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Citations sur Oui (24)

Incroyable ,la rapidité avec laquelle la meilleure relation,quand on lui demande plus qu'elle ne peut donner,se détériore et finit par se consumer entièrement.
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Mais, comme il m’a fallu en faire l’expérience la plus douloureuse dans ma tête, cette prise de conscience vient toujours trop tard, et il n’en reste – s’il en reste quelque chose – que de la désespérance, la conscience immédiate de ce que cet état destructeur pour l’esprit, les sentiments, et finalement le corps, une fois bien installé, ne pourra jamais plus être modifié par rien.
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Nous n'arrêtons pas de chercher partout des raisons cachées et nous n'avançons pas, nous ne faisons que tout compliquer et embrouiller encore davantage ce qui est déjà assez compliqué et embrouillé. Nous cherchons quelqu'un à accuser de notre sort, que, pourtant, la plupart du temps, si nous sommes honnêtes, nous ne pouvons appeler que malchance. Nous nous creusons la tête pour savoir ce que nous aurions dû faire autrement, ou mieux, ce que nous n'aurions peut-être pas dû faire, parce que nous y sommes condamnés, mais cela ne mène à rien. Nous nous disons : la catastrophe était inéluctable, et, pendant un moment, mais pas longtemps, nous nous tenons tranquilles. Et puis nous recommençons à poser toutes les questions depuis le début, et à creuser, à creuser, jusqu'à ce que nous soyons devenus à moitié fous. À chaque instant, nous sommes à la recherche d'un ou plusieurs coupables, pour que tout devienne supportable, au moins sur le moment, mais, naturellement, si nous sommes honnêtes, nous en revenons toujours à nous-mêmes. Nous avons pris notre parti du fait qu'il nous faut bien, même si c'est la plupart du temps contre notre gré, exister, parce qu'il ne nous restait rien d'autre à faire, et c'est seulement parce que sans cesse et toujours, chaque jour et à chaque instant, nous en avons à nouveau pris notre parti, que nous pouvons aller de l'avant. Et, où nous allons, si nous sommes honnêtes, nous l'avons su toute notre vie, à la mort, mais la plupart du temps, nous nous gardons bien de l'admettre. Et comme nous avons cette certitude de ne rien faire d'autre qu'aller à la mort, et comme nous savons ce que cela signifie, nous essayons de mettre à notre service tous les moyens susceptibles de nous divertir de cette connaissance, et ainsi nous ne voyons dans ce monde, si nous regardons bien, que des gens occupés en permanence et toute leur vie à ce divertissement. Cette affaire qui est chez tous la grande affaire, affaiblit et hâte naturellement l'évolution qui mène à la mort. L'après-midi où les Suisses avaient fait leur apparition, comme j'étais assis à ma place du coin dans la pièce aux classeurs de chez Moritz, j'avais eu cette pensée en regardant et en observant les Suisses. Je m'étais dit : tous ces êtres, quels qu'ils soient, sont entièrement dominés par cette grande affaire, qui consiste à se divertir de la mort qui les attend en tout cas. Tout, chez tout le monde, n'est que divertissement, dérivatif à la mort. Ce qui est surprenant, c'est que j'aie très souvent pu développer ce genre de pensées justement devant Moritz, que j'aie pu parler avec Moritz de pareilles pensées de mort. Pour peu qu'on ait à proximité un seul être avec lequel on puisse, en fin de compte, parler de tout, on tient le coup, autrement, non. Il faut qu'on aille trouver un Moritz pour s'épancher. Maintenant, j'avais la Persane pour ce genre de pensées, et pour les conversations nées de ce genre de pensées, et je ne m'étais pas trompé.
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D’un côté, pour celui qui vit par l’esprit, la nécessité de s’enfermer au nom de son travail scientifique est la plus primordiale de toutes les nécessités, mais, d’un autre côté, le grand danger est qu’on s’enferme d’une manière beaucoup trop radicale, et qui, en fin de compte, ait un effet non plus stimulant, mais inhibant, et même destructeur sur ce travail intellectuel, et, à partir d’un certain moment, ma réclusion loin du monde au nom de mon travail scientifique avait justement eu sur ce travail scientifique un effet destructeur.
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Si nous avons au moins la volonté d'aller jusqu’à l'échec nous pouvons aller de l'avant
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Le Suisse et sa compagne s’étaient présentés chez l’agent immobilier Moritz juste au moment où, pour la première fois, non seulement j’essayais de lui faire entrevoir, et, pour finir, de lui exposer scientifiquement, les symptômes d’altération de ma santé affective et mentale, mais où j’avais justement fait irruption chez Moritz — qui était sans doute à ce moment-là l’être dont je me sentais le plus proche — pour lui déballer tout à trac et sans le moindre ménagement la face cachée, pas seulement entamée, mais déjà totalement dévastée par la maladie, de mon existence, qu’il ne connaissait jusque-là que par une face externe pas trop irritante et donc nullement inquiétante pour lui, ne pouvant par là que l’épouvanter et le choquer, ne serait-ce que par la soudaine brutalité de l’expérience à laquelle je me livrais, du fait que cet après-midi-là, sans crier gare, je découvrais et dévoilais complètement tout ce que, en dix ans de relations et d’amitié avec lui, je lui avais caché, tout ce que, finalement, peu à peu j’avais cherché à lui dissimuler avec une ingéniosité méticuleuse et calculatrice, tout ce que, sans relâche et sans faiblesse envers moi-même, je lui avais soigneusement voilé pour qu ‘il ne puisse rien découvrir de mon existence, aussi tout cela l’avait choqué au plus haut point, le Moritz, mais son épouvante n’avait en rien freiné le mécanisme maintenant impétueusement lancé de mes révélations, naturellement influencé par les conditions atmosphériques, et, peu à peu, comme si je n’avais pu faire autrement, j’avais découvert tout ce qui me concernait devant un Moritz complètement pris au dépourvu, cet après-midi-là, par mon traquenard mental, j’avais découvert tout ce qu’il y avait à découvrir, j’avais dévoilé tout ce qu’il y avait à dévoiler; pendant toute cette scène, je me tenais comme toujours à la place du coin près de la porte d’entrée, en face des deux fenêtres, dans le bureau de Moritz, que j’appelais la pièce aux classeurs, pendant que Moritz, on était déjà fin octobre, était assis en face de moi dans son paletot d’hiver gris souris ayant peut-être déjà trop bu à ce moment-là, je n’ai pas pu m’en assurer dans l’obscurité qui gagnait; je ne l’avais pas quitté un instant des yeux, et, alors que je n’avais plus mis les pieds chez Moritz depuis des semaines, alors que, depuis des semaines, je n’avais plus eu d’autre ressource que moi seul, c’est-à-dire ma tête à moi et mon corps à moi, et que j’avais passé dans la plus intense concentration à propos de tout un temps beaucoup trop long pour qu’il ne m’ait pas usé les nerfs, on aurait dit que, cet après-midi-là, résolu à tout ce dont j’espérais le salut, j’avais enfin surgi hors de ma maison humide et froide et sombre, à travers la forêt étouffante et serrée, et m’étais précipité sur Moritz, à la fois victime et sauveteur, bien décidé — je me l’étais promis pendant le trajet jusque chez lui — à ne plus le lâcher sans l’avoir accablé de mes révélations et de mes griefs à vrai dire assez déplacés, ni avant d’avoir atteint un degré tolérable de soulagement, et donc, avant de lui en avoir découvert et dévoilé le plus possible sur mon existence, que je lui avais soigneusement dissimulée pendant toutes ces années.
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Quand la solitude n'a plus de sens, quand elle est tout à coup devenue improductive, il faut qu'elle cesse, c'est ce que je n'ai cessé de me répéter, mais sans pouvoir mettre fin à ma solitude, sans pouvoir en finir avec ma solitude.
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J’avais remarqué chez elle une profonde résignation, semblable à celle qui s’empare à partir d’un certain moment, puis pour tout le temps qui lui reste à vivre, de celui qui a échoué.
p. 148 édition Folio
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Une existence vécue comme un mécanisme d’auto-sacrifice humainement possible, voilà ce que je pense.
Et puis un beau jour, au moment choisi par la nature, tout leur système s’était écroulé, et ils avaient pris la décision d’en finir avec cette obsession prolongée de leur mégalomanie, ils s’étaient mis en quête de cette retraite pour leur vieux jours.
p. 147 édition Folio
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Si nous savions seulement combien de millions de talents exceptionnels sont chaque jour condamnés à s’étioler dans le monde entier, parce que personne ne les soutient, ne les prend en charge et ne les développe, et, pour finir, ne les porte jusqu'aux plus hauts sommets.
p. 134 édition Folio
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