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Quelque part en France .Un train roulait vers Marseille .Dans un compartiment se trouvent trois personnes : une femme qui est aussi la narratrice .Cette dernière est en face d 'un homme d 'un certain âge .Se trouve également avec eux une jeune et dynamique fille qui a placé dans ses oreilles les écouteurs d 'un walkman .
De la discussion qui s 'établit entre la femme et l 'homme , nous apprenons que la femme n 'a pas connu son père . Ce dernier a été pris au cours d 'une nuit de l 'année 1957 par les soldats de l 'armée coloniale stationnés dans le douar de Boghar .Il a été amené vers un centre de détention et de torture .Ce centre est connu comme un sinistre lieu et les détenus qui y entrent ne sont pas sûrs de sortir vivants .
L 'homme s 'est ouvert à la femme pour lui apprendre qu'il
était un médecin militaire .Il lui a dit qu 'il a servi dans ce centre . Il lui rappelle quelques souvenirs de son père : il avait un visage rond et portait des lunettes .Le père est probablement mort après deux jours de torture inhumaine .
On ressent l 'attitude du bidasse devant la femme éplorée .Comment va-t-il justifier ce qu 'il a fait ? Que c 'est
la guerre et qu 'il l a faite à son corps défendant .Et qu 'il a
exécuté les ordres et qu 'il regrette ce qui s 'est passé .
Un roman fort .Âpre .Dur .Chez Meissa Bey , on ne sent ni
haine ni rancune ni désir de vengeance .Un roman tout en
pudeur et retenue .









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Très beau livre, très intime, très personnel. le père de Maïssa Bey, instituteur, a été arrêté pendant la guerre d'indépendance, et est mort, vraisemblablement sous la torture. De cette immense soufrance de petite fille, Maissa Bey, le jour où elle a enfin réussi à en parler, tire un livre étrange et généreux : trois personnages se retrouvent dans un compartiment de train : une femme qui ressemble à la narratrice, une jeune fille qui voudrait savoir comment c'était, ce qui se passait à cette époque dans l'Algérie de ses grands parents et un homme âgé, qui l'a faite comme appelé, cette sale guerre.
L'homme et la femme racontent leur Algérie à la jeune fille et, ce faisant, la femme revient sur son passé, revit et évoque cette mort enfouie au fond de sa souffrance. A la fin, on comprend, et le viel homme comprend, qu'il a été, à son corps défendant, bien sûr, et parce que c'était comme ça, l'un des tortionnaires du jeune instituteur.
Un livre lumineux et pudique d'humanité et de pardon
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En peu de mots, l'auteur décrit avec beaucoup de pertinence les comportements humains en temps de guerre et les traumatismes qu'elle génère. Elle n'oublie pas de préciser que le temps efface tout puisque, fille de résistant durant la guerre d'Algérie, elle doit trouver asile en France suite aux massacres perpétrés en Algérie durant la période post annulation du premier tour des élections municipales.
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La voix des hommes libres s'est élevée
Elle clame l'indépendance
De la patrie
Je te donne tout ce que j'aime
Je te donne ma vie
O mon pays... ô mon pays”
L'origine du propos
1957. Maïssa Bey a six ans. Son père succombe sous les “interrogatoires” des soldats français. On ne rendra pas le corps à la famille.
2002. Maïssa Bey devenue écrivain achève un impensable travail de mise au jour de sa mémoire. Elle ose écrire la mort inacceptable, la confrontation avec la figure de l'assassin. Avec sérénité, hauteur, lucidité, elle enterre le corps disparu de son père. A notre tour, nous voici orphelins.
Une femme est assise dans un train. Un homme prend place en face d'elle. L'homme a vu l'étiquette de sa valise. Elle vient d'Algérie. Lui... C'est un Français qui a connu l'Algérie. Autrefois. Il a l'âge qu'aurait le père de la femme. Elle se laisse entraîner dans un dialogue qu'elle ne préméditait pas. Ce Cet échange est une enquête, menée le coeur battant. Prise d'une envie irrépressible d'affronter son passé, la femme ira au bout de son désir de clarté.
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Dans un train qui la mène vers Marseille, la narratrice (l'auteure) voit entrer dans son compartiment un homme relativement âgé, puis une jeune fille. Réticente, elle ne veut pas que la conversation s'engage. Elle est perdue dans ses pensées amères sur son exil d'Algérie, suite aux horreurs perpétrées par les Islamistes dans les années 90. Son pays sera-t-il jamais libéré du sang et des massacres? Dira-t-on autre chose que "c'était un beau pays"?

Puis, au fil de la conversation hâchée qui s'établit dans ce compartiment, il s'avère que l'homme était stationné dans le village où le père de la narratrice était instituteur...

Alternant récit du voyage dans le train et souvenirs du militaire lorsqu'il était en Algérie, Maïssa Bey retrace avec beaucoup de pudeur, mais avec lucidité, la fin tragique de son père, victime des interrogatoires et de la corvée de bois. Un père dont elle n'a presque aucun souvenir. Juste une photo.

Un texte très fort, qui à travers trois personnages "typiques" évoque la guerre d'Algérie, ses conséquences sur les individus, bourreaux ou victimes, et les séquelles qui persistent, des dizaines d'années plus tard. Lui, c'est le militaire, pris malgré lui dans l'engrenage, qui n'approuve pas, loin de là, mais qui doit "obéir". Elle, la fille orpheline d'un instituteur résistant, exilée à cause des Islamistes. L'adolescente, enfin, petite-fille de Pieds noirs, dont le grand-père ne parle jamais des "évènements", et qui ne sait donc pas de quoi il retourne.

Un court texte, prenant et qui ne tombe pas dans le pathos ou l'accusation, la revanche. Un livre d'une grande pudeur à lire, et à mettre entre toutes les mains.
Lien : http://ya-dla-joie.over-blog..
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Trois personnes dans un compartiment de train à destination de Marseille. Trois générations : un sexagénaire prénommé Jean, une femme sans âge et sans identité et, enfin, Marie, à peine 20 ans. Trois destins, tous liés, du fait d'un cruel hasard, par l'Algérie des années 50 et 60. Une période aux noms et aux cicatrices variables, dépendant de la nationalité et de l'âge de chacun et chacune.
Jean a été envoyé en Algérie comme appelé. le père de la femme sans nom, Algérienne exilée en France, combattait pour l'indépendance de son pays. le grand-père de Marie, installé lui aussi au sud d'Alger à l'époque, ne lui a jamais rien raconté sur les "événements".
Maissa Bey esquisse et fait croitre parfaitement la tension, née initialement de quelques mots, puis peu à peu matérialisée dans ce compartiment, soit en phrases hésitantes, incomplètes, soit en déclarations péremptoires, soit en silences, dressés comme des fantômes d'aveux.
Et elle sait rendre compte des douleurs de chaque protagoniste, femme algérienne, homme français, l'une à qui la guerre a pris son père, l'autre qui y a perdu son âme. Sans oublier Marie, prisonnière du silence imposé par son grand-père, et qui porte une autre forme de blessure. Et veut savoir pour tenter de la refermer.
Ce récit, solidement construit et mis en scène, puise aussi sa force dans une écriture subtile et une finesse extrême dans l'évocation des luttes intérieures et des questionnements de chaque personnage.
Une première découverte très convaincante de cette autrice.
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J'ai eu envie de lire ce livre après avoir vu le film en 2003 des "Belles étrangères" Maïssa Bey parlait de ce livre. Son récit dans le film à propos de son père était boulversant, son témoignage transperçait l'écran. C'est un récit court intense , émouvant, bien construit. Bonne idée d'avoir choisi un train lieu clos.
L'auteur installe ses personnages, son récit est construit comme une pièce de théâtre. La rencontre dans un train français (le lieu) de personnages dont les destins vont se croiser .
La narratrice, algérienne réfugiée en France, tentant d'échapper à ses démons. Elle est entrain de lire un livre "Le liseur" de Schlink
Elle pense à son père, instituteur à Boghari, torturé et tué lors de la guerre d'indépendance. le souvenir de cette époque est marqué en italique. Récit intérieur les événements de la guerre d'Algérie, le drame, la douleur.
En face d'elle : un homme de soixante ans, rongé lui-aussi par son passé. Il était médecin militaire... à Boghari. Pendant la guerre d'indépendance. L'ancien bidasse se rappelle de l'instituteur au visage et aux lunettes rondes qu'il a croisé avant sa mort. Une jeune fille qui n'a pas connu cette période, petite fille de pied noir et donc elle se mêlera à la conversation entre l'homme et la femme. le grand-père de la jeune fille a bien vécu en Algérie et lui aussi à fait la guerre. Entre ces trois personnes, un dialogue va s'installer en crescendo, pour finir sur la douleur d'une époque dur la guerre et ses cruautés aussi bien du côté algérien que français.
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Maïssa Bey a énormément de mal à dire, à pauser des mots sur sa douleur, son exil. Et elle n'est pas seule... puisqu'il s'agit de l'Algérie.
Trois personnages se rencontrent par hasard dans un train... Mais il n'y a pas de hasard, pas de chance dans un roman. Tout a un sens. En l'occurrence, Maïssa Bey va immédiatement vers l'émotion. Puis, au fil des conversations entre ces protagonistes liés fortement ou insidieusement à la guerre d'indépendance de l'Algérie, elle tente d'expliquer ses fameuses émotions qu'elle arrive si bien à retranscrire.
Court et très dense, ce récit est une merveille de la littérature... Bonne lecture !
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Ce livre m'a beaucoup touché. L'écriture est magnifique et le ton très proche du lecteur.
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Après Daesh dans « le français » de Julien Suaudeau et la guerre en Irak dans « Chronique des jours de cendre » de Louise Caron, voici « Entendez-vous dans les montagnes… » de Maïssa Bey sur la guerre d'Algérie.

Ce livre est une auto-fiction : Maïssa Bey y raconte à travers un personnage fictif la mort de son père, torturé puis assassiné par des militaires français en 1957. Par le truchement de cette mise en scène à huis clos dans le compartiment d'un train, enécrivaznt à la troisième personne du singulier, Maïssa Bey essaye d'introduire un peu de distance par rapport à son histoire pour en rendre compte de façon, non pas détachée, cela serait impossible et oterait tout sa puissance au livre, mais objective. Elle n'en est que plus poignante.

Une femme prend le train, en France. Elle est d'origne algérienne. Elle partage son compartiment avec un homme et une jeune femme. La part de fiction que Maïssa Bey projette dans son livre lui permet de faire de ce huis clos une rencontre improbable entre elle-même, fille de fellaga, un ancien militaire français en poste dans son village pendant la guerre et une petit-fille de pied noir : trois protagonistes de la guerre à travers trois générations et trois antagonismes.

A partir de l'instant où la scène est définitivement plantée et claire pour le lecteur, Maïssa Bey ne lâche plus le lecteur. Avec des phrases souvent inachevées, avec des allers-retours entre présent et souvenirs, elle prend le lecteur par les tripes et ne lui laisse aucun répit, aucun repos et l'emmène avec ses personnages sur les chemins de la mémoire, de l'expiation, de la compréhension mais jamais ceux du pardon ou de l'excuse.

La guerre d'Algérie devient sou la plume de Maïssa Bey une affaire de convictions pour les uns, d'obéissance aveugle pour les autres et de fantômes du passé pour les derniers. En convoquant ces trois visions de la guerre d'Algérie, aucune ne cherchant vraiment à légitimer les actes qu'elle a induit, Maïssa Bey rend avant tout l'être humain responsable de ce qui s'est passé : culpabilité, remords, passivité, soumission, dédain, autant de faiblesses qui mises bout à bout conduisent aux pires atrocités.

A coup de conversations dans lesquelles les personnages ne finissent que rarement leurs phrases, Maïssa Bey fait passer autant de choses dans ses mots que dans ses silences, que dans les non-dits, mélangeant souvenirs, angoisses, peurs de ses protagonistes. C'est un livre touchant sans être larmoyant, dur sans oublier la part d'humanité en chacun de nous…

Lien : http://wp.me/p2X8E2-yT
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