le masque de mes larmes
posé sur mon visage
c’est plus facile de pleurer
c’est plus facile qu’affronter
ce qui me fait vraiment mal
alors je pleure et je hurle
parce que je ne supporte plus mon silence
mes blocages
ces mots qui ne viennent pas
ces pensées que je ne formule pas
tout reste coincé
à l’intérieur de ma tête
ils sont là
ils ne sortent pas
j’en suis incapable
alors je pleure
je n’ai que ça
peut-être que la fatigue
c’est juste ce moment où
tout se déconnecte
où plus rien n’est clair
les larmes coulent seules
les raisons sont floues
surgissent et s’effacent
rien n’a vraiment de sens
mais les nerfs lâchent
et tout disjoncte
on n'imagine jamais
en grandissant
que le monstre sous notre lit
puisse exister réellement
mais moi il était là
chaque nuit à la place d'à côté
à me regarder dormir
après avoir tenté de m'étouffer
j’aimerais lui expliquer
mais mes mots ne sont jamais suffisants
et j’ai constamment peur
de tout avoir inventé
comment pourrait-elle me comprendre
si moi-même je ne crois pas
quand je tente de raconter
les crises d’horreur que je subis
j’ai parfois la sensation
de trahir
celle que j’ai été
en écoutant
celle que je suis
aujourd’hui
comme une dette infinie
envers la petite fille
que j’étais
je suis tellement détraquée
que j'écris dans l'urgence
pour tout me rappeler
et me souvenir
que je n'ai rien inventé
écrire avant même d'avoir réussi
à apaiser les larmes
tout décrire à chaud
les mécanismes
les pensées
les angoisses
de l'horreur psychique
que je viens de vivre
c'est la solution que j'ai trouvée
pour réussir à me croire
[…] c’est à peine si certains jours
j’ai le courage de me lever
ils ne se sont jamais excusés
de m'avoir ôté sans un mot
cette partie de moi
que j'aimais tant
ils ont voulu m'expliquer
ils se sont justifiés
ils ont pleuré aussi
mais ils ne se sont jamais excusés
pour mes larmes à moi
ma douleur
l'horreur de la découverte
l'atrocité de mon absence
par le choix de leur silence
pour le traumatisme
et les années passées
à tenter d'en guérir
je chancelle souvent
mon corps fatigue
ne tient plus debout
et moi
je n’ai plus la force
de le porter
alors que fait-on dans ce cas
lorsque tout en nous lâche ?
j’emprunte au chaos
juste ce qu’il me faut
de force
d’endurance
et de résilience
pour réussir à surmonter
mes déséquilibres constants