Autoportrait ressenti
Ils me regardent
donc j’ai sans doute un visage.
Parmi tous les visages connus
c’est le mien dont je me souviens le moins.
Fréquemment mes mains
vivent en absolue séparation.
Peut-être je ne devrais pas les considérer miennes ?
- - -
Où sont mes confins ?
- - -
Finalement je suis envahi
par du mouvement ou une demi-vie.
Cependant toujours
quelque chose rampe en moi
avec complétude, incomplétude,
étant pour moi une existence.
Je transporte avec moi
un peu de mon propre
lieu.
Quand je le perdrai
cela signifiera que je n’existe pas.
- - -
Je ne suis pas
donc je doute pas.
/Traduit du polonais par Jean-René Lassalle, avec l’aide de l’édition allemande de Dagmara Kraus.
Eminences grises de l’extase
Extrait 1
Comme je me réjouis
que tu sois ciel et kaléidoscope
que tu recèles autant d’étoiles artificielles
que tu brilles ainsi en ostensoir de lumière
quand je soulève le vide
de ton hémisphère
autour des yeux
à l’intérieur de l’air.
Comme tu es peu maniérée dans ta splendeur,
passoire métallique.
...
/Traduction du polonais par Jean-René Lassalle, avec l’aide de l’édition allemande de Dagmara Kraus
Eminences grises de l’extase
Extrait 2
Le poêle aussi est beau :
il a ses jointures et carreaux
il peut être décoloré
argenté
grisé – ensommeillé
quand en particulier
il mixe les éclairs
ou quand il décline
et avec l’entier rythme de ses inexactitudes
dans les cloches fondues
du fond de la blancheur
se décompose en les éléments
de monumentales parures.
/Traduction du polonais par Jean-René Lassalle, avec l’aide de l’édition allemande de Dagmara Kraus