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Citations sur Les passants de Lisbonne (120)

Il y a des degrés dans la souffrance, mais pas de concurrence entre les souffrances. Ou, en tout cas, il ne devrait pas y en avoir. Le chagrin d'une fillette à qui on vient d'arracher le bras de sa poupée, il est incroyablement sincère. Celui d'une vieille dame dont le chien vient de mourir demandera peut-être des mois, des années avant de s'estomper. Celui du gamin de seize ans qui a toujours rêvé de devenir, je ne sais pas, moi, joueur de foot professionnel et à qui on dit : "Oublie, tu n'es pas assez doué", ce chagrin-là, il peut le traîner toute sa vie. Et moi ? Est-ce que devrais être moins malheureuse parce que, dans ce tremblement de terre, un homme a perdu son épouse et ses trois enfants en plus ? C'est arrivé, vous savez. Je suis triste pour lui, mais ça ne me console pas, ça ne retire rien à ma peine, rien du tout.
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Même s'il a écouté son raisonnement, il envisage encore de lui concéder que leur solitude n'est pas comparable, que la mort l'emporte forcément sur la rupture amoureuse, qu'on ne met pas sur le même plan un époux emporté par un cataclysme et un amant qui s'enfuit. Par politesse, il devrait donc admettre une forme de défaite si les chagrins se livraient un combat. Pourtant il accepte de la rejoindre. Un disparu est un disparu. Peu importent les circonstances de la disparition. A la fin, ce qui compte, c'est qu'on est seul, affreusement seul. Dépareillé. Démuni.
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Alors, d'un coup, ils ont le même regard, exactement, celui des abandonnés. Ils sont ceux qu'on a jetés dans le délaissement et qui tentent de s'en débrouiller, et qui sauvent la face. Mais toujours, ça leur revient, quand ils s'y attendent le moins ou quand ils se laissent aller aux confidences. Et ça fait comme dans ces peintures où les corps sont imprécis, une sensation floue. Ils se reprennent très vite, pourtant ils ont eu le temps de se rendre compte de leur propre égarement, le temps aussi de l'entrevoir chez l'autre. Ça y est : ils ont compris de quoi elle procède, cette fraternité qu'ils pressentaient entre eux.
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Loin d’eux , des enfants naissent et d’autres meurent, des bombes explosent dans des capitales et des routes sont tracées au milieu des déserts, des maladies frappent et des hommes sont sauvés, l’espérance de vie augmente et la famine aussi, on raconte des histoires extraordinaires dans les journaux, le monde continue.
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Il y a des degrés dans la souffrance, mais pas de concurrence entre les souffrances.
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" Alors, ce qui restait de ma jeunesse, je suis allée l'user sans toi dans la lumière trop forte et dans la pénombre. Ca ne me laisse aujourd'hui...(il cherche ses mots) qu'une impression très vague de saleté, de bêtises, de déloyauté. Tu vois, je n'ai pas oublié ce passage du bouquin de Guibert que tu m'as lu "
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Elle se console en se répétant qu'un enfant ne survit jamais à la mort d'un de ses parents, qu'il est toujours amputé d'une part de lui même.
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Et comment ça se domine, le manque? Comment on fait? Comment on arrive à ne plus penser, chaque jour, chaque heure, à celui qui n'est plus là? Comment on résiste à ces détails insignifiants, une musique, un endroit, un parfum un geste, qui renvoient instantanément à celui qui n'est plus là? Comment on se débrouille, avec le ventre qui se tord, le sommeil qui se dérobe? On a beau s'occuper l'esprit, se lancer dans des aventures neuves, ou même se concentrer sur des occupations ordinaires, toujours ça revient, comme un rhumatisme, une maladie de vieillard.
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"Une fois de plus, ma tristesse ne se compare pas à la votre, Hélène. Je trouve même indécent de vous parler de ça.
Je vous ai déjà expliqué que vous vous trompiez. A la fin, on est dans la douleur des séparations. C'est une malédiction universelle."
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On ne trahit pas les disparus. Ce sont eux qui nous trahissent. Parce qu'ils font défaut, parce qu'ils sont partis, alors qu'on avait besoin d'eux, parce qu'ils ont filé sans préavis, parce qu'ils nous laissent avec le manque et aucune solution pour y remédier. Et quand ils ont lâché notre main, qui nous en voudrait d'en saisir une autre ?
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