Troisième livre consacré à son "Bug" par
Enki Bilal, et probablement pas le dernier.
Ayant accepté de ne pas tout comprendre depuis le premier tome, je n'ai pas relu les deux autres. Il faut savoir lâcher prise et se laisser porter !
D'autant qu'une oeuvre de Bilal demande de toute façon plusieurs lectures : impossible de prendre le temps d'apprécier les illustrations tout en découvrant l'histoire. En tout cas pour moi.
Le monde est toujours bloqué par ce fameux bug (jeu de mots entre l'insecte extraterrestre à l'origine du bug informatique), et Obb est toujours traqué par différents courants idéologiques voulant profiter de lui.
Bilal, plus que jamais en prise avec l'actualité, fait feu de tout bois : retour d'idéologies nauséabondes du XXème siècle, transhumanisme, wokisme, et même le second mandat d'
Emmanuel Macron sont évoqués. Dans ce grand gloubi-boulga, difficile de comprendre ce que pensent les différents leaders. Tout comme Obb, mais sans cette magnifique fourrure rose (!), le lecteur est ballotté de part en part. J'apprécierais d'ailleurs que le héros devienne un peu plus acteur des péripéties et s'engage d'une manière ou d'une autre.
À la manière d'un conte philosophique, le regard porté sur notre société est implacable.
Les illustrations en plus. Et quelles illustrations !
Si les visages et les corps des personnages sont toujours un peu les mêmes, le travail sur les décors, les couleurs (ce bleu à la limite de l'IKB est incroyable !), et tout particulièrement les communications entre Obb et son bug (p.34-37) sont magnifiques.
L'ironie est elle aussi bien présente, que ce soit sur les motivations des leaders, les ambitions des ados (la "Global Agency To Save The World") ou les autocitations (le fameux chess-boxing). Bref, rien de bien neuf mais pourquoi changer une recette gagnante ?