"A travers les mots passait encore un peu de jour." Cette phrase extraite du livre résume assez bien ce que l'on ressent à la lecture de ce texte. J'en ai traversé les 120 pages dans une semi-obscurité, m'interrogeant souvent sur le sens de ces phrases énigmatiques.
Le livre, publié en 1962, est le reflet d'une époque où la littérature d'avant-garde s'est alors dépouillée d'une bonne partie de ses attributs traditionnels pour s'embarquer dans un voyage en compagnie de la psychanalyse ou de la linguistique. Cette littérature avant-gardiste est toute proche d'atteindre les limites de la lisibilité et de l'ennui et parfois les dépasse comme en témoigne ce livre.
Blanchot assemble une suite de fragments, qui souvent prennent la forme d'un dialogue entre un homme et une femme. De ces deux-là, on apprend peu de choses si ce n'est qu'ils se rencontrent fortuitement dans un hôtel et se retrouvent dans la chambre de monsieur où ils passent la nuit. Le texte est traversé par moments d'une tension érotique et parsemé de quelques rares indices narratifs récurrents mais la plupart du temps il apparaît comme une succession de phrases assez simples mais opaques, d'énoncés pleins de paradoxes défiant la logique du sens. Blanchot joue avec les mots, rassemble dans une même phrase ceux qui ont une racine commune (attention- attente ; différer- différent- indifférence). Le langage s'avère impuissant à rendre compte d'une réalité matérielle ou d'une vérité. Il renvoie à sa propre réalité autonome d'expression de la pensée ou de la mémoire.
pas vraiment une critique... plus un note de lecture : "ici, et sur cette phrase qui lui était peut-être destinée, il fut contrait de s'arrêter" commence "l'attente l'oubli" de Maurice Blanchot... Dans ce livre, Blanchot donne la parole à : " la Phrase", comme à un sujet... c'est à dire qu'il fait "parler" la phrase... il l'interroge, elle lui répond... Phrase qui peut lui répondre par exemple "... mais je ne dirai rien, sachez le. Ce que je dis n'est rien"... j'ai pigé ça grâce à ma lecture de son cours texte "la bête de Lascaux" où il parle, entre autre, du Phèdre de Platon à qui l'arrivée de l'écriture pose soucis et pour qui l'écriture ne permet pas d'échange... Finalement Blanchot est comme Barthes qui a " une maladie je vois l'écriture"... mais lui en plus, se permet un travail imaginaire sur la réponse de celle-ci... Génial et poétique!
un article plus érudit ici :
http://narratologie.revues.org/6572
Ce livre de Blanchot est une longue prose poétique et fragmentaire qui raconte l'attente et l'oubli au sein d'une chambre d'hôtel. Un dialogue entre un homme et une femme qui attendent, s'attendent? On reste dans le flou de la poésie.
C'est très bien écrit, c'est beau (mais ennuyeux à la longue et, malgré les multiples passages relevés et qui m'ont touchée, je ne suis pas parvenue à arriver au bout de ma lecture).
Attente, se rendre attentif à ce qui fait de l’attente un acte neutre, enroulé sur soi, serré en cercles dont le plus intérieur et le plus extérieur coïncident, attention distraite en attente et retournée jusqu’à l’inattendu. Attente, attente qui est le refus de rien attendre, calme étendue déroulée par les pas…
..
La mort, considérée comme un évènement attendu, n’est pas capable de mettre fin à l’attente. L’attente transforme le fait de mourir en quelque chose qu’il ne suffit pas d’attendre pour cesser d’attendre…. Celui qui vit dans l’attente voit venir à lui la vie comme le vide de l’attente et l’attente comme le vide de l’au-delà de la vie..
...
Nous n’allons pas vers l’oubli, pas plus que l’oubli ne vient à nous, mais soudain l’oubli a toujours déjà été là, et lorsque nous oublions, nous avons toujours déjà tout oublié : nous sommes, dans le mouvement vers l’oubli, en rapport avec la présence de l’immobilité de l’oubli
Il sait qu'il y a une certaine coïncidence entre le lieu et l'attention. C'est un lieu d'attention. L'attention ne sera jamais dirigée vers lui, y séjournerait-il éternellement. Mais il ne désire pas non plus être l'objet de cette attention.
Il y a un certain froid bonheur à demeurer, ignoré, auprès d'une extrême attention impersonnelle.
L'attention ignore tout de lui, il ne la ressent que par l'infinie négligence dans laquelle elle le tient, mais, avec une extrême délicatesse et par de constants contacts insensibles, elle a toujours déjà détaché de lui lui-même et le rend libre pour l'attention qu'il devient un instant.
Il se demanda si la solitude n'est pas liée à sa présence, non pas directement, mais parce qu'elle l'obligerait, sans qu'il puisse jamais y parvenir tout à fait, à vivre d'une manière impersonnelle. Quand il la touchait et l'attirait d'un mouvement auquel elle consentait aussitôt, il savait pourtant que leurs deux images restaient à une certaine distance l'une de l'autre, une faible distance qu'il ne perdait pas l'espoir de réduire encore un peu.
"Tu ne trouveras pas les limites de l'oubli, si loin que tu puisses oublier."
Il lui semblait, tant il l'épiait, qu'elle reculait insensiblement et l'attirait dans son mouvement de retrait. Ils se retiraient l'un et l'autre, immobiles, laissant la place à leur immobilité. Etendus l'un contre l'autre, et quand elle s'écarte, ressaisie; écartée, se refermant sur lui; à distance sans distance, la touchant ne la touchant pas.
Qui chantait ceci en 1977? On a tous dans le coeur une petite fille oubliée Une jupe plissée, queue de cheval, à la sortie du lycée On a tous dans le cœur un morceau de ferraille usé Un vieux scooter de rêve pour faire le cirque dans le quartier Et la petite fille chantait (et la petite fille chantait) Et la petite fille chantait (et la petite fille chantait) Un truc qui me colle encore au cœur et au corps Everybody's doing a brand-new dance now Come on babe do the locomotion I know you gonna like it if you give it a chance now Come on babe do the locomotion