Citations sur La Florentine, tome 3 : Fiora et le pape (23)
Une femme intelligente peut s’accommoder du pire des mariages dès l’instant où elle a des amis pour l’aider, et vous avez en moi une amie.
Je ne cherche que le plaisir et plus la femme est rare plus le plaisir est grand. Le plaisir, ma Florentine ! Si vous ne le connaissez pas je saurai vous l’apprendre, car il est plus enivrant s’il est partagé.
Tu es comme une source longtemps espérée et qu’un miracle a fait jaillir du rocher le plus noir et le plus aride. Ne plus y boire serait pour moi une cruelle souffrance.
Le vocabulaire de la passion n’avait rien à faire ici, ils savaient tous deux que leur union prenait racine dans un passé de longue admiration mutuelle, sans doute, mais aussi dans une sorte d’instinct qui les avait poussés à se joindre.
Les femmes le trouvaient charmant, à cause de ses yeux languides et des fréquentes rougeurs qui fardaient ses pommettes, mais les hommes, devant son évidente fragilité, bombaient le torse et se sentaient confirmés dans leur supériorité de mâles ; contents d’eux, ils l’étiquetaient avec une satisfaction un brin dédaigneuse : un blanc-bec !
Entrer en amitié c’est comme entrer en religion. Cela crée des obligations et un lien véritable. L’amitié, vois-tu, c’est l’amour sans ailes. C’est moins exaltant peut-être, mais tellement plus solide.
Les livres lui furent d’un grand secours. Borgia, qui ne lisait jamais rien, en avait réuni par vanité une grande quantité, surtout des auteurs grecs et latins, mais il choisissait pour elle les plus licencieux et Fiora l’ébahit quand elle lui réclama sèchement des auteurs « sérieux » comme Aristote ou Platon.
A longueur d’année, de pauvres gens usent leurs forces et leur argent sur toutes les routes d’Europe pour venir prier dans cette ville qu’ils croient sainte, en laquelle ils voient la Jérusalem céleste et le centre de toutes les vertus, alors que ce n’est rien d’autre qu’un cloaque !
Le rapt était la distraction favorite de la noblesse : on enlevait une femme ou une jeune fille, on l’emmenait dans un endroit écarté pour festoyer, après quoi l’on ramenait l’héroïne involontaire de la fête à proximité de sa demeure. Cela suscitait, bien sûr, des vengeances, mais la vengeance était élevée, à Rome, à la hauteur des beaux-arts. Plus elle était cruelle et plus on l’applaudissait.
Je suis ennemi du désordre et, si je suis l’ami de la liberté, ce n’est certes pas celle que nous vivons en cette époque : la liberté de tuer, d’opprimer, d’égorger au coin des rues, liberté de transformer Rome en coupe-gorge, votre liberté à vous et à vos pareils. La mienne n’est pas celle qui vous permet à vous, prince de l’Église, d’enlever nuitamment une religieuse. Évidemment, elle est plus que belle !