Toute la nuit... J’ai cru entendre le chromosome en plus qui tournait dans ma case en moins.
Page 63, Jungle, 2017.
On ne sait jamais qui a raison ou qui a tort. C’est difficile de juger. Moi, j’ai longtemps donné raison à tout le monde. Jusqu’au jour où je me suis aperçu que la plupart des gens à qui je donnais raison avaient tort ! Donc, j’avais raison ! Par conséquent, j’avais tort ! Tort de donner raison à des gens qui avaient le tort de croire qu’ils avaient raison. C’est-à-dire que moi qui n’avais pas tort, je n’avais aucune raison de ne pas donner tort à des gens qui prétendaient avoir raison, alors qu’ils avaient tort. J’ai raison, non ? Puisqu’ils avaient tort ! Et sans raison, encore ! Là, j’insiste, parce que… moi aussi, il arrive que j’aie tort. Mais quand j’ai tort, j’ai mes raisons, que je ne donne pas. Ce serait reconnaître mes torts !!! J’ai raison, non ? Remarquez… il m’arrive aussi de donner raison à des gens qui ont raison aussi. Mais, là encore, c’est un tort. C’est comme si je donnais tort à des gens qui ont tort. Il n’y a pas de raison ! En résumé, je crois qu’on a toujours tort d’essayer d’avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons[…] »
Raymond Devos, héros de bande-dessinée, après tout, ce n'est pas si étonnant. Contemporain de nos idoles d'enfance, Raymond n'avait pas son pareil pour mêler les textes et les images. Comme chacun des auteurs qu'on trouve dans cet ouvrage, c'est encore sur les planches qu'il s'exprimait le mieux.
Extrait de la préface de François Morel.