsi que pour la salle de bain et les W.-C. Ils avaient des couteaux à dessert, des couteaux à poisson et des kyrielles d'autres couteaux, ainsi que de minuscules truelles en ivoire et argent dont Mrs Ransome n'avait jamais très bien compris la fonction. Et pour couronner le tout, une énorme ménagère munie de plusieurs tiroirs, qui recelaient suffisamment de couteaux, de cuillères et de fourchettes pour une tablée de douze personnes. Mr et Mrs Ransome ne recevaient jamais douze personnes à dîner. Ils ne donnaient d'ailleurs jamais de réceptions. Ils utilisaient fort peu les serviettes du service, parce qu'ils n'avaient jamais d'invités. Ils s'étaient coltiné tout ce bazar pendant leurs trente-deux ans de mariage sans que Mrs Ransome en comprenne jamais la raison - et à présent ils en étaient débarrassés. Sans savoir exactement pourquoi, alors qu'elle rinçait leurs deux tasses dans l'évier, Mrs Ransome se mit brusquement à chanter
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Vidéo de Alan Bennett
Bande annonce (en VO) du film The lady in the Van, adaptation du roman La dame a la camionnette d'Alan Bennett.
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