Trois jours, trois moments dans la vie du peintre. Il s'agit uniquement de cela. Trois jours pas spécialement célèbres. Une sorte de portraits instantanés. Cézanne est bourru, misanthrope, sale, bougon, un inadapté à la vie sociale, il vit quasi seul avec la présence quelques jours par semaine d'une gouvernante sans laquelle il mourrait quasiment de faim. Parce qu'il ne vit que pour peindre, même s'il n'est presque jamais content de lui (ni des autres).
Il n'aime ni
Van Gogh, ni Arcimboldo, ni Renoir, il les tolère, tout comme son propre fils ou le Dr Gachet (le mécène de van Gogh à Auvers). Il vit de manière assez fruste dans sa maison-atelier près d'Aix d'où il peut aller chaque jour "sur le motif" tenter d'attraper la lumière, les couleurs, les odeurs. Il vit là entre réalité brute et mythes grecs. Vous croiserez un faune, une sphinge, une muse, Pégase et le Minotaure... Je vous laisse juge de l'interprétation de ces rencontres.
Et puis, un jour, il trouve le cadavre d'une femme dans la garrigue...
Un court roman ou une longue nouvelle, un texte au français tenu plutôt élégant, même si la trivialité surgit inopinément. Avec Peintre-Paul on peut toujours s'attendre à tout. Il n'est qu'un homme. Un génie de la couleur et de la lumière mais un homme.
Mika Biermann le peint tel qu'il fut sans fard ni cruauté. Trois jours comme trois tableaux pleins de soleil brûlant, de couleurs et d'odeurs musquées. Trois paysages provençaux vides ou peuplés de gens simples. Trois tableaux inachevés. Trois jours où Cézanne est en colère contre lui, contre les gens, contre sa toile. Mais Cézanne peint...
Et pour ça, on lui pardonne tout...
A noter une jolie qualité d'édition sur un agréable papier crème.
Merci à Masse Critique de Babelio de m'avoir permis de passer quelques heures avec un génie, un ours et un homme réunis en un seul être... par la plume de
Mika Biermann.