C'est en parcourant la blogosphère que j'ai découvert Sigridur Hagalin Bjornsdottir une autrice islandaise publiée chez Gaia Editions. Roman post-apocalyptique publié en littérature blanche mais qui est, ne nous trompons pas, un roman relevant de l'imaginaire n'en déplaise à certains.
L'île ne souffre que d'un seul défaut : il faut une bonne dose de suspension d'incrédulité pour accepter le postulat de départ. L'Islande se retrouve du jour au lendemain coupée du monde. Plus aucune communication n'entre sur
l'île : internet, téléphone, ondes radio sont out ! Aucun avion, aucun bateau n'arrivent et ceux qui partent ne reviennent jamais. le pays se retrouve isolé du reste du monde, pourquoi, comment ? Quelques possibilités nous sont données mais les esprits cartésiens resteront sur leur faim jusqu'à la dernière page. Aucune explication ne viendra crédibiliser l'histoire et c'est dommage. Mais ce n'est pas l'objet du récit. le thème central est le retour à l'autarcie...
Tout d'abord ce livre, plutôt court, se lit très vite. L'écriture est fluide et sa construction, alternant la vie des différents protagonistes sur des chapitres courts en fait un page-turner efficace. Mais ce qui marque ce roman est la violence omniprésente même si la plupart du temps cette violence est juste suggérée. L'imagination du lecteur faisant le reste...
Avec
L'ïle, l'autrice qui est aussi journaliste et présentatrice du journal télévisé, s'attaque à tous les maux de notre société actuelle où l'individualisme prime. Les premières salves sont contre les politiques, ceux qui sous couvert de crises, prennent le pouvoir pour le "bien de tous". Elle nous montre qu'en quelques mois la démocratie peut se transformer en dictature avec l'aval de ses concitoyens. Elle dénonce également le nationalisme exacerbé qui se développe en Islande. En temps de crise, repli sur soi et recherche de coupables sont les deux mamelles du nationalisme.
L'autre pan de l'histoire est plus économique. Comment vivre en autarcie quand les importations se réduisent à néant. Quid des produits de première nécessité, des médicaments, des outils technologiques qui ne peuvent être fabriqués sur place. le retour aux sources est difficile, il demande d'immenses sacrifices et le tout se fait dans la violence. La loi du plus fort...
Je vous passe les détails des exactions qui sont produites, toute la déchéance humaine concentrée en quelques pages. Les descriptions faites par l'autrice font froid dans le dos, certaines scènes sont insupportables. Mais malgré tout il y a toujours un peu d'espoir et, par sa galerie de personnages, Sigridur Bjornsdottir montre un optimisme mesuré et une foi en l'espèce humaine.
En résumé,
L'île est un roman coup de poing, suffoquant, flippant qui ne laisse que peu de place à l'optimisme. Il nous permet de réfléchir sur notre façon de vivre, de consommer et notre dépendance les uns aux autres que ce soit individuellement ou collectivement. Il est difficile de ne pas faire de parallèle entre cette fiction et les événements qui se passent aujourd'hui avec le Covid-19.
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