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Critique de Fandol


Que d'aventures ! Que de souffrances ! Que de malheurs se sont abattus sur ce XVIIe siècle dans lequel Daniel Berthet m'a plongé sur les pas d'Ercilie d'Ourène, baronne de Saint-Jérôme !
Ce nouveau volet d'une trilogie intitulée Les Foudres du Ciel, commencée avec Au nom de notre bonne foi, poursuivie dans L'anneau de Saint-Jérôme, cette trilogie se termine avec la vie tourmentée d'Ercilie d'Ourène. C'est l'occasion, pour moi, de rappeler que cet écrivain a déjà publié huit romans auparavant : Justice aux Poings, 1851 Marianne des Mées, Porteurs de rêves, Putain de guerre ! et Comme un oiseau sur la mer dans la collection Résistances. Ercilie d'Ourène, baronne de Saint-Jérôme complète la collection Les Foudres du Ciel.
Que le titre de ce nouveau roman ne vous induise pas en erreur ! Avant de porter le titre de baronne, Ercilie a vécu quantité d'événements, subi beaucoup de désagréments, souffert souvent mais a aussi connu des moments de bonheur. Une vie bien remplie…
Avec son talent habituel de conteur, Daniel Berthet m'a permis de connaître un peu plus la vie de ces femmes et de ces hommes quelques siècles avant nous.
Ercilie, revenu enfin à Digne où elle avait vécu d'horribles sévices, victime d'une justice aveuglée par d'obscures croyances et par des rivalités interminables - voir L'anneau de Saint-Jérôme - Ercilie se confie à la jeune Antonine, sa filleule. Je précise, avant d'aller plus loin, que : Ercilie d'Ourène, baronne de Saint-Jérôme peut tout à fait se lire indépendamment des deux précédents ouvrages. D'ailleurs, avec beaucoup de délicatesse et un à-propos que j'apprécie, Daniel Berthet se contente de rappeler certains événements précédents indispensables à la compréhension de l'histoire.
Justement, l'Histoire avec un grand H, est au coeur de ce récit interrompu parfois par les questions pertinentes d'Antonine à sa Marraine.
Nous sommes en 1670, dans le château d'Oyse, sur les hauteurs dominant la bonne ville de Digne que l'auteur connaît très bien. Comme il le dit avec un brin d'espièglerie, Ercilie raconte le roman de sa vie et l'auteur l'écoute. Cela donne un récit, une écriture cinématographique, comme le remarque justement Patrice Saunier, auteur de la Préface.
Découpé en quatre parties, le roman de la vie d'Ercilie débute à Paris où, en 1610, elle vient d'avoir vingt ans. L'année précédente, elle était exploitée, maltraitée, servant de bonne à tout faire. Si elle réussit à fuir, son sort n'est guère enviable car elle se réfugie au cimetière des Saints-Innocents où, avec d'autres crève-la-faim, elle vit au milieu des ossements. Obligée ensuite de se prostituer, elle suit un certain Bonifacio qui lui fait découvrir, subir, les joies de l'amour physique.
Cela n'empêche pas Ercilie de se souvenir de son père, le Tiénot d'Ourène, un besogneux qui, avec sa mère, la Clermonde, étaient dans le clan des Parpaillots, des Huguenots, des Protestants, cette religion réformée qui déclencha tant de conflits, tant de guerres dont les plus humbles furent les victimes.
Finalement, cela n'a guère évolué aujourd'hui, toujours avec des problèmes religieux sources de malheurs incroyables qu'un peu d'humanité et moins d'obscurantisme pourraient éviter.
Les aventures d'Ercilie débutent donc au plus bas de l'échelle sociale avec, en prime, le sort abominable réservé aux femmes subissant le joug impitoyable du pouvoir masculin.
Impossible de détailler tout ce que va vivre Ercilie car Daniel Berthet, sûrement après un énorme travail de recherches historiques et un vocabulaire employant les expressions de l'époque, m'a embarqué sur les traces d'Henri IV croisant malheureusement un certain Ravaillac - d'où le titre le Roi est mort pour cette première partie -, de Marie de Médicis, du jeune Louis XIII puis de Richelieu, faisant au passage honneur à Lesdiguières dont le nom est rappelé souvent du côté de Grenoble.
Les hasards, plutôt heureux pour l'instant, permettent à Ercilie de gravir quelques échelons dans la vie sociale jusqu'à connaître le Palais du Louvre et découvrir les relations tumultueuses et les coups bas qu'échangent régulièrement ceux que l'on nomme, paraît-il, les Grands de ce monde.
Grâce à ses talents de brodeuse dans l'atelier de Nina, Ercilie se fait une place dans le monde de la couture et côtoie ainsi les princesses avec son amie Ortense.
Dans la deuxième partie, Vive le Roi, Ercilie raconte sa découverte des délices de la sensualité féminine juste après une enthousiasmante relation avec Jean, un moine bénédictin vite défroqué et au charme certain. On le reverra plus tard.
Avec précision et un souci constant de la vérité historique, Daniel Berthet, toujours sur les pas d'Ercilie d'Ourène, m'a permis de réviser cette période tumultueuse de notre Histoire.
Tout cela passe vite au second plan lorsque l'auteur me plonge dans cette Franche-Comté dépendant alors du Saint-Empire mais que la France, gouvernée effectivement par un certain Richelieu, convoite. Guerres, sièges, famine, peste ravagent la région où Ercilie est devenue baronne de Saint-Jérôme, suite à un mariage bien décevant. Cela ne l'empêche pas de venir en aide aux plus faibles qui n'en peuvent plus de donner pour la dîme du clergé et pour la taille, impôt prélevé par la noblesse.
Finalement, après bien des dangers, des doutes, des joies aussi, toujours sur un fonds religieux omniprésent comme cela s'imposait à l'époque, Ercilie est revenue à Digne, comme je l'ai appris dès le début de l'histoire. Après Les foudres du ciel (troisième partie) et La source du destin, quatrième et dernière partie, je ressors impressionné et très admiratif devant le travail et le talent d'écriture démontré, une fois de plus par Daniel Berthet. Ercilie d'Ourène, baronne de Saint-Jérôme mérite vraiment la lecture car vivre les tourments et les souffrances du peuple sans négliger ce qui se passe, se trame chez ceux qui gouvernent, fut un grand plaisir pour moi.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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