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Citations sur Histoire de l'humanisme en Occident (56)

Il est capital de ne pas laisser le gouvernement de la culture populaire et plus savante aux plus cyniques et aux misanthropes. Nous avons besoin d'oeuvres dans lesquelles s'expriment des idéaux humanistes, c'est-à-dire qui montrent la grandeur, la beauté, l'énergie, la noblesse, la générosité, la solidarité, la fraternité, dont les êtres humains sont capables. (...)
La supériorité immense d'un Dostoievski ou d'un John Steinbeck, (...), est de montrer toujours l'ambivalence de la nature et de la vie humaine, c'est-à-dire leur côté obscur mais aussi leur enchantement possible. Les frères Karamazov du premier, A l'est d'Eden du second : deux grands livres aussi idéalistes que réalistes, et justement humanistes en cela qu'ils nous révèlent l'auteur comme quelqu'un chez qui l'extraordinaire lucidité sur la noirceur de l'homme et sur la "saloperie" de la vie n'empêche pourtant d'éprouver et de nous communiquer une formidable espérance, un profond élan d'amour pour l'être humain et un prodigieux appétit de vie. On est impressionné par leur foi en l'homme et elle est puissamment contagieuse. Leur force est l'attachement qu'ils réussissent à créer chez le lecteur envers leurs personnages : on devient ami avec eux, et à travers eux on devient ou on redevient un peu plus ami avec l'humanité en général et les hommes qui nous entourent. L'humanisme de ces oeuvres tient à cette faculté qu'elles ont de nous rapprocher d'autrui, quel qu'il soit, et si besoin est de nous réconcilier avec notre condition et notre société.
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Comment éviter que les hommes se battent au nom de leurs croyances ? Comment faire pour qu'ils vivent selon des préceptes de tolérance et de fraternité ? On ne le sait toujours pas de science exacte... Erasme insiste ailleurs sur l'éducation des enfants -nous l'avons vu- et l'humanisme de la Renaissance sera inspiré par la théorie de l'innutrition : il faut que la fréquentation des grands auteurs de l'Antiquité fasse l'objet d'une assimilation, imprégnation ou "digestion" telle que l'individu en soit éduqué à pratiquer lui-même les vertus dont il aura trouvé là le modèle. Il faut emplir son âme de philosophie, et de poésie dira le cercle de La Pléiade (poètes français regroupés autour de Ronsard et de Du Bellay à partir de 1553), pour qu'elle soit élevée à une vertu et à une sensibilité qui la rendent incapable de méchanceté. On doit à François Rabelais (1483-1553) la formulation la plus complète du programme d'éducation encyclopédique idéalisé par cette période comme imprégnation profonde de la personnalité, et remède non seulement à l'inculture mais à nos pulsions barbares en réalité étrangères à nous-mêmes : l'éducation doit fortifier l'homme dans l'homme, c'est-à-dire sa vertu naturelle.
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(...) : de façon analogue à la cultura vitium, la culture de la vigne, et en général à l'agri cultura, Cicéron considère que l'homme est l'agriculteur de lui-même et que l'éducation est une agriculture de soi. Dans ses Tusculanes, il est semble-t-il le premier à avoir fait le rapprochement entre culture des champs et culture de l'âme, terre extérieure et terre intérieure, avec sa notion de cultura animi : "Un champ, si fertile soit-il, ne peut-être productif sans culture, et c'est la même chose pour l'âme sans enseignement (...). La culture de l'âme (cultura animi), c'est la philosophie : c'est elle qui extirpe radicalement les vices, met les âmes en état de recevoir les semences, et, pour ainsi dire, sème ce qui, une fois développé, jettera la plus abondante des récoltes" (Arléa, 1998).
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La foi des humanistes de la Renaissance était que l'homme a devant lui un univers dont l'immensité correspond à l'immensité de notre âme, et pour les plus mystiques comme Giordanno Bruno la vie universelle prenait sa source dans l'esprit et le coeur des humains.
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On peut se passer de croire en Dieu mais peut-on se passer de l'image ultime qu'il nous tend de nous-mêmes ?
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Au IIIe siècle de notre ère, Plotin par exemple était encore capable de s'exprimer ainsi dans les Ennéades : "Devenu homme, on cesse d'être tout; et il faut cesser d'être homme pour "s'élever" comme dit Platon et "gouverner tout l'univers". devenu souverain de l'univers, on crée l'univers" (Flammarion, 2002). Le plus étrange ici est l'expression "il faut cesser d'être homme". Que signifie-t-elle exactement ? Elle veut dire passer de l'illusion à la réalité, de l'ignorance à la sagesse. Ce qu'il faut cesser d'être ce n'est pas l'homme lui-même mais cet homme qui s'identifie illusoirement à son corps et à sa conscience présente, et qui s'imagine alors que son être se limite à cette toute petite individualité séparée du reste de l'humanité et de l'univers. Lorsque cette erreur d'identité prend fin, l'homme se réalise au contraire comme un autre homme infiniment plus vaste, non plus séparé de l'univers mais relié à lui-même comme ce "souverain" qui le "crée".
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L'humanisme est une pédagogie de l'humanisation, qui part du principe que l'homme est encore à venir et qu'il faut tout faire pour stimuler la croissance morale, intellectuelle et spirituelle de l'humanité. L'humanisme se définit ainsi comme une foi en l'homme selon laquelle notre espèce ne serait toujours pas arrivée au sommet de ses possibilités, qui se situent peut-être au-delà même de ce qu'on appelle encore aujourd'hui notre "condition humaine", et selon laquelle aussi le sens de l'histoire humaine sur le plus long terme doit être celui d'une actualisation progressive de ses potentialités.
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On appelle donc humanisme au sens le plus précis et inclusif à la fois, toute démarche théorique ou pratique qui met l'être humain et son progrès au centre de sa préoccupation. Plus précisément, l'humanisme est le caractère de toute pensée et de toute action inspirée par l'admiration et l'amour pour l'être humain, et qui inspirent à leur tour cette admiration comme cette amour.
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Depuis la double enfance biblique et antique jusqu'à la Déclaration universelle des doits de l'homme de 1948, l'Occident s'est inlassablement interrogé en particulier sur la dignité humaine : l'être humain aurait-il dans l'univers une dignité à part, autrement dit une valeur spécifique qui le distingue de tous les autres êtres et l'élève au-dessus d'eux ? L'homme est-il une exception dans la nature ? Le cas échéant, en quoi consisterait donc ce caractère exceptionnel si digne d'être célébré et admiré ?
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Qu'est-ce qui dans l'humanisme de chaque civilisation est à la fois assez singulier et communicable pour être universalisée ? Quelles sont les images de l'homme qui entrent assez en résonance pour s'enrichir et se féconder mutuellement dans tous nos héritages humanistes respectifs ? Et à l'arrivée, quelle foi commune en l'être humain pour toutes les sociétés du monde en ce début de XXI éme siècle ?
Dans ce livre nous avons voulu initier ce type de démarche, c'est-à-dire mettre en lumière ce que l'Occident peut faire valoir et offrir dans le dialogue mondial des humanismes. En ce sens, il s'adresse aussi bien aux non-Occidentaux qu'aux Occidentaux eux-mêmes. Aux lecteurs occidental, il a voulu offrir de redevenir un héritier conscient de la richesse et de la diversité de sa propre culture humaniste -notamment de se splus riches heures durant lesquelles l'hommes s'est désigné comme Créateur humain, Créateur Amoureux de la vie à l'image du Dieu d'amour ou de miséricorde. Il a voulu lui procurer les supports dans sa propre culture lui permettant de cheminer vers la connaissance de soi la plus approfondie, la plus transcendante -et ainsi de s'avancer dans la réponse à la question Qui suis-je ? Aux lecteurs non-occidentaux, il a voulu offrir aussi de s'approprier ce dont chacun pourrait avoir besoin dans cet héritage pour inspirer son propre cheminement personnel. En rapport avec sa spécificité de philosophe de l'islam, l'auteur a voulu offrir également aux lecteurs de culture musulmane quelques éléments de comparaison avec leur propre culture -en admettant qu'ils la maîtrisent suffisamment.. D'où qu'il vienne, chacun d'entre nous doit aujourd'hui savoir de quels humanismes il est l'héritier. Car nous sommes tous convoqués maintenant à participer à une immense discussion planétaire dans laquelle chacun doit connaître précisément ce que sa culture peut offrir aux autres. Or il ne pourra le faire qu'en se rappelant d'abord d'où il vient et en apportant les richesses humanistes que sa propre histoire a mises dans ses mains. Voilà pourquoi la première responsabilité de tous est de se rendre le plus conscient possible de ses propres héritages, la seconde responsabilité étant de se rendre compte aussi qu'il y a de par le monde d'autres civilisations tout aussi pétries de sagesse humaine que la sienne.
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