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Citations sur La folie du jour (13)

Incipit :
Je ne suis ni savant ni ignorant. J'ai connu des joies. C'est trop peu dire : je vis, et cette vie me fait le plaisir le plus grand. Alors, la mort ? Quand je mourrai (peut-être tout à l'heure), je connaîtrai un plaisir immense, Je ne parle pas de l'avant-goût de la mort qui est fade et souvent désagréable. Souffrir est abrutissant. Mais telle est la vérité remarquable dont je suis sûr : j'éprouve à vivre un plaisir sans limite et j'aurai à mourir une satisfaction sans limite.
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Avec la raison, le souvenir me revint et je vis que même aux pires jours, quand je me croyais parfaitement et entièrement malheureux, j'étais, cependant, et tout le temps, extrêmement heureux. Cela me donna à réfléchir. Cette découverte n'était pas agréable. Il me sembla que je perdais beaucoup. Je m'interrogeai : n'étais-je pas triste, n'avais-je pas senti ma vie se fendre ? Oui, cela avait été ; mais, à chaque minute, quand je me levais et courais par les rues, quand je restais immobile dans un coin de chambre, la fraîcheur de la nuit, la stabilité du sol me faisaient respirer et reposer sur l'allégresse.
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Elle en venait à des paroles futiles : "la vérité, c'est que nous ne pouvons plus nous séparer. Je te suivrai partout, je vivrai sous ton toit, nous aurons le même sommeil."
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De la fosse de boue, je suis sorti avec la vigueur de la maturité. Avant, qu'étais-je ? Un sac d'eau, j'étais une étendue morte, une profondeur dormante. (Pourtant, je savais qui j'étais, je durais, je ne tombais pas au néant.) On venait me voir de loin. Les enfants jouaient à mes côtés. Les femmes se couchaient par terre pour me donner la main. Moi aussi, j'ai eu ma jeunesse. Mais le vide m'a bien déçu.
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Mais souvent je mourais sans rien dire. A la longue, je fus convaincu que je voyais face à face la folie du jour ; telle était la vérité : la lumière devenait folle, la clarté avait perdu tout bon sens ; elle m’assaillait déraisonnablement, sans règle, sans but. Cette découverte fut un coup de dent à travers ma vie.
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Je n'avais pas d’ennemis. Je n’étais gêné par personne. Quelquefois dans ma tête se créait une vaste solitude où le monde disparaissait tout entier, mais il sortait de là intact, sans une égratignure, rien n’y manquait. Je faillis perdre la vue, quelqu’un ayant écrasé du verre sur mes yeux. Ce coup m’ébranla, je le reconnais. J'eus l’impression de rentrer dans le mur, de divaguer dans un buisson de silex. Le pire, c’était la brusque, l'affreuse cruauté du jour ; je ne pouvais ni regarder ni ne pas regarder; Voir c’était l’épouvante, et cesser de voir me déchirait du front à la gorge. En outre, j’entendais des cris d’hyène qui me mettaient sous la menace d’une bête sauvage (ces cris, je crois,
étaient les miens).
Le verre ôté, on glissa sous les paupières une pellicule et sur les paupières des murailles d’ouate. Je ne devais pas parler, car la parole tirait sur les clous du pansement. «Vous dormiez», me dit le médecin plus tard. Je dormais! J’avais à tenir tête a la lumière de sept jours : un bel embrasement! Oui, sept jours ensemble, les sept clartés capitales devenues la Vivacité d’un seul instant me demandaient des comptes. Qui aurait imagine cela? Parfois, je me disais : « C’est la mort; malgré tout, cela en vaut la peine, c’est impressionnant. » Mais souvent je mourais sans rien dire. A la longue, je fus convaincu que je voyais face à face la folie du jour; telle était la vérité : la lumière devenait folle, la clarté avait perdu tout bon sens; elle m’assaillait déraisonnablement, sans règle, sans but. Cette découverte fut un coup de dent à travers ma vie.
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Quelquefois, je devenais furieux. On me disait : Pourquoi êtes-vous si calme ? Or, j'étais brûlé des pieds à la tête ; la nuit, je courais les rues, je hurlais ; le jour, je travaillais tranquillement.
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Je voulais voir quelque chose en plein jour ; j'était rassasié de l'agrément et du confort de la pénombre ; j'avais pour le jour un désir d'eau et d'air. Et si voir c'était le feu, j'exigeais la plénitude du feu, et si voir c'était la contagion de la folie, je désirais follement cette folie.
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J'ai pourtant rencontré des êtres qui n'ont jamais dit à la vie, tais-toi, et jamais à la mort, va-t'en. Presque toujours des femmes, de belles créatures.
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Je voulais voir quelque chose en plein jour; j’étais rassasié de l'agrément et du confort de la pénombre; j'avais pour le jour un désir d’eau et d’air. Et si voir c’était le feu, j’exigeais la plénitude du feu, et si voir c’était la contagion de la folie, je désirais follement cette folie.
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