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Citations sur L'orme aux loups (27)

Oubliant froid et douleur, il se mit à courir aux quatre coins de la fougeraie, mais d’aucun point sa vue ne portait assez loin. Il revint à son tombereau, s’appuya sur une frette puis se hissa sur le toit pour tenter de déchiffrer un signe de vie au-delà des brumes et ombres coalisées contre lui. Une colline couronnée de remparts lui apparut alors au-dessus des arbres. Suffoqué de joie, il redescendit en un bond de son perchoir et, redevenu aussi neuf qu’au printemps giroselles, arnicas et lupins dans les vallées de son pays, reprit son souffle en remerciant Dieu, le front appuyé sur l’encolure de son cheval.
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Or, au bout de quelques toises, le sort parut enfin s’adoucir. Les haies de broussailles s’évasèrent et le chemin qu’elles bordaient jusque-là s’évanouit dans un essart.
– Un bois de taille ! Le village n’est pas loin ! murmura-t-il en même temps que l’espoir lui revenait au cœur. Mais de quel côté est-il ? Je n’y vois rien d’ici.
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Alors que la neige avalait ses pas et que le vent cisaillait son visage, Fondari avançait dans ses hardes trempées sans montrer le premier signe de renoncement. Cependant, les présages s’assombrissaient encore : les roues de sa charrette enfonçaient à chaque tour, le maquis semblait devenir plus dense, et sa rosse ne pouvait plus qu’à peine étirer le cou pour arracher un rameau aux buissons de genévriers. S’il ne trouvait pas à faire halte avant peu, le sentier escarpé où il bataillait pied à pied contre les éléments ne le mènerait qu’à sa mort.
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Sancerre, haut Berry, hiver 1584
Fondari avait franchi à pied plus de cent lieues à travers forêts et montagnes, marais et lacs gelés. Or, ce qui paraissait le plus étrange aux gens de rencontre n’était pas qu’il fût demeuré en vie malgré l’adversité du ciel, mais les grognements inouïs provenant de sa charrette, une banne entièrement aveuglée, tirée par un cheval à bout de forces. Jeunes ou vieux qui croisaient ce sombre cortège, et femmes autant qu’hommes, en étaient tant effrayés qu’en quelque contrée où il parvenait Fondari était précédé par sa propre légende, celle d’un voyageur mystérieux, noir de cape et de chapeau, et de son croque-mitaine. Il n’en alla pas différemment en ce soir de décembre, tandis que, sans le savoir, il approchait de Sancerre.
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Le vieux guerrier attendait l'assaut. Par le sang de sa haute lignée, qui avait résisté aux massacres et aux félonies, il jura qu'il ne céderait pas un pouce de sa terre au légat du diable grondant devant lui.
- Approche !
Or, si Fulbert commandait à tout homme en ce pays, l'ours se moquait de ses injonctions, préférant lécher sa plaie à l'épaule. Soudain, son attitude changea. Il avança en balançant sa tête vers Bueil crispé sur son éperon et le bouscula d'un coup de truffe qui fut plus rude que féroce. Le comte s'effondra en geignant sans avoir porté la moindre attaque et ne put que regarder la bête s'emparer du chapelet de crépine et de lard qui aurait dû faire le repas des chasseurs, puis tranquillement quitter la place, satisfait de son chapardage.
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Le visage de Joachim avait pâli, ce qu'on n'aurait guère cru possible, au-delà de son apparence ordinaire. Son ton et aussi son élocution changèrent.
- Ton ours, articula-t-il péniblement, il me revient en tête qu'en ce moment même mon père et Lacramont sont en route pour le tuer.
- Pour le tuer ?
Fondari se leva et se mit à tourner nerveusement sous la charpente.
- C'est impossible. Il faut à toute force que je sorte maintenant et que j'empêche ce qui va arriver.
Joachim secoua tristement la tête.
-Je comprends que tu sois malheureux, mon ami. J'accepte même que tu sois révolté. Cette bête est ton compagnon depuis longtemps, et sans elle tu n'auras plus de quoi vivre à ta façon.
Fondari arrêta net sont tournoiement et regarda son protecteur avec étonnement.
- Monseigneur, si je suis malheureux et révolté, ce n'est que parce que j'ai soin de vous, que j'enrage d'être retenu ici et interdit d'agir pour votre bien.
- Je comprends mal. Que veux tu dire ?
- Vous m'avez bien dit que votre ^ère, le comte, et son piquenaire pénétraient dans les bois à la minute où nous nous parlons ?
- Oui, assurément ils y sont en ce moment.
Fondari se tut quelques secondes et frappa à petits coups son front contre une échantignole.
- Alors oui, monseigneur, je suis malheureux. Mais c'est pour vous que je le suis, car vous n'avez plus de père...
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- C’est ma gamine ! Ma gamine ! Ma gamine !
L’aubergiste la héla depuis son fourneau.
- Et quoi donc qu’elle a, c’te gamine ?
La femme s’avança en titubant et se tordant les mains.
- Des loups ! Des loups l’ont prise ! Ah, quelle misère ! C’en étaient ! C’en étaient !
Autour, les pécores à la trogne violette tressaillirent. Le souvenir des ravages causés par les loups l’hiver dernier jusqu’aux abords des maisons était encore vif.
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