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Critique de ZeroJanvier79


William Blanc est un historien, et plus particulièrement un médiéviste, dont j'apprécie les travaux, qui portent souvent sur des thèmes qui m'intéressent beaucoup. J'avais notamment beaucoup aimé ses deux livres le roi Arthur, un mythe contemporain et Super-héros, une histoire politique qui sur deux sujets différents abordaient pourtant une thématique commune : les rapports entre culture populaire, histoire et politique.

Le programme est semble-t-il le même avec son nouvel ouvrage paru au mois de mai dernier, et dont le titre a le mérite d'être clair sur le thème abordé et son ambition : Winter is coming : une brève histoire politique de la fantasy. le thème est clair : il s'agit d'étudier la fantasy comme genre à travers le prisme de la politique. L'ambition l'est également : cette histoire sera brève, il ne s'agit pas d'une encyclopédie complète sur le sujet. le résumé proposé par l'éditeur en dit un peu plus :

« Les dragons et les Hobbits ont toujours été des animaux politiques. Voyager avec eux, c'est prendre des détours pour mieux parler de l'indicible, c'est s'aventurer sur des chemins de traverse vers d'autres futurs. »

Grande fresque épique de fantasy inspirée des romans de G. R. R. Martin, Game of Thrones est désormais la série la plus célèbre au monde. Cette fascination pour un univers médiéval, dont les protagonistes craignent la venue d'un long hiver apocalyptique, fait écho aux angoisses contemporaines concernant le dérèglement climatique causé par l'activité humaine.

G. R. R. Martin n'a pas été le premier auteur à utiliser la fantasy pour parler des dérives du monde moderne et d'écologie. À bien y regarder, le genre du merveilleux contemporain développé à la fin du XIXe siècle en Grande-Bretagne a constamment servi d'outil pour critiquer la société industrielle.

De William Morris à J. R. R. Tolkien en passant par Ursula le Guin, Robert E. Howard ou Hayao Miyazaki, ce petit ouvrage invite à questionner la généalogie politique de la fantasy.

Contrairement aux ouvrages de William Blanc que j'avais lus précédemment, qui pour l'un dépassait allègrement les 350 pages quand l'autre approchait carrément les 600 pages, celui-ci est plus court : 128 pages au format poche. Cela se lit donc très vite.

Le coeur du texte se compose de trois parties :

La première partie présente les précurseurs de la fantasy, notamment William Morris que l'auteur m'a donné envie de découvrir. Ses oeuvres imaginent des mondes fantastiques et merveilleux et mettent en scène des civilisations anciennes qui vivent en communautés quasi-utopiques, confrontées à des envahisseurs belliqueux et impérialistes. Il est aisé d'y voir une métaphore d'une réaction, d'une résistance, face à lune certaine modernité apportée par la révolution industrielle, pressentie comme dangereuse pour l'humanité et son environnement

La deuxième partie aborde évidemment le “père” de la fantasy moderne : Tolkien, et son oeuvre magistrale marquée par les deux conflits mondiaux et la transformation de la société au XX° siècle. Rien de forcément nouveau dans cette partie, mais des rappels toujours utiles, même quand on connait déjà bien l'oeuvre de Tolkien

La troisième partie s'intéresse à la saga du Trône de Fer de George R.R. Martin et son adaptation pour la télévision Game of Thrones, interprétée après coup comme une analogie de la lutte – inefficace – contre la réchauffement climatique.

L'ouvrage s'achève par une série de “bonus”, des textes courts de l'auteur sur des thématiques complémentaires (les dragons, les saisons, etc.) ainsi qu'une bibliographie commentée dont j'ai eu très vite envie de piocher quelques références pour une lecture future.

Le livre est court et passionnant du début à la fin. A vrai dire, il est tellement court que je suis resté sur ma faim. J'aurais aimé que William Blanc développe certaines thématiques, qu'il donne d'autres exemples, qu'il creuse certains aspects. J'espère qu'il aura l'occasion de le faire dans un futur ouvrage, que je lirai alors avec plaisir.

Dans tous les cas, ce court livre m'a beaucoup plu, et je le conseille à tous ceux qui aiment la fantasy et veulent lui rendre ses lettres de noblesse, loin de l'image d'un genre uniquement d'évasion et de divertissement, alors que ses thématiques sont à la fois profondes et très actuelles.
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