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Citations sur L'orme aux loups (27)

Fondari fixa son convoi à l’anneau d’un pignon aveugle, à l’écart, afin de ne pas apeurer la dizaine de chevaux alignés contre le mur de l’auberge où il avait projeté de souper. Comme il en approchait, une rumeur joyeuse l’enveloppa, mais dès qu’il eut franchi le seuil, loin d’enfler, elle se dissipa. Les bateliers et les charbonniers qui se réchauffaient en lapant un brouet au pain noir, les maquignons ripaillant au retour de la foire de Sancoins, le barbier chirurgien qui avait la réputation d’exceller dans son premier métier mais pas dans le second, et jusqu’au rimailleur tirant des vers sans charme de son gosier rincé à la piquette, tous firent silence.
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France XVIème siècle, loup
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— Que voulez-vous qu’un montreur d’ours venu de si loin ait eu à reprocher, au point de les tuer aussi sauvagement, à deux hommes qu’il ne connaissait pas ?
— Sa bête…
— Balivernes ! Sa bête se terre dans la forêt de l’Orme aux loup, plus effrayée sans doute par nous que nous par elle, et n’aurait pu en tout cas montrer assez de discernement pour attaquer précisément deux membres de votre police plutôt que cette enfant deJeanne, la lingère, ou quelque autre habitant de la ville. Non, le criminel n’est ni l’étranger ni son ours, mais bien un homme d’ici, etpeut-être bien un de vos familiers qui souhaite vous atteindre vous-même, monsieur le bailli, et y réussit d’autant mieux que vous nesongez pas à lui donner la chasse…
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Le guichet s’ouvrit. Une tête flétrie y apparut comme en un médaillon, pareille aux autres mascarons ornant les pieds-droits : gorgones, silènes ou tritons.
– Ouvre, beugla le brigadier.
Le porte-clés s’exécuta. Aussitôt, les gens d’armes poussèrent vigoureusement leur prisonnier dans le vestibule.
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Il se défit de ceux qui l’empoignaient et avança de quelques pas dans la direction où il avait attaché sa charrette une heure plus tôt.
Son cheval, les yeux agrandis par la peur, secouait les lambeaux de son harnais et du tombereau éventré, dont la litière était éparpillée dans la neige.
Fondari parut épouvanté.
– Il s’est échappé !
– Toi, tu ne t’échapperas pas, asséna le brigadier en pressant les autres à la manœuvre.
Agrippé par dix mains, Fondari ne tenta pas de résister. Sous les yeux incrédules de sa protégée, que tout espoir avait de nouveau quittée, il se laissa mener à travers les ruelles, les poignets menottés.
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Le brouillard s’était répandu sur la ville haute et y étouffait chaque chose. Si l’on étendait le bras, on ne voyait plus sa propre main.
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Il lui sourit.
– Allons déjà à l’endroit où votre enfant a disparu.
La bienveillante fermeté de Fondari lui entrouvrit le cœur. Un peu apaisée, elle l’écoutait sans méfiance malgré le rugueux accent qui bosselait ses mots. Il lui parlait comme aux animaux pour les apprivoiser, et bientôt la paysanne le fut à peu près.
– Je veux bien.
– Je connais les loups. Nombreux ceux qui rôdent mais moins ceux qui tuent, et je n’en connais pas qui emportent leur proie. Allons, votre fille est peut-être encore bien en vie, à vous appeler. Et si elle ne l’est plus, je jure que les fauves ne pourront pas se repaître d’elle. Venez, ne tardons pas !
Elle protesta faiblement.
– Mais c’est que je les ai vus, les loups.
– Pas tant que moi.
Fondari lui sourit de nouveau, avec bonté, puis l’entraîna à l’extérieur.
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Fondari, lui, avait souvent croisé de pires bêtes sauvages qu’une femme bouleversée ; il n’éprouvait donc en sa présence ni répugnance ni embarras.
– Je vais vous la retrouver, votre petite.
Sa voix bien timbrée enveloppa aussitôt la désespérée dans une sorte de rêve où sa colère tomba.
– La r’trouver ?
Il chercha à saisir son regard. Lorsqu’elle comprit ce qu’il voulait, d’abord elle rechigna, comme si elle avait dû se montrer nue en plein carillon. Mais comme il ne renonçait pas à attendre qu’elle lève les yeux sur lui, elle finit par y consentir. Depuis quand quelqu’un l’avait-il regardée dans le fond de l’âme ? L’avait-on jamais fait ?
– Mais pour la r’trouver, faudrait aller au-delà du monde !
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– Calmez-vous, je vous en prie.
Elle se rebella en agitant les bras.
– Me calmer ? J’aurai plus jamais d’calme ni d’joie ! Ma gamine ! Ma gamine !
La salle était envahie par un sentiment de gêne, et aussi par une sorte de crainte sacrée. « Le mal s’est abattu sur elle, pensaient confusément les mangeurs. Comme il a eu sa part, il nous laissera tranquilles. » Mais pour que la partie reste égale, il fallait surtout ne pas lui contester son tribut : l’enfant était perdue, sans doute déjà croquée, il n’y avait plus rien à y redire. Sa mère qui braillait ne suscitait donc aucune pitié, mais une désapprobation générale.
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Autour, les pécores à la trogne violette tressaillirent. Le souvenir des ravages causés par les loups l’hiver dernier jusqu’aux abords des maisons était encore vif.
– Sortis de l’enfer ! Ils ont emmené ma p’tite ! Oh, ma p’tite dans les flammes !
Elle suffoquait de terreur et, reculant vers la porte comme si elle ne voyait plus que loups affamés autour d’elle, elle trébucha contre Fondari.
Cette fois-ci, il avait eu le temps de prévoir le choc. Il saisit la femme aux épaules pour la retenir de tomber.
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