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Citations sur Histoire de l'humanisme en Occident (56)

Si chacun dans son existence quotidienne n'a pas le sentiment d'être la proie de dieux vengeurs -comme l'était Oedipe- nous faisons tôt ou tard l'expérience fondamentale qui est la sienne : la confrontation à tout ce qui nous échappe dans une vie que nous pensions contrôler et diriger, et plus inquiétant encore la confrontation à notre étrangeté à nous-mêmes, c'est-à-dire à tout ce qui dépasse ce que nous pensions savoir et vouloir.
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Chez Sophocle au Ve siècle avant notre ère, dans Oedipe-Roi, Oedipe est ainsi rattrapé par une malédiction : (...) il découvre qu'il est un monstre, ou qu'un monstre a agi en lui en lui faisant commettre des actes que sa conscience réprouve mais qu'une intention secrète au fond de lui-même a peut-être commandés. Ce n'est pas tant "si j'avais su" qui accable Oedipe que le plus terrifiant "et si en fait au fond de moi-même je savais ?"
Voilà comment s'ouvre devant un homme l'abîme insoupçonné sous les dehors d'une vie bien menée, et comment s'ouvre sous ses pieds le puits sans fond des causes, des mobiles et du sens des actes.
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L'humanisme de la tragédie
Les Grecs n'étaient pas humanistes seulement au sens où ils exaltaient la puissance de la volonté et des capacités de l'homme. Ils savaient célébrer sa grandeur dans l'impuissance comme dans la puissance, c'est-à-dire montrer que l'être humain peut tomber dans des abysses aussi profonds que sont élevées les altitudes où il se hisse. C'est la dimension tragique de l'humanisme grec, et on pense ici évidemment aux tragédies de Sophocle, Eschyle et Euripide. Mais il s'agit de quelque chose qui est encore un héroisme, en l'occurrence celui du héros tragique aux prises avec les dieux dont la décision fatale le pourchasse et le condamne à une éternité de malheur, ou bien aux prises avec ses propres abîmes intérieurs, jusque devant lesquels il s'avance et qui l'épouvantent. Tout cela est un moyen supplémentaire d'imprimer dans la conscience collective l'idée que derrière son évidence, sa banalité ou sa facilité apparente, toute vie humaine se joue en fait sur le fond grandiose d'un rendez-vous avec le destin, et d'une marche aveugle au bord de quelques gouffres...
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Nous retrouvons la règle d'or de la réciprocité du bien dans chacune des grandes traditions culturelles et spirituelles de l'humanité -au point qu'il faut parler ici d'un universel humaniste commun à l'Occident et à l'Orient. (...)
Qui est le frère ? C'est la seule ambiguité dans les textes traditionnels du monothéisme, souvent mobilisée par ses critiques. (...)
Le prochain signifie-t-il le semblable en humanité, et donc tous les hommes, ou bien le proche par le sang et la foi, donc celui qui croit au même Dieu que moi ?
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L'humanisme monothéiste ou l'humanisme de l'homme capable de s'approcher de cette perfection nommée Dieu. Léon Tolstoi, l'une des grandes consciences de la culture russe, écrit en 1893 : "La perfection divine est l'asymptote de la vie humaine; c'est vers elle que l'humanité tend toujours : elle peut s'en rapprocher mais elle ne peut l'atteindre que dans l'infini" et "la doctrine du Christ (...) dirige les hommes (...) par la conscience qu'ils ont de la possibilité d'atteindre à la perfection divine" (Le Royaume des cieux est en vous, Le passager clandestin, 2010).
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Insistons bien ici sur le fait que croire en Dieu ou pas n'est pas ce qui importe. l'enjeu ici est celui de comprendre quelle fonction l'idée de Dieu a pu jouer dans l'humanisme monothéiste -et peut -être au-delà dans les religions du monde en général. A quoi le divin a-t-il servi ? (...) L'important n'est pas la réalité du but mais la longueur du chemin.La vérité du cheminement est dans le cheminement lui-même.
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Le coeur de l'homme aurait été crée comme le tabernacle (sanctuaire, abri ou niche) d'une possibilité divine, comme l'écrit Schumel trigano : "l'être humain est en quelque sorte le tabernacle, le sanctuaire qui abrite- et cache donc- cette présence dans le monde" (La Monothéisme est un humanisme, Odile Jacob, 2000) ? Ces objets de foi pour le croyant peuvent être aussi des pistes d'interrogation et de méditation pour le non-croyant. Même pour qui n'a pas de foi religieuse, la mise en relation de l'existence avec "l'hypothèse Dieu" peut être extrêmement enrichissante. Car notre existence cherche -ou doit chercher- à aller vers une perfection plus grande, que l'on exprime aujourd'hui par les termes d'accomplissement, de réalisation ou de dépassement de soi. Or historiquement l'idée de Dieu est ce que l'esprit humain a pu concevoir de plus élevé en termes de dépassement.
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Au XVIe siècle, Blaise Pascal renchérit sur un mode modeste : "Il faut se connaître soi-même; quand cela ne servirait pas à trouver le vrai, cela sert au moins à régler sa vie : il n'y a rien de plus juste" (Pensées). Un siècle plus tôt, Montaigne (1533-1592) avait déjà annoncé que dans ses Essais il ne parlerait que de lui-même : "C'est ici un livre de bonne foi, lecteur (...). Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention ni artifice : car c'est mi que je peins. Mes défauts s'y liront au vif, et ma forme naive, autant que la révérence publique me l'a permis (...). Ainsi, lecteur, je suis moi-même la matière de mon livre." Tout de suite après il ironise en s'adressant à son lecteur : "ce n'est pas raison que tu emploies ton loisir en un sujet si frivole et si vain" (Essais, Folio, 2009)
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"Connais-toi toi-même", conseillait Socrate au jeune Alcibiade. Car s'il y a un mystère humain il est à chaque fois personnel. On ne trouve l'homme qu'en se trouvant soi-même dans sa particularité. C'est la paradoxe : l'universel humain est au coeur de chaque singularité personnelle. Il faut que chacun aille jusqu'au bout de son prope processus d'individuation pour déboucher soudain sur l'Homme -qui n'existe donc pas comme une abstraction séparée de chacune de nos vies.
La culture humaniste doit aider chacun dans cette progression, dans cette quête et enquête intérieure. ce sera donc à chaque lecteur de se choisir ici, parmi toutes les grandes figures de l'homme qui vont lui être présentées, celles qui lui parleront assez pour inspirer le rapport qu'il entretient à lui-même. Pour l'aider à creuser en lu-même, pour contribuer à son effort de donner à sa vie plus de sens ou de plus vastes horizons.
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Si la connaissance des humanismes historiques de l'Occident est utile, ce n'est pas essentiellement pour accumuler des connaissances. C'est parce qu'elle peut servir de support à la connaissance de soi-même et à la réalisation par chacun de sa propre humanité. Toutes les déjà apportées à la question générale "Qu'est-ce que l'homme?" sont précieuses seulement dans la mesure où elles servent de jalons et d'étincelles sur le chemin de la question personnelle "Qui suis-je?" Réfléchir sur soi ne se fait pas tout seul. Si la vérité est singulière, la quête est collective. Nous nous aidons tous mutuellement à nous accomplir personnellement. L'homme est une abstraction, et seul celui qui se connaît lui-même arrive à dire quelque chose d'universel qui peut aider tous les autres hommes à se connaître eux-mêmes.
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