Après un premier volume consacré au début des aventures de celle appelée à devenir «
Calamity Jane »,
Matthieu Blanchin et
Christian Perrissin poursuivent ici leur biographie illustrée de l'une des figures les plus emblématiques de la conquête de l'Ouest, et le résultat est encore une fois à la hauteur. Après son départ de Salt Lake City, sa brève expérience de lavandière à Laramie ou encore sa participation à un convoi à destination de fort
Kearney, la jeune femme a déjà vécue plus d'aventures en à peine vingt ans que certains dans toute leur vie. Et pourtant, son histoire est loin d'être terminée ! Ce second opus ne couvre cette fois que six ans de sa vie (1870 - 1876), un laps de temps relativement court au cours duquel on assiste toutefois à la réalisation de certains des éléments les plus célèbres de la légende de
Calamity Jane : sa rencontre avec Wild Bill Hickok et l'aventure qu'elle aurait eu avec lui, la naissance de sa fille, Janey, et sa décision de la confier à une famille aisée qui lui apportera la stabilité que sa mère n'aurait jamais pu lui donner, sans oublier son passage à Deadwood (les amateurs de la série apprécieront...), son expédition en territoire cheyenne...
L'ouvrage parvient habilement à passer outre les nombreuses exubérances de la légende de
Calamity Jane et à combler les toutes aussi nombreuses lacunes de son histoire pour nous proposer un portrait le plus réaliste possible de cette femme d'exception. Si on retrouve bien dans le récit les éléments clés du mythe «
Calamity Jane », les auteurs n'hésitent toutefois pas à mettre le doigt sur les incohérences ou les exagérations des histoires de la jeune femme, présentée comme ayant un peu trop souvent tendance à la vantardise. L'héroïne n'en reste pas moins très attachante, notamment grâce aux scènes visant à souligner son anticonformisme. Jane n'hésite pas à se vêtir comme un homme, jurer comme un charretier, boire comme un trou, ni exercer les métiers de serveuse aussi bien que d'éclaireur ou encore de convoyeur. Rester trop longtemps au même endroit semble être une véritable épreuve pour elle, ce qui la pousse, avec les meilleures intentions du monde, à laisser derrière elle les personnes auxquelles elle tient : ses frères et soeurs, d'abord (dont on apprend enfin ici le triste sort après son départ), sa fille ensuite, qu'elle a toute les peines du monde à abandonner mais qui représente néanmoins une « gêne » pour continuer à mener à bien sa vie aventureuse.
Comme dans le précédent volume, les auteurs profitent évidement de l'occasion pour également aborder certains des événements les plus marquants de l'époque, à commencer par la poursuite du plan de spoliation des territoires indiens par les blancs dans les années 1870. le lecteur curieux sera ainsi ravi d'en apprendre davantage sur les circonstances de la violation du traité de Fort Laramie de 1868 qui stipulait que les terres situées à l'ouest du fort éponyme appartenaient aux Indiens et interdisait par conséquent aux colons de s'y établir. Outre
Calamity Jane, l'ouvrage met également en scène d'autres personnalités réputées de l'époque. Parmi eux, il y a évidemment celui dont la jeune femme se revendique l'épouse, Wild Bill Hickok, célèbre homme de loi tour à tour adulé ou haï pour son habilité à manier la gâchette. On peut aussi citer le très controversé George Armstrong Custer, officier avide de gloire qui se « distingua » par le massacre d'Indiens à Wachita et dont la témérité et le manque de jugement entraînèrent la mort ainsi que celle de tous ses hommes.
Un second album à la hauteur du précédent grâce auquel on explore en détail la vie aventureuse de celle que tout le monde connaît aujourd'hui sous le surnom de «
Calamity Jane ». Un scénario soigné, des graphismes en noir et blanc particuliers mais possédant un certain charme et collant parfaitement au ton du récit : voilà une trilogie qui mérite le coup d'oeil !