AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Histoire de l'humanisme en Occident (56)

L'enjeu de ce livre (...) est un plaidoyer pour l'humanisme comme école de la fraternité. En ce sens, il n'est pas "neutre" mais il est sous-tendu par une conviction sur une certaine valeur -irremplaçable- de la culture générale. Ce n'est pas en tant que simple accumulation de connaissance qu'elle a de l'intérêt. Elle n'est essentielle qu'à partir du moment où elle transforme l'intériorité en contribuant à la rendre moralement et spirituellement meilleure, c'est-à-dire non seulement plus savante mais plus fraternelle, noble et sage. (...)
Car l'humanisme n'a pas vocation à être un savoir théorique. Il est une philosophie de vie, un style d'existence pour le dire de manière esthétique, une éthique personnelle pour le dire de manière morale.
Il s'agit donc pour nous de fournir la matière d'une réflexion sur l'humanisme occidental comme opportunité de réflexion sur soi et d'un "choix de soi", c'est-à-dire comme contribution à une réflexion personnelle sur la personne que l'on veut être et le système de valeurs selon lequel on veut conduire sa propre existence.
Commenter  J’apprécie          00
L'humaniste pratique une langue qui est un véritable espéranto éthique, c'est-à-dire une langue universelle qui est celle de l'absence d'à priori sur la culture d'autrui, si différente soit-elle de la sienne, et de la capacité à se conduire en empathie, en voyant immédiatement en tout autre une soeur ou un frère humain. c'est ce que transmet l'oeuvre humaniste.
(...) l'oeuvre humaniste nous permet de retrouver le sens de ce que nous avons en commun -par delà nos tribus sociales et notre droit personnel à la différence. Elle nous réunit à nouveau autour d'elle, en nous permettant de reprendre conscience de la valeur supérieure des ressemblances qui nous rassemblent. Voilà pourquoi sans doute une oeuvre humaniste a plus de chances que les autres de franchir les siècles et d'acquérir une valeur intemporelle. A travers des personnages de roman, ou dans le marbre d'une sculpture, elle redonne sens, valeur et vie au partage de l'humain.
Commenter  J’apprécie          00
Un langage sans frontières

Une grande oeuvre humaniste nous fait nous sentir plus humains. Elle nous communique le sentiment vécu d'appartenir à la grande famille humaine. Elle y parvient en nous donnant à voir ce qu'il y a de plus universel en l'homme, dans lequel nous nous reconnaissons tous : la quête de l'idéal, la peur de la mort, le vide de l'ennui ou de la solitude, la tendresse ou le désir de l'amour, le plaisir de l'amitié, etc.

Voyons par exemple la pietà de Michel-Ange, sculpture de marbre blanc exposée aujourd'hui à l'entrée de la basilique Saint-Pierre de Rome : c'est la vierge Marie souffrante (Mater Dolorosa) recevant sur ses genoux son fils Jésus mort sur la Croix, avant sa mise au tombeau et, selon la doctrine chrétienne, sa Résurrection et son Ascension. Faut-il être chrétien, ou croyant, pour être bouleversé par ce chef-d'oeuvre ? Non, il suffit d'être humain. Car toit spectateur sera frappé par le caractère universel de cette représentation d'une scène éternelle d'amour maternel et de douleur de l'être humain face à la mort, de toute mère face à la perte de son enfant. Marie inconsolable c'est l'être humain universel inconsolable de la perte irrémédiable d'un être cher. Voilà ce qui fait d'une grande oeuvre humaniste un langage sans frontières : elle volatilise les différences, elle relativise brutalement et radicalement toutes les appartenances et les incompréhensions, pour faire apparaître soudain comme une évidence le fait que nous sommes tous humains, tous rassemblés par les mêmes besoins et aspirations fondamentales. L'humaniste est un homme qui se sent partout en proximité et confiance avec autrui : il n'a pas besoin que l'autre parle sa langue ou croit en son Dieu pour le comprendre, le secourir, nouer avec lui une amitié.
Commenter  J’apprécie          00
Comment surmonter la contradiction entre le génie humaniste de l'Occident et de tels abîmes d'inhumanité ? (...)
Il reste périlleux d'affirmer que l'histoire de l'humanisme en Occident définit la civilisation occidentale, ou le sens de son histoire, comme humaniste. Nous en prenons ici le risque tout en étant conscients que trop souvent au cours de l'histoire, les droits les plus fondamentaux de l'homme ont été bafoués et la dignité de la personne radicalement niée. (...) Les violents pulsions d'inhumanité de l'Occident ne doivent donc pas nous faire basculer dans le ressentiment vis-à-vis d'une civilisation difficile à juger, ni nous dissuader d'être humanistes. Au contraire elles doivent nous servir de mémoire et d'avertissement: un patrimoine humaniste ne suffira jamais à enfanter des humanistes, comme s'il avait une hérédité ou une fatalité du bien. Tout est à recommencer à chaque génération, à commencer par l'appropriation de cet héritage.
Commenter  J’apprécie          00
Dans ses Regards sur le monde actuel, publié en 1931, Paul Valery nous met en garde contre la limite des regards trop généraux et généreux sur l'histoire, et contre les grandes affirmations à son sujet. Car "L'Histoire justifie ce que l'on veut. Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout" (Gallimard, 1988).
En l'occurrence, lorsqu'on se penche sur l'histoire occidentale elle "donne des exemples" d'anti-humanisme et d'inhumanité ou de barbarie. On se méfiera par conséquent de toute apologie excessive de l'humanisme d'Occident. Mais on se défiera tout autant de l'excès inverse, c'est-à-dire d'une accusation trop radicale.
Ce n'est pas parce que cette civilisation s'est mise en contradiction avec ses idéaux à tel ou tel moment de son histoire que son humanisme serait un mensonge ou une mystification, et que son cours serait en réalité anti-humaniste.
Commenter  J’apprécie          00
Prendra-t-on ici le risque de dire que l'histoire de l'Occident fut humaniste ? Oui mais la difficulté redoutable est que notre civilisation n'a pas toujours été à la hauteur de son génie humaniste. Loin s'en faut. Elle l'a parfois complètement trahi. Bien qu'elle ait fait admirer et fait aimer l'homme avec une remarquable constance; force est de constater qu'elle l'a aussi très régulièrement massacré et qu'elle a tout aussi régulièrement maltraité ou nié sa dignité. Pour cette raison, parler de l'histoire de l'humanisme occidental ne peut se faire sans entreprendre en même temps le procès de l'anti-humanisme occidental et des contradictions de cet humanisme lui-même.
Commenter  J’apprécie          00
En un sens beaucoup plus strict, qui est le plus généralement mis en avant, le terme d'humanisme est utilisé pour désigner un caractère majeur de la Renaissance européenne (XVe -XVIe siècles), en rapport avec sa redécouverte des grands textes et thèmes de l'Antiquité. Ce retour aux Grecs et aux Latins fut qualifié d'humanisme parce qu'il correspondait à une volonté de renouer avec leur capacité d'exaltation des vertus intellectuelles et morales de l'être humain, et de retrouver par là un temps historique où l'homme était au centre -la Renaissance se caractérisant aussi de ce fait comme mouvement et volonté de libérer les esprits vis à-vis d'une Eglise chrétienne qui elle avait centré la civilisation sur le dieu de la Bible. Mais dissipons immédiatement un malentendu : l'humanisme en Occident ne se limite pas à la Renaissance. Son phénomène est infiniment plus large, (...).
Commenter  J’apprécie          00
Notons sans plus tarder que l'on vient de dire "l'être humain" et non pas "l'homme", afin qu'il soit clair d'emblée et quel que soit le mot employé ensuite que l'on parlera toujours ici de l'humanité commune et égale des femmes et des hommes : l'humanisme ne rime ni avec machisme ni avec sexisme.
Commenter  J’apprécie          00
La passion de l'Occident pour l'homme a un nom : l'humanisme.
C'est donc de l'humanisme qu'il va être question ici, comme l'un des très grands carrefours où se rencontrent à peu près toutes les routes majeurs empruntées par les penseurs et les acteurs de cette civilisation. Il est même un peu plus que cela. Il semble constituer en effet le fond d'écran de la plupart des plus grandes oeuvres et des grands mouvements de l'histoire occidentale -à tel point que si l'expression de moteur de l'histoire a un sens, alors l'humanisme fut peut-être celui de l'Occident.
Commenter  J’apprécie          00
Fort d'une telle intuition ou ambition pour l'être humain, l'Occident ne cessera pas de se demander jusqu'où va l'homme. (...) : jusqu'où s'étend donc notre personnalité véritable, celle justement qui ne peut se mesurer qu'au sublime et à l'infini, et qui se situerait ainsi très au-delà de l'individualité que nous avons spontanément conscience d'être et que nous assimilons habituellement et abusivement à la totalité de notre moi ?
La peinture romantique du XIXe siècle a magnifiquement illustré ce type de questionnement sur nous-mêmes face au sublime de la nature ou de l'univers. On en trouve un très profond exemple dans le tableau de Caspar David Friedrich (1774-1840), Le voyageur contemplant une mer de nuages. Face à l'océan de brume qui s'étend devant lui jusqu'au plus lointain horizon, le personnage vu de dos semble prendre conscience qu'il a rendez-vous avec lui-même au-delà de lui-même, et qu'il ne fait que contempler l'étendue fantastique de ses propres possibilités.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (30) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Philo pour tous

    Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

    Les Mystères de la patience
    Le Monde de Sophie
    Maya
    Vita brevis

    10 questions
    438 lecteurs ont répondu
    Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

    {* *}