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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà.
Je viens de passer quelques deux cents pages intrigantes en compagnie deLa Taupe.
Kenneth Bernard nous promène ans une sorte de monde des limites.
Au gré des souvenirs et impressions du héros , nous apparaît une ville étrange en train de s'éteindre. Il m'a semblé évoluer un peu dans les pages de Jacques Sternberg, accommodées d'un zeste de Brazil et d'un soupçon de Robbe -Grillet...
Le littoral et ces inquiétants goéland ressemble à une fin du monde qui traîne en longueur, où -paradoxalement- La Taupe et ses compagnons Manchots trouvent une exaltation pleine de vitalité.
Ah! Ces cris des goélands...
La Taupe rencontre des personnages parfois déplaisants ou hostiles... Comme dans un rêve qui n'est pas vraiment un cauchemar et duquel on a du mal à s'extirper, la situation du héros se délite et s'embourbe dans des situations aussi grotesques qu'inquiétantes. Les menaces sont voilées, et l'on se demande si elles ne ressortent pas plus de l'imagination dégradée de la Taupe que d'une réalité effective.
Le livre est tout de même éclairé par le touchant souvenir que La Taupe garde de son fils lorsque celui-ci était un enfant. Aussi, de ce spectacle à la fois grandiose et dérisoire "Goélands argentés à l'aube", fruit d'un partage créatif du club primitif des Manchots... Ou encore cette déchirante réminiscence sur un artiste de rue disparu.

Le livre de Kenneth Bernard, une fois refermé, ne me laissera pas tranquille.
Hanté, j'y reviendrai faire un tour.

Un mot, sur l'objet-livre.
La mise en page est fort agréable, avec des têtes de chapitres très graphiquement sobres et léchées.
Connaissant Marc-Antoine Mathieu, il n'est pas surprenant que l'auteur des aventures de Julius-Corentin Acquefacques ait illustré la couverture.

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Encore un objet littéraire unique qui, grâce aux remarquables éditions Attila, a atterri dans mes mains reconnaissantes, sans être toutefois exactement un ovni car les filiations avec George Orwell, Terry Gilliam (Brazil) et surtout Franz Kafka sont frappantes.

« Mon espace personnel, comme le corps des lépreux, s'est amenuisé au fil des années. D'une façon ou d'une autre, j'ai été découvert, on a empiété sur mon territoire, la pourriture m'a colonisé. »

John, surnommé La Taupe, a décidé de prendre des notes sur sa vie … pour se distraire. le titre du roman suggère que celles-ci, comme tout écrit produit dans cette société future, ont été versées aux Archives du district, organe de recensement et de contrôle de tous les actes et opinions des citoyens.

Les distractions justement, sont devenues rares, ou en tout cas sont initiées par l'autorité du district, tyrannique et omniprésente, et totalement soumises à ses règles et contrôles incessants. Les notes initiales de la Taupe mêlent des comptes-rendus d'activités quotidiennes (présence à un match de football, visite à la Poste, à la banque ou au supermarché), et des rencontres avec ses voisins en butte à une violence apparemment arbitraire. Comme les autorités, La Taupe analyse les moindres faits et gestes du quotidien à la loupe, les disséquant avec une précision clinique et obsessionnelle.

Dans cette société désenchantée, sans enfants et sans joie, les relations sociales non contrôlées ont disparu. Les seuls humains avec lesquels le narrateur a une interaction ont soit une fonction utilitaire (guichetier, caissière…), soit sont des voisins croisés dans l'escalier, soit un ami imposé par l'administration. L'horreur de cette tyrannie exercée à tout instant sur des vies non seulement coupées de relations sociales, mais aussi d'une nature supposément devenue toxique pour l'homme, se révèle au fur et à mesure des chapitres, en particulier lorsqu'on aborde le sujet des clubs d'enterrement. Chaque habitant, au-delà de 55 ans, doit appartenir à un club d'enterrement, en vue - officiellement - de préparer pour chacun des conditions dignes pour son futur enterrement.

« Un des points forts des clubs d'enterrement est le système du binôme, une rémanence des jours de piscine de l'enfance, quand c'était une précaution contre la noyade. Chacun doit avoir un copain. Un copain est donc assigné à chaque membre, qui doit le contacter au moins une fois par jour, un peu comme lever les mains jointes à la piscine lors de l'appel. »

« le district décourage la satisfaction des pulsions tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du club, mais propose bel et bien un service d'assistants sensuels, aussi bien mâles que femelles, avec un calendrier et une liste de prestations. le district interdit formellement certaines formes de plaisir, comme par exemple : tout ce qui est anal, privant ainsi une partie, marginale mais indéniable, de la population, de satisfactions légitimes. »

La Taupe, enfermé dans un morne quotidien et dans l'acceptation du système, gagne en lucidité au fur et à mesure de ses observations et de ses notes, et par ses contacts avec des résistants, rapidement identifiés et écrasés par le système.

Décrivant une société à la fois monstrueuse et très proche de la nôtre, « Extraits des archives du district » est juste une lecture indispensable, en plus d'être un très grand livre.
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Un homme entreprend un journal pour y consigner tous les évènements étranges dont il est témoin, mais dont personne ne parle.
Un savant mélange de Wells, Orwell, Kafka et Grégoire Hervier ("ZenCity", le diable Vauvert). Aussi angoissant que "Matin Brun".
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Une subtile et forte fable dystopique. L'encadrement paisible de la résignation. Un roman essentiel

Désormais sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2014/03/12/note-de-lecture-extraits-des-archives-du-district-kenneth-bernard/
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