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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Kaamelott est une série que j'ai appréciée dès ses débuts même si certains personnages pouvaient parfois me lasser (Karadoc) et même si je n'avais jusque là pas vraiment pris la mesure des qualités du VIeme et dernier livre (saison). Je n'ai jamais douté du génie d'Alexandre Astier mais ce livre rappelle à quel point la série est riche et complexe.

Faisant suite à un colloque, cette publication rassemble les articles d'universitaires spécialistes de leurs domaines : littérature, histoire, politique, art, musique… Chacun décortique un aspect de la série et nous prouve – chacun est libre d'être d'accord ou non avec les interprétations offertes – que derrière l'humour de Kaamelott se cache une brillante connaissance de la matière de Bretagne et du monde médiéval.

Le Moyen Age est une période tantôt adorée, tantôt détestée. Quelques idées reçues continuent d'alimenter l'imaginaire commun : temps sombres, violence, superstitions qui dictaient le quotidien… Mais c'est oublié que le Moyen Age court, grossièrement, du Ve au XVe siècle. Autant dire qu'un gouffre sépare les premières années du Haut Moyen Age (les Mérovingiens et consort) du déclin du Bas Moyen Age (aux prémisses de la Renaissance) et qu'en dix siècles, il s'en est passé des choses. Où se situe la légende arthurienne dans tout ça ? Mais avant toute chose, parlons plutôt des légendes arthuriennes car depuis tout ce temps, bien nombreuses sont les versions parvenues jusqu'à nous.
Historiquement, il semblerait qu'un roi Arthur ait existé, justement à ce moment charnière de la chute de l'empire romain et de l'entrée dans le Moyen Age (donc vers le Ve siècle). C'est d'ailleurs cette version historique qui semble être prise pour base par Alexandre Astier. Oui mais alors, pourquoi des anachronismes telles que des armures dignes des chevaliers du XVe siècle, pourquoi des casques à cornes pour les vikings alors que cet attribut visuel n'apparaît qu'au XIXe siècle chez les romantiques ? Parce qu'Alexandre Astier créé ainsi un Moyen Age atemporel et mythique, utilisant pour cela des codes visuels connus de tous. Et c'est un peu la force de la série : rassembler un très large public. Des connaisseurs médiévistes aux complets novices ayant à peine entendu parler du roi Arthur et de ses chevaliers de la Table Ronde, tout le monde s'y retrouve. Certains rient plus que d'autres, certains repèrent des indices littéraires, d'autres de notre pop culture (Star Wars par exemple)… Alexandre Astier rassemble. Comme Arthur finalement.

La série aurait pu suivre le chemin tracé par les autres productions cinématographiques sur le sujet et l'époque, un Moyen Age certes mythique mais surtout teinté de fantasy. Non et c'est là aussi la force du réalisateur, les saynètes nous parlent du quotidien des chevaliers et de leur entourage. Elles nous parlent de problèmes de gestion de stocks de nourriture, de paris illégaux, d'armure oubliée, de capture d'anguilles, de pâte d'amande, de chefs barbares incompréhensibles… elles s'attachent à la chair et au corps, au physique, au terrestre. Elle est loin la quête du Graal spirituelle.
Et si des créatures merveilleuses semblent faire partie de l'univers de Kaamelott, jamais elles ne sont montrées et elles ne semblent d'ailleurs pas si merveilleuses que ça. Ce qui compte encore une fois à l'image, ce sont les visages des personnages, leurs réactions souvent bien médiocres.

Si les figures de la matière de Bretagne ont souvent été mises en scène dans la littérature et le cinéma, elles n'ont sans doute jamais été observé de si prêt et dans une telle intimité, sans filtre, dans l'authenticité du quotidien.
Ici, quelques articles reviennent sur certains personnages secondaires un peu malmenés, il en ressort que, sous leur aspect ridicule, ils possèdent des rôles clefs et ont gagné, grâce à Alexandre Astier, une belle évolution au fil de la série.
Perceval avait par exemple tendance à me gonfler au fil des épisodes (notamment dans son duo avec Karadoc) mais le redécouvrir comme la figure du ménestrel romanesque me réconcilie largement avec lui. Je n'y avais jamais songé mais oui, c'est évident. Il rassemble toutes les fonctions de ce personnage indispensable à la littérature médiévale (et que l'on retrouve d'ailleurs dans la figure du Fou dans la saga L'Assassin royal de Robin Hobb) : il distrait la cour, créé la surprise, aide Arthur (le héros) dans sa vie affective et se retrouve prophète (accidentel pour Perceval) en montrant la vérité aux Hommes.
Guenièvre et Merlin sont eux aussi traités par les spécialistes et les propos de ceux-ci me confortent dans ma tendresse pour ces deux personnages. La première n'est peut-être pas tant une gourdasse que ça et le second incarne une dualité difficile à vivre : le druide lié à la nature versus l'enchanteur de la cour.

Vous l'aurez compris, j'ai pris grand plaisir à la lecture de cette publication (retrouver quelques citations issues de certains épisodes m'a parfois tiré quelques éclats de rire !). L'ensemble est assez abordable. Il faut malgré tout avoir déjà connaissance de la série Kaamelott et également quelques éléments de la matière de Bretagne en tête sinon, vous risquez de trouver quelques articles un brin obscurs. Il s'agit à la base d'un colloque universitaire et donc des propos de spécialistes dans divers domaines. La lecture demande alors un minimum de concentration et d'implication.
De mon côté, je compte bien me replonger au plus vite dans la matière de Bretagne… et dans quelques épisodes offerts par Alexandre Astier. En commençant par La Quinte juste, sans doute un de mes préférés.
Lien : http://bazardelalitterature...
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Sachant que je suis, comme beaucoup, fan de la série Kaamelott, un couple d'amis m'a offert ce bouquin que je ne connaissais pas et dont nous avions longuement parlé lors d'une précédente rencontre excitant ma curiosité.

Pour ceux qui n'ont pas suivi ou pas adhéré à l'épopée du Roi Arthur et de ses piètres chevaliers à la mode Alexandre Astier, inutile d'ouvrir ce livre, mais il n'est jamais trop tard.

Pour les autres, je ne peux que conseiller de se plonger dans ce véritable Codex de l'Histoire et de la légende arthurienne étayée par de nombreux écrits modernes comme anciens. L'aventure a débuté par un colloque à la Sorbonne en mars 2017, présenté par des universitaires spécialisés dans un domaine de prédilection : littérature, histoire, politique, art, musique….etc.

Les deux jeunes universitaires, Florian Besson et Justine Breton, ont repris des éléments de conférences pour en faire un livre à la portée de tous. Chaque conférencier a son chapitre traitant d'un sujet précis. Par exemple : Perceval ou le malentendu chevaleresque, Guenièvre, reine de Logres, Combattre le dragon dans Kaamelott ... Au milieu du rappel des périodes historiques de référence, Moyen âge et Empire romain, pas du tout contemporains l'un de l'autre, fusent quelques répliques ou des dialogues de la série dont certains devenus cultes comme "C'est pas faux !", "L'est où la poulette ?", "Non, moi je crois qu'il faut que vous arrêtiez d'essayer de dire des trucs. Ça vous fatigue déjà, et pour les autres, vous vous rendez pas compte de ce que c'est. Moi, quand vous faîtes ça, ça me fout une angoisse ! Je pourrais vous tuer, je crois ... de chagrin, hein."

L'humour décalé d'Alexandre Astier allié à ses connaissances explique le succès de cette série évidemment, mais il est judicieux de se demander comment le public a pu être autant séduit par une légende si éloignée de notre époque ... Loin des questions pouvant paraître rébarbatives de la géopolitique du Moyen Âge émaillée par les guerres, la série présente le quotidien des personnages et de leur entourage dans un décalage permanent d'époques comme le langage des plus actuels qui conduit fréquemment le spectateur à l'hilarité.

Cette série est riche et complexe malgré le choix du format, environ 3 minutes par épisode. Justement, le peu de temps accordé à chaque sujet permet à l'auteur d'aller droit au but ! Que l'on soit d'accord ou non à l'interprétation qu'Alexandre Astier donne à la légende arthurienne, on ne peut émettre de doute sur sa connaissance sans faille du monde médiéval et du royaume de Bretagne en particulier.

Pourtant, ce n'est pas un traité sur l'histoire, plusieurs époques sont mélangées sans états d'âme, du Bas Moyen Âge où la grandeur de Rome s'étendait de l'Occident à l'Orient, au Haut Moyen Âge, prémices de la Renaissance donc pas moins d'une dizaine de siècles. Mais qu'importe, même si Alexandre Astier crée un Moyen Âge atemporel, il joue avec les connaissances, même minimes, des spectateurs : le roi Arthur, la Quête du Graal, Lancelot, Les chevaliers de la Table Ronde, la Dame du Lac, les Romains… Chacun d'entre nous a vu ou lu quelque chose sur l'un de ces sujets : des BD (Astérix - Uderzo-Goscinny, ... ), des romans de Fantasy (Le seigneur des anneaux - J.R.R.Tolkien, ... ) ou leur traduction cinématographique (Merlin l'enchanteur - W. Disney ... ) qui apportent leur lot de créatures fantastiques (trolls, nains, elfes, dragons ... ). Au sujet de la série Alexandre Astier confie :"Ce n'est pas une histoire, mais un environnement, avec des règles. Une matière où il peut tout se passer, comme dans un jeu de rôle." (Extrait d'entretiens menés dans le cadre de la recherche de l'auteur sur la culture geek.)

En lisant ce livre, j'ai retrouvé avec plaisir les principaux personnages dont les attitudes et le comportement sont des révélateurs bien plus profonds de l'identité humaine que certaines situations comiques laisseraient entrevoir. Ils sont étudiés à la loupe et ont une réelle évolution tout au long de l'aventure. C'est ainsi que, si on ne s'en est pas rendu compte seul, Guenièvre n'est pas aussi "gourdasse" que veut bien le dire sa mère Séli. Avec Mevanwi elle représente l'ambivalence de la même femme, naïve, pure, mais aussi sombre et calculatrice, bien loin du portrait décrit dans les écrits médiévaux. Perceval, paraissant idiot par son manque de compréhension du vocabulaire d'usage et ses bourdes diplomatiques a pourtant des éclairs de lucidité impressionnants. Comme les ménestrels, amuseurs des rois médiévaux, il accède à une relation privilégiée avec Arthur. Merlin, l'enchanteur du roi, est souvent ridiculisé par son manque de réussite de la Magie Blanche, aussi au fur et à mesure que la série avance, on voit sa robe immaculée s'assombrir pour se griser de plus en plus, marquant sa désillusion et son manque de motivation, contrairement à la noirceur de son alter ego Elias.

Sont abordés également les représentations des tenues vestimentaires, des coiffures, la place des repas et festins, les relations politiques avec les envahisseurs et notamment la suprématie puis le déclin de Rome par la présence de Caïus, centurion romain, devenant Kay, paysan breton.

Si tous les acteurs sont magistraux dans leurs toges ou armures bizarres, il faut reconnaître le talent du créateur Alexandre Astier, musicologue de formation, à qui on doit tous les arrangements musicaux. L'épisode de "La quinte juste" est des plus savoureux. Sous un habit d'humour, il dénonce le processus lent et complexe, parfois dangereux (excommunication) qui a permis l'évolution de la musique. Les jeux tiennent aussi une place importante, les combats organisés par le tavernier avec des animaux aussi différents qu'un oiseau hargneux ou un ver trouvé dans son fromage ! Que dire du "Cul de chouette" ou du "Sloubi", jeux aux règles incompréhensibles que Perceval insiste pour apprendre à son entourage. Pour preuve les relances de ce dernier :" Doublette, jeu carré, jeu de piste, jeu gagnant, jeu boulin, jeu jeu, jue jeu, joujou, jou glié, jou ganou, gagnat, catact, tacat, cacatat, cagatcata et ratacac mic. Ou chante Sloubi."

La lecture de ce livre permet de recevoir des clefs pour une compréhension de la série à plusieurs niveaux. le lecteur est libre de les utiliser ou pas. On comprend que loin de la Quête du Graal traditionnellement traitée avec mysticisme, cette Histoire déclinée par épisode, tout en étant drôle et touchante, est un miroir de nos doutes actuels qui n'ont rien de médiévaux.

La seule réserve que j'émettrai, c'est le nombre de notes de références à la fin de l'ouvrage. Je ne conteste pas leur présence nécessaire pour le respect de la bibliographie généreuse qui a aidé les universitaires conférenciers, mais je déconseille de les lire avec l'avancée de l'ouvrage. Au début, j'ai utilisé deux marques pages, bien vite j'ai abandonné le deuxième, car je n'arrivais pas à trouver mon rythme de lecture. Sachant que la plupart font références d'autres ouvrages ou précisent les épisodes de la série dont sont extraits les citations, j'ai trouvé plus judicieux de lire les notes qui m'intéressaient en fin de chapitre.

Après avoir vu la série plusieurs fois, toujours avec la même jubilation, les épisodes de 45 minutes retraçant la carrière romaine d'Arthur avant son accession au trône de Kaamelott grâce à Excalibur, j'attends que les premières vagues déferlantes de spectateurs soient un peu apaisées pour prendre place face au grand écran.
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Ce livre est né suite à un colloque en 2017. A l'intérieur, plusieurs spécialistes, maîtres de conférences, docteurs et doctorants, sociologues, historiens, musicologues, etc., abordent différents aspects – politique, culturel, artistique, historique… – de la série Kaamelott. Ils et elles se pencheront tour à tour sur Perceval, les moqueries amusées envers les chercheurs, les monstres et le merveilleux, la justice, Guenièvre, Merlin, la civilisation, l'armée et l'occupation romaines, la nourriture, les arts et les jeux…

J'adore Kaamelott (et ça y est, je suis à jour en ayant enfin vu le livre VI !) et j'ai été ravie d'avoir l'opportunité de découvrir cet essai grâce à Babelio et aux éditions Vendémiaire. C'est un ouvrage très éclairant et très agréable à lire – bien que le chapitre sur la musique avec ses histoires d'intervalles, de quintes et d'octaves me soit resté un peu hermétique (mais je dois reconnaître que je suis une quiche en affaires musicales).

Au fil des chapitres éclate le talent d'Alexandre Astier (au cas-où il y aurait encore quelques doutes) pour jouer avec le décalage entre le Moyen-Âge réel et le Moyen-Âge fantasmé tout en détournant des éléments attendus et en insérant des références à notre société actuelle et à ses problématiques. Il se détache des romans médiévaux et s'amuse avec le gouffre entre les attentes, les rêves des spectateurs et une réalité bien plus trivial : un Merlin plutôt mauvais, un rapport assez détaché et peu sacré au Graal – auquel on préfère des objectifs matérialistes et personnels –, des chevaliers bien loin d'avoir les qualités attendues, l'absence totale d'émerveillement de la part des chevaliers pourtant confrontés à des dragons, des gobelins et diverses manifestations magiques…
Ce livre fait le point sur ce que les chercheurs savent de cette époque, ce que le grand public en sait, ce que l'on croit savoir mais qui est faux (souvent des erreurs construites par les représentations des siècles suivants), ce que l'on ne sait pas, ce que l'on imagine ; il remet à plat la chronologie parfois malmenée par une série qui emprunte tant à l'Antiquité qu'au Bas ou au Haut Moyen-Âge ; il explique la construction de certains mythes comme le casque à corne du Viking. Les auteurs et autrices jonglent avec tous ces éléments avec souplesse et clarté.

Kaamelott : un livre d'histoire démontre que, en plus d'être extrêmement drôle, touchante, maligne et addictive, le secret de cette série tient aussi à son intelligence et à son habileté à jouer avec les codes et les connaissances des spectateurs.
Il intéressera les fans de Kaamelott désireux d'en savoir plus sur les ressorts historiques de la série comme les passionnés d'histoire.
Lien : https://oursebibliophile.wor..
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Passionnant pour tout fan de Kaamelott et pour ceux qui cumulent, comme moi, l'amour de l'Histoire.
Cela donne encore plus envie de se jeter sur un pavé d'Histoire avec la série d'Astier en fond sonore !
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