La figure humaine, je veux dire l’appareil extérieur du corps humain, ayant été construite sur un plan symétrique, l’homme désire retrouver au dehors de lui l’ordre dont il est lui-même une éclatante image. Mais que dis-je? la symétrie existe dans son esprit comme dans son corps, puisque l’organe de ses jugements, qui est la raison, obéit à une sorte d’équilibre moral qui est la logique. Une décoration, si elle n’était pas symétrique, ou tout au moins secrètement pondérée, nous paraîtrait borgne ou boiteuse, et par cela même elle offenserait nos regards, comme n’étant pas conforme à notre intelligence.
Considérée dans les grands spectacles, permanents ou éphémères, qu’elle offre à nos yeux, la nature n’est point belle, mais elle est sublime. Elle n’est point belle, parce qu’elle manque des trois conditions du beau, qui sont l’ordre, la proportion et l’unité. Ni les étoiles dans le firmament, ni les arbres dans les forêts, ni les fleuves dans leur cours, ni l’Océan dans la prison de ses rivages, ni les continents déchirés sur leurs bords et bouleversés, ne présentent une régularité apparente, un ordre visible.
Dès que nous sommes en présence d’un être animé, il nous apparaît comme composé de deux parties qui ont été soudées le long d’une ligne médiane, et ces deux parties, semblables sans être identiques, se correspondent de telle façon que celles de droite, repliées sur celles de gauche, les couvriraient exactement, comme une main de l’homme peut couvrir son autre main. Cette similitude, ou plutôt cette parfaite correspondance, est justement ce que nous appelons d’ordinaire la symétrie.
C'est seulement dans ses petits ouvrages que la nature commence à être belle, parce que là seulement elle met de l’ordre, elle se plaît à la symétrie, elle offre des unités saisissables, des harmonies sensibles. Déjà, dès son premier règne, elle accuse dans la cristallisation une régularité étonnante, une mystérieuse intention de géométrie.