Ils ne se souviennent pas de ces lamentables tergiversations pour savoir si le patois local était langue ou pas (1), s'il avait une grammaire ou non, s'il fallait ou pas une université à la Corse( 2), révélant par là-même un pacte obscurantiste avec l'ignorance et la non formation des hommes.
Ile ne se souviennent pas des interdits symptomatiques(3) prononcés à l'égard de la Corse qui chante, qui crée, dans une île où il n'y avait sans doute que cette menace, ce chat-là à fouetter.
ils ne se souviennent pas combien cette île a longtemps et pacifiquement cherché soutien du côté da la loi pour n'y trouver qu'hostilité face à des attentes justes, légitimes, et tellement admises sous d'autres cieux.
Que de retard et d'archaïsme pour envisager sereinement l'avenir!
Si c'est peut-être en tout cela que s'est progressivement forgé le processus de sédimentation du mal vivre insulaire, avec ce qu'il a pu entraîner de révolte ou de résignation, de frustration ou de convulsions, là est aussi l'indécence.
L'indécence de l'oubli.
1) La première loi reconnaissant les langues régionales en France date de 1952. La dite "Loi Deixonne" consentait un timide début de reconnaissance à toutes les langues régionales de France, excepté le Corse.
2) Après la fermeture irrémédiable de l'Université de Corse, dès 1769, celle-ci ne sera réouverte que deux siècles plus tard, en 1981, au prix d'une forte pression populaire, essentiellement conduite par les mouvements autonomistes et nationalistes, face aux farouches réticences de l'Etat et de la quasi totalité de la classe politique régionale.
3) Jusqu'en septembre 1984, certains concerts du groupe "I Muvrini", entre autres, ont été interdits en Corse par arrêté municipal pour trouble à l'ordre public.
Ils pourraient par milliers vous parler de leur combat pour demeurer dignes, libre et citoyen autant que l'on puisse l'être au cœur d'un système per lui-même délinquant.
Rencontre avec François VAILLANT & J-F BERNARDINI thème: La Corse, terre de non violence? Part3