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Une histoire vraie, celle d'un jeune migrant guinéen contraint, pour sauver sa vie, de quitter sa terre natale, sa famille, ses amis... Seidou, 33 ans, vivait tranquille et heureux à Conakry, il avait fait de bonnes études et bénéficiait d'un salaire confortable grâce à un emploi d'agent commercial.

La réélection du président Alpha Condé et sa politique d'hostilité envers les Peuls le poussèrent à protester et à s'engager dans un mouvement d'opposition au gouvernement. Moultes fois arrêté, menacé et finalement considéré comme homme à abattre, Seidou, qui n'avait jamais quitté son pays, n'eut pour seul recours, que la fuite, d'abord à Bamako au Mali, en attendant que le calme revienne, puis sur la route de l'exil. Niger, Lybie, Sicile, un itinéraire hélas très classique pour bon nombre de migrants africains. Bravant tous les dangers pour aller toujours plus loin dans l'espoir de gagner une terre d'asile.La peur, la faim, la violence, l'épuisement, l'esclavage, les trahisons, le business de la misère et les passeurs sans scrupules et enfin la traversée de la Méditerranée sur un Zodiac de fortune surchargé. Seidou est un miraculé qui se retrouve dans les rues de Lille en 2017.

Mais il n'est pas sauvé pour autant car commence pour lui un long parcours du combattant(plus de trois ans) avec les autorités administratives. Que de patience et de formalités pour constituer un dossier de demande d'asile et d'obtention du statut de réfugié. Et par malchance l'arrivée du Covid-19 et les différents confinements successifs vont entraver les démarches.

Xavier Bétaucourt et Virginie Vidal signent un ouvrage graphique poignant, réaliste et très humain. Il ne faut jamais oublier que derrière chaque migrant se cache un homme, une histoire de vie, une déchirure. L'auteur s'est longtemps entretenu avec Seidou et a écouté le récit de son périple avec attention pour mieux s'en imprégner et le retranscrire au mieux de la réalité. le résultat est une vraie réussite, avec des illustrations très plaisantes jouant astucieusement sur les couleurs pour différencier les années. Effectivement pas de chronologie mais de nombreux flash back, qui sont parfois un peu perturbants.

Les romans graphiques actuellement traitent hélas beaucoup du thème de l'immigration. J'avais été très touchée par L'Odyssée d'Hakim. Seidou en quête d'asile raconte, comme beaucoup d'autres BD, un parcours périlleux mais il ne s'arrête pas là et insiste sur la lenteur des formalités administratives et la suite du combat à mener sans jamais désespérer. C'est un plus.

#Challenge Riquiqui 2024
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Seydou est un jeune homme vivant en Guinée. Il a été à l'université, est intégré socialement avec un travail, une famille, des amis. Même si son pays subit la corruption et qu'il n'apprécie pas la politique en place, il n'imagine pas le quitter et souhaite y poursuivre sa vie. Engagé politiquement, il va subir des menaces et persécutions et n'a alors pas d'autre choix que de connaître le chemin de l'exil, au Mali dans un premier temps, puis vers le lent et dangereux parcours jusqu'à l'Europe et la France.
C'est tout ce parcours, à la fois dans la retenue et d'une grande justesse, que ce roman graphique pointe. Entre les remarques/blagues racistes et blessantes de certains, la lenteur de la bureaucratie, renforcée par l'épisode du COVID, le besoin de liens avec d'autres personnes et les initiatives des associations qui se battent pour offrir dignité et place dans la société à ces personnes qui ont connu l'horreur, les auteurs nous font prendre conscience de l'absurdité et de l'injustice de la situation.
Les graphismes renforcent le récit et immergent pleinement le lecteur dans l'histoire de Seydou. Dans la même veine que L'odyssée d'Hakim, ce récit est un complément nécessaire vers un regard humaniste.
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C'est un ouvrage de plus que je lis sur les immigrés qui fuient les persécutions de leur pays africain pour venir en Europe. C'est l'asile politique qui est demandé et qui est assez difficilement reconnu par l'administration dont l'objectif est la limitation des entrées sur le territoire afin d'assurer la paix civile. Pour autant, à travers le témoignage d'un jeune garçon ayant milité en Guinée pour des opinions divergentes au pouvoir en place, on se rend compte que ce n'est pas du tout facile. C'est même le parcours du combattant.

Il y a tout d'abord la situation politique de son pays. Quand un libérateur arrive au pouvoir, il s'accroche et reproduit les mêmes erreurs que le précédent dictateur sous couvert d'une démocratie et d'élections libres. Toujours le même mécanisme: monter les ethnies les unes contre les autres pour régner, façon Rwanda. On sait malheureusement ce que cela a donné. Les anciens diraient : « tous des sauvages ! ». Gardons-nous d'un jugement aussi hâtif.

Et puis, il y a les maudits passeurs qui exploitent la misère humaine et extorquant et dépouillant littéralement les pauvres exilés qui doivent traverser des frontières. J'ai rarement vu autant de corruption généralisée à l'échelle de ce continent africain. Notre pays apparaît vraiment comme un havre de paix et de stabilité. On peut comprendre aisément une telle démarche de migration vers des cieux plus cléments.

Le sujet n'est pas nouveau mais il intègre le COVID 19 à la fin ce qui rend cette oeuvre très actuelle. A découvrir si on est passionné par cette thématique qui déchaîne les passions et les crispations.
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Texte et illustrations évoquent bien le problème, hélas banal, d'un exil.
Seidou vit en Guinée Conakry, Peul et militant d'opposition, il est menacé depuis les dernières élections (dictature militaire au pouvoir, qui conteste les droits des peuls et les emprisonne). Il faut fuir et se faire oublier; il se cachera à Bamako jusqu'à ce que la situation se calme. le voyage est dangereux: passeurs, contrôles et coupeurs de route.
Mais il est menacé par les guinéens expatriés et décide de tenter l'Europe. le parcours devenu classique, traverse divers pays et chaque fois on réclame de l'argent.
Il faut faire attention aux dates, ce n'est pas chronologique: un moment on est à l'OPRA en 2018, puis retour aux mésaventures de la route de l'exil: travaux forcés. En 2016, il arrive à Tripoli (il a quitté Conakry en 2015), aux mains des passeurs, lui et d'autres attendent un bateau. Embarqués par grande houle , le bateau chavire; il y a beaucoup de noyés.
Il y a aussi des filles auxquelles on a promis du travail et payé le voyage mais en fait on les prostitue jusqu'à ce qu'elles remboursent les frais du voyage: elles ne peuvent ni sortir ni téléphoner.
Embarqués à nouveau, ils arrivent en Italie et sont parqués dans des camps, certains depuis quatre ans; Seidou décide de s'évader pour continuer sa route.
En 2017, il arrive à Lille mais pas de logement ni de nourriture ; il fait froid et les migrants sont regardés de travers. Il est engagé à Emmaüs, en attendant les papiers. Rejeté par l'OPRA, il dépose un recours, il doit prouver qu'il a été torturé dans son pays d'origine, pour cela, il faut trouver un médecin légiste. Il va être aidé par la Cimade. Survient le confinement, la convocation est retardée. le statut de réfugié lui est enfin accordé!
J'ai particulièrement apprécié les démarches exigées dont on parle peu. Il faut s'accrocher, ne pas renoncer même si on est débouté...
Pour avoir côtoyé, comme bénévole, des demandeurs d'asile, je connais cette situation (mais le CADA a fermé).
Les illustrations de Virginie Vidal sont très évocatrices.
Une BD émouvante et bien documentée.
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Existe-t-il une journée sans que dans le fil des actualités apparaisse la destinée des migrants en Méditerranée, dans l'Atlantique ou encore la Manche ?
Ce thème, qui est bien plus que cela pour ceux qui le vivent, ronronne depuis plus de dix ans (relire Laurent Gaudé, El Dorado) dans nos postes, téléphones et autres émetteurs. Toutes ces mers sont devenues symboles du destin radical: chemin de vie ou de mort.
Cette BD sur Seïdou est aussi directe que celle d'Haytham, sans fioritures. Elle nous raconte le chemin de Seïdou un homme d'une vingtaine d'années au moment où il fuit l'Afrique Subsaharienne, plus précisément la Guinée. En passant par le Mali, l'Algérie puis la Lybie, il accoste enfin en Europe (Italie) et finit sa course à Lille en France. Son histoire n'est pas sans rappeler d'autres mouvements migratoires (phénomènes répétitifs dans L Histoire des hommes) tels les pogroms juifs.
Seïdou demande l'asile en tant que réfugié politique et l'obtiendra au prix de démarches lourdes et millimétrées. Il a la "chance" de rentrer dans les cases. le travail fourni par les sauveteurs en mer, les avocats ainsi que les réseaux associatifs est à saluer.
Après une interminable marche et de longues démarches côté paperasses, Seïdou peut se déclarer LIBRE en fin d'ouvrage, ce que tout à chacun revendique et trouve normal. Une valeur inestimable, inaliénable et UNIVERSELLE.
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Une belle bande dessinée instructive tout en étant dans la retenue sur le parcours d'un demandeur d'asile, de sa fuite, avec les complications avec les passeurs, et puis le reste du parcours et des étapes en France.
C'est très intéressant de voir le parcours de Seidou et le comportement des différentes personnes qu'il a croisé. Les dessins sont sobres, très bien réalisés, et les couleurs utilisées avec intelligence : le gris pour une situation normale, le rouge pour les situations difficiles où quand sa vie est menacée. C'est un ouvrage que je recommande pour les personnes curieuses de connaître le parcours d'un demandeur d'asile, les raisons et les conditions de ce voyage.
Un très beau livre.
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La pandémie a occulté un autre drame tout autant important pour l'humanité : celui des migrants ! Ces femmes et ces hommes amenés à quitter leur terre pour trouver un quotidien meilleur, loin de leur culture, de leurs traditions et de leur famille. Xavier Betaucourt (scénariste) et Virginie Vidal (dessinatrice) racontent l'histoire vraie de Seidou Diallo, âgé de trente-trois ans, garçon instruit et possédant un métier bien rémunéré. Pour lui, tout bascule le lendemain des élections présidentielles de 2020 en Guinée et le début de la répression à l'encontre du peuple Peul, situation que les médias européens ont peu relatée. Pour avoir mené l'opposition, il apprend que le gouvernement a mis sa tête à prix. Il choisit de passer de l'autre côté de la frontière en attendant que les choses se calment mais, très vite, il découvre que son avenir est chamboulé. L'alternative qui se présente est de partir encore plus loin ! S'amorce un périple rempli de dangers et de violence, où l'incertitude se présente sous de nombreux aspects et dans une brutalité humaine devenue banale. La qualité du dessin rend ce récit extrêmement empathique, avec un aspect témoignage qui ne peut jamais laisser indifférent. A mesure que les pages se tournent, on s'identifie à Seidou et on vit ses angoisses, sa peur et en même temps sa détermination car, il le sait, il n'a pas d'autre choix que de réussir. Arrivé en France, d'autres difficultés se succèdent : se procurer des papiers, échapper à la police, trouver un gîte, de la nourriture, etc. Les enchaînements entre les nombreuses étapes vécues par le protagoniste sont abrupts et saccadés comme saisis dans une tempête impétueuse. Toutefois, le soin apporté aux détails comme aux dialogues est bien réel et marque l'ensemble d'une force que personne ne peut nier.
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Dès la couverture, on est happé par le regard de Seidou. Assis au milieu de nombreuses autres personnes, il paraît pourtant si seul et ce regard il nous l'offre comme une main tendue, nous invitant à entrer dans son histoire.
L'histoire de Seidou, c'est le récit malheureusement commun de l'exil contraint. Je le découvre quelques mois après celui des trois femmes de Mur Méditerranée de Louis-Philippe D'Alembert ; dans les deux on retrouve la même horreur, le même cheminement interminable, le même désespoir. Dans Seidou : en quête d'asile, aux mots s'ajoutent la force des images, des illustrations en noir et blanc que viennent enrichir des couleurs différentes selon les temps de l'histoire.
Bien que ne découvrant pas les horreurs qui jalonnent le parcours migratoire (violence, esclavage, viols…), j'ai été saisie par l'histoire de ce jeune homme et son courage. Il ne s'agissait plus ici d'une dénonciation sans nom, mais d'un voyage incarné, de l'histoire vraie d'un homme.
D'autre part, le livre n'évoque pas que l'exil, mais aussi ses raisons. Il parle notamment des tensions ethniques, ne manquant pas de rappeler le dénouement tragique auquel elles ont pu mener au Rwanda.
En refermant ce livre, j'étais très émue. Révoltée et émue. Ce témoignage est important, en particulier dans un moment où l'actualité met au second plan ce qui ne relève pas du sanitaire, dans cette période propice au repli. J'espère que nombreux seront les autres lecteurs à le découvrir.
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L'immigration reste un sujet d'actualité malgré la pandémie. Sujet de prédilection pour les extrêmes qui prennent ces migrants responsables de la misère de la France et des extrémismes. Il est toujours plus facile de trouver un bouc émissaire que d'essayer de comprendre et d'explicité la complexité d'une situation multifactorielle. « Il y en a qui nous traitent de voleurs, d'envahisseurs… comme si on était à l'origine de tout ce qui se passe de mauvais ici ». Peut-être faudrait-il dans un premier temps comprendre le pourquoi du choix de partir ? Et puis écouter les témoignages sur ces chemins remplis de souffrance, de haine et de violence. C'est ce que proposent Xavier Bétaucourt et Virgine Vidal à travers le témoignage de Seidou. Ils choisissent de ne pas faire un récit larmoyant pour nous apitoyer. Cela ne sert à rien et n'est pas constructif. Ils parlent de fait, de comportement, d'évènement à travers un regard d'un homme de volonté. Et cela est valable aussi bien pour le traitement graphique que scénaristique. Virgine Vidal joue avec beaucoup de délicatesse sur les teintes pour que l'on puisse voir les nuances dans le temps. Mais aussi certaines teintes mettent l'accent sur cette brutalité humaine devenue trop banale sur les routes de la fuite. On est aux côtés du notre jeune migrant qui doit inlassablement lutter d'une part pour fuir sa terre natale et d'autre part pour rester sur le territoire français. Procédure après procédure, où il faut inlassablement des papiers, raconter son transit… et éviter de se faire prendre par la police. Les élus qui peuvent rester sont rares et la plupart sont renvoyés dans leur pays d'accueil en Europe. Des états qui fuient les responsabilités en jouant la carte de la misère en espérant que les problèmes partent d'eux-mêmes. On ne ressort pas indemne de cette lecture qui nous interroge sur les valeurs de notre pays et les nôtres.
Lien : https://wp.me/p1F6Dp-9L1
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