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Critique de krzysvanco


Depuis un mois, je suis plongé en pensées à Trieste, j'ai fait deux présentations sur son histoire à mon cours d'italien, j'ai lu ou relu des livres d'Italo Svevo , Claudio Magris, Boris Pahor et enfin Enzo Battiza avec ce roman le fantōme de Trieste que m'avait conseillé Valérie Lambert.

Ce roman a une base historique, Il se déroule à Trieste, entre le début du XX ème siècle et la veille de la première guerre, alors que la ville fait encore partie de l'empire austro-hongrois et que le mouvement irrédentiste aspire à l'en détacher.

Il nous relate la vie de Daniel Solospin, issu d'une riche famille de la ville mais sur son déclin. Orphelin de mère, élevé par une nourrice dalmate, personnage tourmenté, indécis, et ce dès la petite enfance, malade, sujet à des crises nerveuses. il fréquente un groupe d'irrédentistes italiens ayant le projet d'attenter à la vie de l'Archiduc d'Autriche.

Les contradictions de la ville de Trieste, toute son ambiguïté, ville de frontières aux influences italiennes, autrichiennes et slaves se retrouvent chez le protagoniste et ceux qui l'entourent. Daniel est un personnage complexe, tiraillé même devant le projet d'attentat.
Les autres personnages sont intéressants : le père dont le caractère est à l'opposé de celui de son fils, il est bon vivant, sympathique, aimant les femmes, le Docteur Janovitch slave modéré, la nourrice, personnage important qui éduque Daniele dans sa langue, l'entraîne aux célébrations orthodoxes, lui donne une part slave, il y sera très attaché et souffrira lors de sa mort. de très nombreux autres personnages interviennent comme dans un roman russe : Renato Cossovel, Ugo Solospin, Rico Pfeffer, tous jouent un rôle important et donnent à ce livre une grande densité.

J'ai été frappé de découvrir dans ce roman sa filiation évidente avec La conscience de Zeno d'Italo Svevo, publié trente ans plus tôt : on y retrouve la psychiatrie, une analyse très poussée de la conscience du protagoniste et de nombreux thèmes communs: la maladie, l'inadaptation, l'indécision, la vieillesse.

L'histoire nous est transmise tant par le narrateur que par des fragments de l'autobiographie de Daniel.
le roman a suscité des controverses lors de sa sortie car il osait ternir l'action des irrédentistes italiens, le personnage de Stefano Narden est d'ailleurs l'incarnation de Guglielmo Oberdan, organisateur d'une tentative d'assassinat de l'empereur, considéré comme un martyr par de nombreux Italiens.

le roman exige du lecteur de l'attention et de la concentration de par sa densité, sa plongée dans les pensées contradictoires du protagoniste, et le nombre d'intervenants. Ces efforts trouvent leur récompense dans la satisfaction d'avoir découvert un livre de valeur.
J'ai souligné sa filiation avec La conscience de Zeno de Svevo, il ne m'a pourtant pas autant enthousiasmé que celui-ci, sans doute parce que Svevo a l'art de distiller beaucoup d'ironie ce qui contribue à alléger son récit.





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