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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est par hasard que j'ai choisi ce roman islandais dans les nouveautés dernièrement arrivées chez mon libraire préféré. Et je ne le regrette absolument pas. Ce roman est une pure merveille que j'ai lu d'une traite. Impossible de m'extraire de cette dystopie du bout du monde. Imaginez que l'Islande soit coupée du monde extérieur et doive revenir à l'autarcie. Nous ne saurons jamais les causes de cet isolement, ni même si le monde extérieur existe encore. La société va devoir s'adapter et revenir à un mode vie plus proche de la nature. On image aisément, que ce bouleversement ne va pas se faire sans heurts et que tout le monde n'y survivra pas. Seul, un retour aux sources permettra d'espérer un avenir possible.
L'écriture est fluide, le rythme soutenu mais pas trop, les chapitres sont courts, entrecoupés d'articles de journaux pour mieux suivre l'évolution générale de la situation, parallèlement à l'histoire personnelle des différents protagonistes. le tout savamment dosé pour rendre l'action vraiment très efficace.
De plus, pour ceux qui connaissent un peu ce pays, on retrouve dans les descriptions, les paysages sauvages et la nature omniprésente, sans oublier les rues du centre de Reykjavik.
Ce premier roman est une véritable pépite que je recommande vivement.
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Aujourd'hui, Maria vit sur ce rocher perdu aux confins de l'Atlantique Nord, dans une ville qui est peut-être la dernière ville du monde, Maria distribue à Elias et Margrèt assez de nourriture pour tenir jusqu'à la fin de la semaine.
Moments de survie, les mots se résignent à l'image de Maria, qui a de plus en plus de difficultés à percevoir ce que sera demain.
Il n'y a plus de mots pour imaginer la suite inéluctable des jours dans ce décor qui raconte la fin d'un monde cerné par des volcans.


Sigridur Hagalin Björnsdottir, une jeune journaliste islandaise lance ces propos démesurés, son pays se trouve brusquement coupé du monde. Elin le premier Ministre a t-elle les moyens d'enrayer cette descente aux enfers.
Nous voilà donc devant le défi lancé par cet ouvrage, face à la collapsologie. L'homme a poussé si loin sa dépendance aux technologies, qu'un simple petit grain de sable est capable de mettre le pays à feu et à sang.
Avec les ordinateurs une minuscule erreur de manipulation peut bloquer une voiture, qui se trouve en rade, ou un avion, un car ou un train..., Comme il m'est arrivé de voir ma voiture toute récente tomber en panne pour une batterie défectueuse.


Après avoir fêté les capacités de résistance des citoyens islandais et les idées lancées pour trouver la parade technologique, des citoyens planchent sur ce qui vient de se passer. Imaginez la mise en place d'une cellule de crise pour lancer une sorte de sursaut national.
"En temps de famine, l'unique objectif de l'être humain est la survie. L'ensemble de ses autres préoccupations est remisé, ses rapports sociaux sont entièrement gouvernés par un seul instinct : se nourrir."


Ce sont de vrais gilets jaunes qui s'avancent alors, les manifestants accusent les autorités d'incompétence et réclame comme par magie des élections.
"Le cerveau fabrique une hormone, de l'ocytocine, qu'il fabrique également pendant l'acte sexuel et chez une mère qui allaite son enfant. Un amour de nature chimique. La tendresse pardonne et supporte tout, mais la bienveillance est-elle encore présente".

Le groupe de pilotage du gouvernement vit une l'illusion de pilotage. de pilotage, il n'y en a pas. Par contre c'est un attentat qui vient frapper ce qu'il y a de plus fondamental la culture. 67 personnes ont péri, la plupart, des membres de l'orchestre symphonique d'Islande, le plafond qui s'effondrait sous leurs yeux, Maria est blessée.
Une tuile, quand s'égraine une suite de petites catastrophes et la situation dérape.


Elin rit, ouvre grand ses bras, attrape la main de l'économiste et la lève bien haut, ensemble, nous en sommes capables ! Nous l'avons fait jadis.
Il faudra bien qu'ils redeviennent réalistes Sigridur Hagalin Björnsdottir, dicte à Elin le tri des Islandais , et le renvoi sur des bateaux de fortune, tout ce que le pays avait recueilli comme étranger, y compris Maria la violoncelliste.


Tout est prêt pour se sauver ensemble du cataclysme, comme tout est prêt pour s'effondrer devant l'impuissance des leaders à s'entendre.
Quoi de plus actuel que de proposer cette réflexion au monde littéraire d'aujourd'hui.

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Wouaw... juste wouaw.

Mais encore?

L'Islande est coupée du monde. Les câbles qui amène l'Internet, les communications, le reste du monde n'opèrent plus. Via satellite, pas davantage de réaction. Plus d'avions n'arrivent. Plus de bateaux non plus. Les avions qui décollent (sans instruments) ou les bateaux qui partent ne reviennent plus. Mais pas de panique, les Islandais sont un peuple civilisé, moderne, responsable. On attend. Les jours, les semaines passent. Rien ne revient. Ni le WWW, ni les communications, ni le téléphone international, ni le reste du monde.

Du moins, c'est la version officielle.

Ajoutons que cet aléa "technologique" est arrivé alors qu'une partie du gouvernement se trouvait à l'étranger, et on a tous les ingrédients d'une prise de pouvoir, avec un chouette vernis démocratique dessus. Puis pour éviter (légitimement, semble-t-il) la panique et la peur, on va décréter l'état d'urgence, mettre en place un comité de sages (scientifiques) triés sur le volet et qui vont donner une justification scientifique aux décisions gouvernementales.

Il apparaît vite que l'opposition est muselée, surtout quand elle réclame des élections qui n'arrivent pas. Les milices se créent avec l'aval du gouvernement. le gouvernement est dissous dans l'indifférence générale. Les étrangers (c-à-d toute personne n'ayant pas des racines islandaises remontant aux vikings) finissent par être mis au ban de la société et finalement "encouragés" à partir en bateau rejoindre "leur pays"...

Soyons bien clair que depuis le début du "problème", on n'a que l'information officiellement donnée par le gouvernement, dont les actes sont pour le moins douteux, même s'ils semblent cohérents et logiques... Par exemple, quand on décide de ne plus financer la culture, ou quand un rapport tenu secret considère qu'on ne pourra nourrir que 200.000 personnes, alors que l'Islande en compte 350.000...

Le lecteur va suivre tour à tour les pas de Maria (islandaise d'origine sud-américaine, mère de Margret et d'Elias), de Hjalti (ex de Maria, journaliste et flirtant avec le pouvoir et Elin, la 1ère ministre faisant fonction), de Lefuir (son frère), de Margret (13 ans, qui va intégrer une bande de jeunes voyous)... En contrepoint du lent délitement de la société islandaise, qui retourne à son état médiéval, on a les réflexions d'un homme (dont on devine assez vite le nom, mais chut...), qui vit isolé et essaie de survivre en se cachant... C'est lui qui nous raconte l'histoire...

Et on assiste à une lente et irrémédiable descente aux enfers. Attentat, xénophobie, compromission, mensonges d'état, manipulations de l'opinion publique, violences, viols, meurtres... C'est horrible... mais tellement réaliste.

L'Islande est un bon choix. Une île, un peuple assez "pur", ou qui a fait de sa pureté un argument de vente... Mais c'est un prétexte, bien sûr. le propos de l'auteure est universel. Global. On a une charge féroce sur la perte de notre humanité, de nos valeurs. Et cela va vite, très vite. Je suis d'ailleurs fort étonné, dans les critiques que j'ai pu lire un peu partout sur le Net, les lecteurs limitent leur commentaire à la seule Islande, lisant cela comme un récit de SF déconnecté du réel... Eh, oh, on se réveille un peu ! On assiste partout en Europe -et dans le monde- à des murs, des lois de ségrégation (allocations refusées aux immigrés, par exemple), à des exclusions, des attitudes, à des réductions de budget subies par des associations indûment blacklistées, au rejet de la culture ou de la libre expression, à des agressions xéno- ou homophobes... Ce livre n'est vraiment pas de la SF... Vraiment pas. C'est une dénonciation, un appel à la vigilance.

J'ai adoré, mais vous vous en doutiez si vous m'avez lu jusqu'ici...
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« Je les observe, nous sommes plus calmes, nous avons moins peur les uns des autres. Il se passe toujours quelque chose quand des gens s'assoient autour d'une gamelle de soupe chaude, partagent un repas et rompent le pain ensemble, disait toujours Leifur. le cerveau fabrique une hormone, de l'ocytocine, qu'il fabrique également pendant l'acte sexuel et chez une mère qui allaite son enfant. Un amour de nature chimique. La tendresse pardonne et supporte tout, mais peut-être se résume-t-elle à une hormone, à cette force qui nous soigne en nous unissant. Leifur plaisantait, la science apporte ses réponses, mais après tout, chacun croit ce qu'il veut. »
Parution en poche (collection Kayak chez Gaïa) pour ce roman de 2018 qui avait échappé à mes radars et que j'ai dévoré à pleines dents. Nous y suivons un journaliste, Hjalti, qui, lorsque nous le rencontrons, se sépare tout juste dans la douleur de Maria, violoniste au sein de l'orchestre national. Elle vit en Islande depuis quinze ans, en a acquis la nationalité et est tout à fait intégrée. La question ne se pose même pas, en réalité, dans la société islandaise contemporaine. Elle a deux enfants, nés de deux pères différents, et quitte Hjalti parce qu'il est évident qu'il a du mal à les supporter, à les accepter, à créer une relation avec eux. Une nuit, toute relation avec le reste du monde est coupée. Tout fonctionne encore normalement dans le pays (Internet aussi) mais en interne uniquement. C'est comme si l'Islande était le seul pays restant au monde. Ceux qu'on envoie (en bateau, en avion…) voir ailleurs ne reviennent pas, mais la mer n'est ni polluée ni empoisonnée et la météo est normale. Passés les premiers temps de sidération, une nouvelle société se met en place car il est question de survivre, en autarcie… Écrit en 2016 ce premier roman est terrifiant. Il met en scène l'effondrement d'un société tel qu'on le redoute et le fait avec une douceur infinie, qui tranche fortement avec les événements qui se produisent. On l'espère ardemment non prophétique.
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L'île...
Je viens de terminer la lecture de cette dystopie très sombre, et j'avoue que mon moral n'est pas au beau fixe.
L'Islande s'est donc retrouvée coupée du monde du jour au lendemain, et rien n'y fait, le contact avec l'extérieur ne sera jamais rétabli. Comment la vie va-t-elle bien pouvoir s'organiser maintenant que l'archipel est condamné à l'autonomie ?
Le regard des protagonistes sur cette société qui s'effondre lentement, fait froid dans le dos, pire même, il blesse profondément et de manière indélébile un humanisme naïf qui sommeille en nous, et que l'on aimerait voir (re)naître : les espoirs sont douchés les uns après les autres, le malheur vient frapper à toutes les portes, l'être humain se montre incapable de bâtir un avenir commun, où la solidarité saurait empêcher la dérive collective. On file à toute allure vers des abîmes dont l'histoire témoigne au gré des événements les plus glauques qui la jalonnent.
Dérives collectives et individuelles, faillite de l'esprit critique, loi du plus fort, dogmatisme et aveuglement politique, racisme, intolérance, égocentrisme, corruption maladive, tous les maux s'amoncellent alors que la famine s'étend, que la misère ronge les vestiges d'un passé heureux finalement pas si lointain.
L'île surnage, les hommes sombrent.
J'ai mal à mon humanité, et ce livre m'a fait beaucoup réfléchir.
Quelque part entre La Route et La Constellation du Chien, voici encore une expérience dont je ne suis pas sorti indemne.
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Premier roman de cette auteure islandaise, cette dystopie nous met dans un situation inconfortable dans laquelle l'Ile islandaise est coupée du reste du monde. Que s'est-il passé ? En tout cas, les islandais doivent s'organiser, retrouver leur source pour vivre en autarcie.
C'est un roman qui m'a transportée, et qui amène inéluctablement des questionnements sociologiques.
Une auteure à suivre !
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Nous lisons pour voyager dans le temps et dans l'espace.
Ici le temps se révèle être un futur noir, et l'espace : l'Islande bien loin des brochures touristiques.

En effet du jour au lendemain l'Islande devient un île déserte, au sens figuré, coupée du monde telle que l'île déserte apparaît comme le modèle de ce que l'on appelle, dans la philosophie politique des XVIIe et XVIIIe, "état de nature", à savoir l'état d'un être humain en dehors de toute société, dépouillé donc de tout ce que la vie en société nous apporte et nous impose, de tout ce qui est acquis et intégré par nous lorsque nous vivons en groupes : c'est l'idée d'un homme qui n'aurait, en termes de désirs, de règles de conduites et de capacités que ce que sa nature originelle lui procure, sans ajout, sans éducation et sans rien qui supposerait l'interaction avec les autres.
Dans ce livre c'est un état entier qui se retrouve face à lui même.

ET SI un un pays se trouvait coupé du monde extérieur, que se passerait-il ?
"Et si", nous pousse à placer ce texte dans la catégorie des dystopies, mais est-ce le cas ?
Peut-être car elles sont là pour nous rappeler que rien n'est indestructible, que tout système peut changer, que la volonté de puissance fait partie de la nature humaine et que l'enfer est pavé de bonnes intentions...

Afin d'éviter le chaos, les politiciens, menés par le Premier ministre, commencent à introduire des restrictions, à rationner la nourriture et les carburants, et à chercher des solutions alternatives à la crise à venir, notamment en termes de nutrition. Cela conduit à des distorsions et à une propagande médiatique, les rôles sociaux sont inversés, les anciens exclus sont désormais des exclus, les mécanismes de formation des nationalismes et des fascismes sont visibles, et l'aversion pour "l'autre".
Ce qu'il y a de passionnant dans cette phase du texte est l'analyse journalistique presque froide, neutre, d'un processus terrible, celui du basculement d'une démocratie vers le fascisme, sous la pression de certains facteurs et évènements externes, et des liens entre médias et pouvoir.

Très vite ce sont des problèmes bien concrets qui apparaissent, nourrir toute la population, générer du travail, atteindre l'autosuffisance, maintenir le moral de la population pour empêcher troubles et émeutes, que faire des touristes présents sur l'île, quels choix faire.
De prime abord les intentions sont louables, la principale tactique étant de se raccrocher à l'identité islandaise, ses pratiques ancestrales, son histoire qui peuvent servir d'exemple.
On assiste à la mise en place d'une politique nationaliste, véhiculant ardemment un sentiment d'appartenance à un peuple fier et indépendant, qui ne doit son salut qu'à lui-même :
"Nous n'avons pas peur.
Nous n'avons rien à craindre.
Nous vivons sur cette île depuis presque mille deux cents ans et nous nous sommes toujours suffi à nous-mêmes. Nous avons connu des périodes difficiles, il nous est arrivé de souffrir du froid, mais nous avons survécu. Et nous sommes encore ici, avec notre belle langue ancienne, nos sagas et nos poèmes, nos vertes campagnes, notre océan qui regorge de poissons et nos rivières puissantes. Nous avons les hommes les plus forts et les femmes les plus belles, elles mettent au monde les enfants les plus solides de la terre. Nous avons l'espérance de vie la plus longue au monde, hommes et femmes confondus. Nous nous serrons les coudes, nous nous acquittons des tâches nécessaires, nous faisons ce qu'il faut faire. Allez, l'Islande !
Allez, l'Islande ! La foule pousse des cris de joie tandis que le jeune homme va et vient sur la scène, le poing brandi."

Puis interviennent les membres du comité de pilotage qui convoquent l'histoire avec un grand H  :

" L'année 1177 avant Jésus-Christ a vu l'effondrement de la civilisa­tion mondiale. Les grands royaumes de l'âge du bronze ont disparu, de la Mésopotamie à la Grèce. Les grandes villes ­grouillantes de vie, centres commerciaux et culturels ont brûlé ou bien ont été recouverts par le sable des déserts. Leurs habitants jadis vêtus de pourpre et d'or, et qui exerçaient des professions spécialisées comme celles de comptable, d'orfèvre ou de scribe ont fui vers les campagnes où ils se sont habillés de vêtements de grosse toile ou bien de peaux de bête pour devenir ­paysans, ­chasseurs et pêcheurs. Les anciennes langues écrites des Égyptiens, des Sumériens et des Crétois ont été oubliées et effacées sauf dans les tombeaux et les bâtiments où étaient entreposées des tablettes d'argile qui, pour quelques-unes, ont été miraculeusement cuites et durcies par les incendies, ce qui a permis de conserver les caractères. Les peuples fiers de l'Antiquité se sont transformés en une cohorte de paysans illettrés, les armées de chars des généraux et des pharaons ont été remplacées par des hordes de bandits et de pillards qui s'en prenaient à la population. C'était l'avènement des siècles ­obscurs. Cette nuit ne s'est dissipée qu'au VIIIe siècle avant Jésus-­Christ, lorsque les Grecs ont repris le flambeau de la civilisation pour le faire rayonner sur leurs cités. Cette flamme a ensuite engendré ce qui deviendrait le ­puissant Empire romain qui a lui-même jeté les bases de la civilisation mondiale à laquelle nous appartenons. Notre petite nation tout au nord de l'Atlantique est peut-être le dernier vestige de la culture occidentale. Évidemment, nous ne pouvons pas l'affirmer avec certitude, mais nous avons toutes les raisons de le supposer. Et tant que nous ne pouvons pas entrer en contact avec d'autres sociétés, leur existence ne saurait nous être utile"

Et les scientifiques de poursuivre :

"De nombreux scientifiques considèrent que les sociétés et les cultures ne se développent que pour ensuite décliner, de la même manière que l'être humain naît pour mourir. ­L'histoire de ­l'humanité regorge d'exemples de ce type : les Mayas en Amérique centrale, la civilisation de l'Indus, la dynastie des Han en Chine, mais en général, on observe que les univers ­culturels fusionnent ou entrent en sommeil puis se réveillent sous une nouvelle forme, comme l'a fait l'Occident après les siècles sombres du Moyen Âge. Notre société est le fruit des Lumières et de la Renaissance, plonge ses racines à travers le Moyen Âge jusqu'à la Rome antique puis jusqu'à la Grèce des philosophes, de la tragédie, de la ­République et de Pythagore. Notre culture a connu des périodes de déclin et des regains, elle est entrée en sommeil et s'est ­réveillée, régénérée et renforcée. Nous lui avons constamment ouvert de nouvelles voies, nous avons exploré de nouvelles formes d'expression par le biais des oeuvres d'art, des écoles, des livres, de l'Église, des parlements, des navires, des armes, des vaisseaux spatiaux et des centrales nucléaires. Il n'est pas impossible qu'une de ces voies ait fini par lui être fatale - mais notre rôle n'est pas d'apporter une réponse. La seule chose qui importe, c'est que la nation islandaise est encore là et que nous sommes en mesure de réfléchir à toutes ces questions.

Puis ce sera au tour de la culture de faire les frais, les départements inutiles des universités seront fermés. Les jeunes livrés à eux-mêmes. La descente est inexorable.

Les intentions louables cèdent la place aux chiffres, aux courbes mathématiques, aux analyses chiffrées, bref au cynisme :

"Comment se décide le destin d'une nation ? Suffit-il de quelques âmes bienveillantes qui proposent un nouveau contrat social, qui déterminent ce qu'on doit produire et comment on doit s'y prendre, qui installent les gens dans les campagnes, envoient les banquiers et les designers en mer et les compositeurs faire les foins ? En a-t-on le droit ? Hjalti ne fait que poser les questions. Elín répond, calme et ­pondérée : Nous faisons ce qu'il faut faire. La nation est avec nous. C'est en son nom que nous travaillons."

Heureusement à côté de cette froideur il y a la chaleur des personnages qui jalonnent le roman.
Hjalti, un journaliste proche des sphères du pouvoir, mais ...
son ex-compagne Maria, d'origine espagnole, violoniste, qui tente de survivre avec ses deux enfants...
Svangi, un ermite vivant avec son troupeau dans un fjord sauvage, plein de nostalgique pour les gens et l'ordre ancien, mais sans tendresse ni sentimentalité, ni peur d'être ici et maintenant.

À ce cynisme l'auteure convoque en nous-même de l'empathie pour ces personnages qui tentent de mener une "vie normale" dans un monde qui ne l'est plus, qui ne savent pas quoi faire d'autre ou comment faire autrement, qui assistent impuissant à l'effondrement de leurs idéaux, et nous lecteurs en sommes spectateurs.

Voilà un livre qui marque, qui laisse une trace, et qui pose énormément de questions, en ces temps actuels, sur la condition humaine, les mécanismes sociaux, l'éthique voire l'absence d'éthique dans les relations avec les autres êtres humains, que signifie cette métaphore de l'isolement ?
La fiction analyse-t-elle la société, la réinvente-t-elle, ou lui impose-t-elle une forme?
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Terrifiant, bouleversant, ce livre est un cauchemar, nous sommes dans nos rêves les plus fous, de ceux qui nous tiennent éveillés et qui nous laissent épuisés après une nuit de non sommeil.
Tout s'arrête, il n'y a plus rien, nous sommes seuls au milieu de rien ...
Qui n'a jamais envisagé ce scénario catastrophe ?
Qui n'a jamais tremblé en se demandant que faire ?
Cette panique qui monte, monte transformant les individus les plus charmants, les plus intelligents en bêtes absurdes, teigneuses et si dangereuses.
Cette agitation qui perturbe le bon sens habituel, les raisonnements les plus pertinents deviennent des discours lénifiants et dangereux.
Cette fureur qui emplit les coeurs d'amertume, de rancoeurs.
Terrifiant et bouleversant, je le répète cette lecture est enivrante, addictive et nous laisse assommé, groggy sur le bord de la route qui ne mène à rien.
Heureusement il y a cette conclusion :
"Mais nous sommes ici. Et nous sommes vivants.
Entendez-le."
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Une nation coupée du monde du jour au lendemain, sans aucune explication, qui n'a alors d'autre choix que de revoir son mode de fonctionnement ou se laisser dépérir. Voilà qui est plutôt prometteur et intrigant !
Amoureuse de l'Islande, la quatrième de couverture avait ainsi fortement suscité ma curiosité, j'avais hâte de découvrir comment cette île et ses habitants feraient face à cette situation catastrophique.

L'auteur dresse le portrait inquiétant d'une Islande en pleine déchéance, en proie à des interrogations sans réponse. Craintes, peur, dérives, corruption, manipulations politiques, mais aussi espoir sont les ingrédients de ce roman captivant et bien construit.

Une vision post-apocalyptique effrayante, fascinante, et surtout crédible, ce qui constitue l'un des points forts de ce roman. Après ce genre d'événements, les situations évoquées pourraient effectivement ne pas être éloignées de ce qu'il se passerait réellement. Cet aspect réaliste ne rend l'histoire que plus attrayante.

Les chapitres alternent en nous présentant l'évolution de différents personnages tout au long du remaniement forcé de cette société. La vie de ces survivants est chamboulée, eux aussi sont amenés à changer plus ou moins, à s'adapter, pour le meilleur ou pour le pire.

Une lecture coup de coeur qui nous dépeint habilement une Islande au destin à la fois sombre et fascinant. Un roman passionnant jusqu'à ses dernières pages émouvantes. A lire !
Lien : http://www.faimdelire.com/20..
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L'Islande se réveille un matin coupée du monde.

Plus de liaisons maritimes et aériennes, des touristes bloqués sur l'île et des islandais, dont certains membres du gouvernement ne peuvent rentrer au pays.

Au début, le gouvernement islandais pense à une panne informatique internationale, mais le couperet tombe après quelques semaines

L'Islande est seule et devra vivre en autarcie.

Comment peut-on vivre sans échange commercial ?

Bien vite, le manque de médicaments puis de nourriture apparaissent et les exactions deviennent quotidiennes pour survivre.

La loi du plus fort et le racisme vont diviser la population.

Un livre dur et noir qui montre l'ignominie de l'être humain quand il a le ventre vide.

Un livre fiction ? En tout cas, je l'espère …..

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