Alan Bennett campe un couple britannique de la vieille Angleterre, ce so british qui amuse tellement le continent. Il nous promène dans tous les clichés de leur duo petit-bourgeois à l'esprit étriqué qui s'épanouit dans un appartement cossu.
Celui-ci, par un subterfuge que je ne dévoilerai pas, disparaît, entraînant dans son sillage une remise en question chez Mrs Ransome et un « dérangement » des habitudes chez Mr Ransome. Il réapparaîtra plus tard dans le roman.
C'est à ce moment que nous sentirons une rupture dans le ton. de la causticité du début, des rebondissements humoristiques bien britanniques, nous passerons à un soupçon de gravité aboutissant à une fin couleur rose de la morale qui adoucit voire sauve le néant des deux vies parallèles, sans histoires particulières si ce n'est des jardins secrets qu'ils croient inavouables.
« Petit »monde où les sentiments sont camouflés, où l'importance des choses est déplacée sur des objets domestiques, des habitudes, des conforts qui recouvrent de leur inutilité l'essence même de la vie.
La relation aux autres est évoquée : la crainte de l'autre, de sa différence, de ses différences.
Pauvres vies bafouées, on le devine, par tant de servitudes sociales, morales, éducatives et qui se régénéreront sans vraiment prendre conscience profondément de ce qui se passe en elles.
La fin le montre.
Livre délicieux qui transforme notre sourire du début en une légère gravité.