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EAN : 9782070324750
376 pages
Gallimard (14/04/1988)
4.3/5   74 notes
Résumé :
Le livre de Maurice Blanchot n'est pas seulement un essai d'élucidation de la création littéraire et artistique, mais encore une recherche précise de ce qui est en jeu pour l'homme d'aujourd'hui, par le fait que «quelque chose comme l'art ou la littérature existe» : descente vers la profondeur, approche de l'obscurité, expérience de la solitude et de la mort.
L'auteur interroge les oeuvres de Mallarmé, de Kafka, de Rilke, de Hölderlin et de bien d'autres ; il... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Lu durant mes études, « L'espace littéraire » de Blanchot m'avait beaucoup frappée. Les réflexions de l'auteur m'avaient semblé décrire au plus près ce que doit être l'expérience de la création littéraire. En effet, Maurice Blanchot tente sans cesse de définir la littérature. C'est d'ailleurs cela qu'il recherche, écrivant, lisant, commentant Kafka, Sade ou Hölderlin.

Dans « L'espace littéraire » que je situe entre oeuvre philosophique et analyse littéraire, Blanchot évoque donc de nombreux auteurs et fait également référence au mythe d'Orphée pour illustrer ses propos. Cet espace littéraire, c'est celui-ci qui se déploie entre l'auteur, le lecteur et l'oeuvre, qui aboutit à l'avènement de la dernière. En effet, l'oeuvre ne peut exister que si elle écrite par l'écrivain et ensuite lue par un lecteur. Mais à cette configuration s'ajoute une seconde qui en est le reflet : sans oeuvre, il ne peut avoir ni écrivain ni lecteur : « Il est du lecteur comme du poète. Tous deux, poète et lecteur reçoivent [du poème] leur existence et sont fortement conscients de dépendre, dans leur existence, de ce chant à venir, de ce lecteur en devenir. »
Ainsi l'auteur présente sa réflexion sur la création littéraire autour du thème de l'oeuvre comme origine mais en réfléchissant aussi à la solitude de l'artiste et à l'inspiration.

« L'espace littéraire » est sûrement une des oeuvres les plus abouties sur l'exigence de l'écriture et le rapport de l'écrivain à l'oeuvre - ou inversement.
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Une très belle expérience pour moi que la lecture de ce livre. C'était mon premier Blanchot. Et après cette lecture je me suis directement dit, il ne sera pas son dernier livre. J'y découvre le grand Rilke pour la première fois. Je découvre aussi à quel point la création littéraire est exigeante. L'écriture est un acte sérieux, une résurrection infinie, une agonie. Un grand livre sur la création littéraire, la mort, la solitude... le chapitre "Le regard d'Orphée" est un exemple métaphorique de cette exigence. Un livre à relire.
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20 000 lieues sous la Littérature, pourrait-on l'appeler.
C'est le livre-recueil de Blanchot-Caron.

Pour des générations Blanchot reste un passeur incomparable chez ces étranges morts-vivants que sont les écrivains (des gens présents s'absentant par l'écriture et se présentant par l'absence, dit-il) et nous fait approcher les contrées de l'écriture moderne : Rilke, Mallarmé, Kafka, cela se poursuit dans le livre à venir, suite des chroniques de la NNRF rassemblées par Blanchot en livre-recueil (Bataille, Artaud, Woolf, Amiel, Robbe-Grillet, Henry James, Beckett, Hölderlin, Musil, Borges, Hesse, etc.). Une formidable découverte de l'étrange Dehors que serait l'écriture (plutôt que la littérature).



Blanchot-Caron, fait découvrir tout le royaume souterrain, nocturne, où Orphée-Ecrivain va chercher l'Eurydice-Littérature, et accepte de la perdre pour la porter au jour (je reste schématique). Oeuvre de désoeuvrement. La littérature est selon Blanchot l'histoire de ce deuil fondateur, de la « solitude essentielle » nécessaire à la création littéraire. Des pages très célèbres et très puissamment intrigantes sont consacrées à cette parabole du « Regard d'Orphée ». Car l'espace littéraire est aussi un regard sur la littérature confronté à son miroir : qu'est-ce qui fait que quelque chose comme la littérature est possible ? Qu'est-ce qu'écrire ?

Blanchot interroge différentes oeuvres, cherchant en chacune, comment elles répondent à cette question.



Blanchot l'Obscur, l'heideggerien, le nihiliste ? Tordez le cou à ces clichés. Lisez, enfin, ces textes qui se refuse à l'hermétisme comme à l'exotérique, puisqu' « il est peut-être naturel que l'art qui s'accouple à une énigme et se retire des formes ordinaires ne bénéficie pas des facilités de la réussite. Il n'y a rien de plus misérable que la banalisation des monstres ; la mise à portée de tous de ce qui est étrange, c'est-à-dire qui ne doit pas cesser de nous rester étranger. » (Maurice Blanchot, Henri Michaux, Farrago, 1999.) La littérature, si cela existe, perdure, c'est dans ce mouvement qui nous transporte sans cesse ailleurs, dans des territoires étranges, dans une langue dont le mystère et la part d'inconnu doit être préservée. Ce à quoi nous introduit Blanchot dans ce livre.
Lien : http://lucienraphmaj.wordpre..
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Même si ce fut une lecture obligatoire dans le cadre de mes études littéraires, j'ai apprécié les différentes réflexions de l'auteur en ce qui a trait à la création littéraire, à la réception des oeuvres par les lecteurs et à a littérature. Il le fait en commentant des oeuvres classiques d'auteurs reconnus, ce qui est encore plus motivant lorsque nous avons lu ces auteurs. le texte est tout de même plutôt difficile d'accès pour des personnes qui n'auraient pas étudié la littérature et surtout les théories de la littérature.
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Écrire, c'est entrer dans la solitude où menace la fascination. C'est se livrer au risque de l'absence de temps, où règne le recommencement éternel. C'est passer du Je au Il, de sorte que ce qui m'arrive n'arrive à personne, est anonyme par le fait que cela me concerne, se répète dans un éparpillement éternel.
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incipit :
Un livre, même fragmentaire, a un centre qui l'attire : centre non pas fixe, mais qui se déplace par la pression du livre et les circonstances de sa composition. Centre fixe aussi, qui se déplace, s'il est véritable, en restant le même et en devenant plus central, plus dérobé, plus incertain et plus impérieux. Celui qui écrit le livre l'écrit par désir, par ignorance de ce centre. Le sentiment de l'avoir touché peut bien n'être que l'illusion de l'avoir atteint ; quand il s'agit d'un livre d'éclaircissements, il y a une sorte de loyauté méthodique à dire vers quel point il semble que le livre se dirige ; ici, vers les pages intitulées "Le regard d'Orphée".
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Ecrire commence avec le regard d'Orphée, et ce regard est le mouvement du désir qui brise le destin et le souci du chant et, dans cette décision inspirée et insouciante, atteint l'origine, consacre le chant. Mais, pour descendre vers cet instant, il a fallu à Orphée déjà la puissance de l'art. Cela veut dire: l'on n'écrit que si l'on atteint cet instant vers lequel l'on ne peut toutefois se porter que dans l'espace ouvert par le mouvement d'écrire.
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La même situation peut encore se décrire ainsi l'écrivain ne lit jamais son oeuvre. Elle est, pour lui, l'illisible, un secret, en face de quoi il ne demeure pas. Un secret, parce qu'il en est séparé. Cette impossibilité de lire n'est pas cependant un mouvement purement négatif, elle est plutôt la seule approche réelle que l'auteur puisse avoir de ce que nous appelons oeuvre. L'abrupt Noli me legere fait surgir, là où il n'y a encore qu'un livre, déjà l'horizon d'une puissance autre. Expérience fuyante, quoique immédiate. Ce n'est pas la force d'un interdit, c'est, à travers le jeu et le sens des mots, l'affirmation insistante, rude et poignante que ce qui est là, dans la présence globale d'un texte définitif, se refuse cependant, est le vide rude et mordant du refus, ou bien exclut, avec l'autorité de l'indifférence, celui qui, l'ayant écrit, veut encore le ressaisir à neuf par la lecture. L'impossibilité de lire est cette découverte que maintenant, dans l'espace ouvert par la création, il n'y a plus de place pour la création — et, pour l'écrivain, pas d'autre possibilité que d'écrire toujours cette oeuvre. Nul qui a écrit l'oeuvre, ne peut vivre, demeurer auprès d'elle. Celle-ci est la décision même qui le congédie, le retranche, qui fait de lui le survivant, le désoeuvré, l'inoccupé, l'inerte dont l'art ne dépend pas. L'écrivain ne peut pas séjourner auprès de l'oeuvre il ne peut que l'écrire, il peut, lorsqu'elle est écrite, seulement en discerner l'approche dans l'abrupt Noli me legere qui l'éloigne lui-même, qui l'écarte ou qui l'oblige à faire retour à cet « écart » où il est entré d'abord pour devenir l'entente de ce qu'il lui fallait écrire. De sorte que maintenant il se retrouve à nouveau comme au début de sa tâche et qu’il retrouve à nouveau le voisinage, l’intimité errante du dehors dont il n’a pas pu faire un séjour.
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Peut-être nous rendons-nous les choses trop faciles, quand remontant le mouvement qui est celui de notre vie active, nous contentant de le renverser, nous croyons ainsi tenir le mouvement de ce que nous appelons art. (...) De même, nous aimons à dire que l'art ne reproduit pas les choses du monde, n'imite pas le "réel" et que l'art se trouve là où parti du monde commun, l'artiste en a peu à peu écarté ce qui est utilisable, imitable, ce qui intéresse la vie active. L'art semble alors le silence du monde ou la neutralisation de ce qu'il y a d'usuel et d'actuel dans le monde, comme l'image est l'absence d'objet.
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