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Citations sur Maîtres anciens (43)

« Je marche donc dans la ville et je pense que je ne supporte plus cette ville et que non seulement je ne supporte plus cette ville, que je ne supporte plus le monde entier et, par conséquent, l’humanité entière, car le monde et l’humanité entière sont devenus entre-temps si horribles qu’ils ne seront bientôt plus supportables, du moins pour un homme comme moi. Pour un homme de raison tout comme pour un homme de sentiment comme moi, le monde et l’humanité ne seront bientôt plus supportables, sachez-le, Atzbacher. Je ne trouve, dans ce monde et parmi ces hommes, plus rien qui ait quelque valeur pour moi, a-t-il dit, dans ce monde tout est stupide et dans cette humanité tout est aussi stupide. Ce monde et l’humanité ont atteint aujourd’hui un degré de stupidité qu’un homme comme moi ne peut pas tolérer, a-t-il dit, un tel homme ne doit plus faire partie de la vie d’un tel monde, un homme tel que moi ne doit plus faire partie de l’existence d’une telle humanité, a dit Reger. Tout, dans ce monde et dans cette humanité, est ravalé au niveau le plus bas, a dit Reger, tout, dans ce monde et dans cette humanité, a atteint un tel degré de danger et d’ignoble brutalité qu’il m’est déjà presque impossible de me maintenir ne serait-ce qu’un seul jour, et puis encore un autre, dans ce monde et dans cette humanité. Un tel degré d’ignoble stupidité, même les penseurs les plus clairvoyants de l’histoire ne l’ont pas cru possible, a dit Reger, et pour ce qui est de nos poètes fameux du monde et de l’humanité, eh bien, ce qu’ils ont prédit et prophétisé au monde et à l’humanité, en fait d’abomination et de décadence, n’est rien comparé à la situation actuelle. Dostoïevski lui-même, l’un de nos plus grands voyants, il n’a décrit l’avenir que sous l’aspect d’une idylle ridicule, tout comme Diderot n’a décrit qu’un avenir ridiculement idyllique, l’enfer atroce de Dostoïevski est tellement anodin comparé à celui dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui qu’on en a des sueurs froides rien que d’y penser, les enfers prédits et prophétisés par Diderot, pareillement. L’un, de son point de vue russe tourné vers l’Orient, a aussi peu prévu et prédit et prophétisé cet enfer absolu que son pendant, penseur et écrivain tourné vers l’Occident, Diderot. Le monde et l’humanité sont parvenus à un état infernal auquel le monde et l’humanité n’étaient encore jamais parvenus au cours de l’histoire, voilà la vérité, voilà ce qu’a dit Reger. En fait, c’est positivement idyllique, tout ce que ces grands penseurs et ces grands écrivains ont prophétisé, a dit Reger, tous tant qu’ils sont, bien qu’ils aient estimé avoir décrit l’enfer, n’ont tout de même écrit qu’une idylle positivement idyllique, voilà ce qu’a dit Reger. Tout ce qu’on trouve aujourd’hui est rempli de grossièreté et rempli de méchanceté, de mensonge et de trahison, a dit Reger, jamais l’humanité n’a été aussi impudente et perfide qu’aujourd’hui. Où que nous regardions, où que nous allions, nous ne voyons que méchanceté et bassesse et trahison et mensonge et hypocrisie et jamais rien que l’abjection absolue, peu importe ce que nous regardons, peu importe où nous allons, nous sommes confrontés à la méchanceté et au mensonge et à l’hypocrisie. Que voyons-nous d’autre que mensonge et méchanceté, qu’hypocrisie et trahison, qu’abjection la plus abjecte lorsque nous sortons ici dans la rue, lorsque nous nous hasardons à sortir dans la rue, a dit Reger. Nous sortons dans la rue et nous entrons dans l’abjection, a-t-il dit, dans l’abjection et dans l’impudence, dans l’hypocrisie et dans la méchanceté. »
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En fin de compte, il est bien mieux de ne lire que trois pages d’un livre de quatre cents pages mille fois plus à fond que le lecteur normal qui lit la totalité du livre, sans lire une seule page à fond, dit-il. Il est mieux de lire douze lignes d’un livre avec une intensité maximale et ainsi de les pénétrer totalement, comme on peut le dire, que de lire le livre entier comme le lecteur normal qui à la fin connaît aussi peu du livre qu’il a lu que le passager d’un avion un paysage qu’il survole. Il ne perçoit même pas les contours. C’est ainsi que tous les gens lisent tout aujourd’hui, en survolant, ils lisent tout et ne connaissent rien. Je rentre dans un livre et m’y installe de tout mon corps, rendez-vous compte, dans une ou deux pages d’un ouvrage philosophique, comme si j’étais en train d’entrer dans un paysage, une nature, un État, un fragment de la Terre si vous voulez, afin de pénétrer totalement et pas à moitié ce fragment, afin de l’explorer et, une fois celui-ci exploré, d’en déduire la totalité avec toute la profondeur dont je dispose.
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Celui qui a volé vingt schillings est poursuivi par la justice et incarcéré, celui qui a détourné des millions et des milliards, et qui a rang de ministre, dans le meilleur des cas est chassé moyennant une retraite colossale et oublié tout aussitôt .
p 192
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Parler avec les jeunes ne mène à rien, pensai-je, et celui qui soutient le contraire n'est qu'un hypocrite, car le fait est que les jeunes gens ne disent rien aux plus vieux qu'eux ni aux vieux en général, voilà la vérité ; ce que les jeunes disent aux vieux est absolument inintéressant, absolument, pensai-je, et c'est faire preuve de la plus grande hypocrisie que de soutenir le contraire. Il a toujours été moderne de dire que les vieux doivent parler avec les jeunes parce que les jeunes auraient beaucoup de choses à dire aux vieux, mais ce n'est pas du tout le cas : les jeunes n'ont absolument rien à dire aux vieux. Bien entendu, les vieux auraient quelque chose à dire aux jeunes, mais le fait est que les jeunes ne comprennent pas ce que les vieux leur disent, parce qu'ils ne peuvent pas du tout le comprendre et donc aussi parce qu'ils ne veulent pas du tout le comprendre.
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Faire des cadeaux est une habitude épouvantable, naturellement contractée par mauvaise conscience et, très souvent aussi, par la peur commune de la solitude.
p 163
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Il n'y a rien à admirer , rien, rien du tout. Parce que le respect et l'estime sont trop difficiles pour les gens, ils admirent, cela leur coûte moins cher . L'admiration est plus facile que le respect, que l'estime, l'admiration est le propre de l'imbécile . Seul l'imbécile admire, l'intelligent n'admire pas, il respecte, estime, comprend, voilà.
p 101
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Les gens falsifient tout, ils falsifient jusqu'à l'enfance qu'ils ont eue.
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L'enfance est le trou noir où l'on a été précipité par ses parents et d'où l'on doit sortir sans aucune aide. Mais la plupart des gens n'arrivent pas à sortir de ce trou qu'est l'enfance, toute leur vie ils y sont, n'en sortent pas et sont amers.
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Seul l'imbécile admire, l'intelligent n'admire pas, il respecte, estime, comprend, voilà.
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Bruckner est un compositeur négligent, tout comme Stifter est un écrivain négligent, cette négligence haute-autrichienne, ces deux-là l’ont en commun. Tous deux ont pratiqué un art soi-disant soumis à la volonté divine et qui est un danger public. Le torrent sonore brucknérien a conquis le monde, peut-on dire, la sentimentalité et la solennité hypocrite triomphent chez Bruckner.
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