Prudente autant qu’ambitieuse, Jeanne refuse de s’encanailler dans les lieux de plaisir qu’affectionne Germaine, tel le fameux bal Mabille. Consciente de sa beauté et de sa distinction naturelle, les amours de rencontre, la vie de Germaine et autres grisettes du quartier ne la tentent pas. Ce qu’elle veut, c’est arriver et s’il faut absolument en passer par la galanterie du moins entend-elle appartenir au sommet de la profession.
Après quelques mois, elle décide que le théâtre est encore le meilleur moyen de se faire connaître.
La misère suit de près. Il ne peut plus être question de payer des études à Jeanne et celle-ci, désolée, doit abandonner ses livres pour les caves Pommery tandis que sa mère, incapable de vivre sans un homme, s’éprend d’un serrurier qui a, pour la bouteille, un penchant certain.
Les feux de la rampe, les illuminations des fêtes, l’excitation du plaisir et le fracas de la renommée n’ont jamais créé un climat propice au bonheur. Il est une plante fragile qui s’épanouit souvent dans l’obscurité et le silence. Certaines – pas beaucoup ! – ont réussi ce coup de maître d’une existence heureuse une fois éteints les projecteurs qui les épinglaient au pilori d’une célébrité de bon ou de mauvais aloi comme le papillon sur la planche de l’entomologiste.